[Infoligue] Cœurs de cible
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 29 Nov 17:32:11 CET 2013
Cœurs de cible
Publié par : LE MONDE
Le : 29.11.2013
Par Olivier Razemon
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« En trois minutes, faites le point sur votre cœur. Êtes-vous une femme
? Un homme ? Quel âge avez-vous ? Êtes-vous sujet à des difficultés
sexuelles ? Déjeunez-vous le plus souvent au restaurant, chez vous ou
d'un sandwich ? »
Rien ne vaut une série de questions pour capter l'attention du chaland.
Une visite sur le site de la Fédération française de cardiologie, qui
regroupe des cardiologues et des bénévoles engagés dans la réduction des
maladies cardio-vasculaires, se transforme rapidement en consultation
médicale.
Quand le résultat du « test » tombe, le quidam est invité à laisser son
adresse mail. La fédération l'informera régulièrement et lui proposera,
à l'occasion, d'effectuer des dons. « Sur 250 000 visiteurs, plus de 100
000 se sont “autotestés” en ligne. On les prospecte pour des collectes
», signale le publicitaire Laurent Terrisse, de l'agence Limite. Le «
coup du test », ça marche. La preuve, « la générosité de ces
sympathisants est double par rapport à celle des personnes ciblées par
le marketing direct traditionnel », précise le spécialiste.
VIEILLES DAMES ET JEUNES RETRAITÉS DYNAMIQUES
Les donateurs ont changé. La vieille dame qui signait tous les ans un
chèque du même montant à l'association de son cœur est désormais
concurrencée par le jeune retraité dynamique, hyperinformé et zappeur.
La limite entre les deux générations, qui s'établissait autour de la
soixantaine au début des années 2000, est logiquement montée à 70 ans.
En 2011, la société microDON a permis à une trentaine de supermarchés de
la région parisienne de mettre en place des opérations de générosité en
caisse au profit d'associations locales.
La nouvelle génération, plus alerte, « choisit sa cause au cas par cas,
demande des preuves et de la considération », souligne M. Terrisse. Mais
aussi des avantages fiscaux. Le site Aquidonner.com a été conçu pour ces
zappeurs. Le donateur potentiel choisit le type de cause qu'il veut
aider, le lieu d'action (France ou monde) ou encore la sensibilité du
mouvement, laïque, chrétienne ou musulmane. Un moteur de recherche
fournit immédiatement quelques résultats, avec, pour chaque structure,
son action principale, le public visé et le montantde la réduction d'impôts.
De nouvelles méthodes émergent. Le Secours populaire récolte des dons
grâce à « l'arrondi », une méthode mise au point par la société
microDON, qui se réclame de l'« économie solidaire » : au supermarché,
sur un bulletin de salaire ou un relevé bancaire, lors d'achats en
ligne, la somme est arrondie à l'euro supérieur, et les centimes
additionnels versés à une cause.
STRATÉGIES MARKETING VARIÉES
Face à tant d'ingéniosité, certains responsables associatifs, élevés à
l'ancienne école, cherchent encore leurs marques. « Beaucoup
d'associations distinguent encore leur service marketing, qui s'adresse
à leurs donateurs traditionnels, de leur service communication, destiné
au grand public », constate M. Terrisse. D'autres, à l'instar de la
Croix-Rouge qui affuble ses collecteurs de la coiffe blonde d'Adriana
Karembeu, ont compris qu'à l'heure des réseaux sociaux et de la
surinformation, on s'adresse à tout le monde en permanence.
Ces stratégies s'entrechoquent dans les pages du mensuel Le Revenu
(ex-Le Revenu français), consacré aux placements financiers. Au mois de
mai, juste avant les déclarations d'impôts sur les grandes fortunes, «
on y trouve à la fois des encarts publicitaires qui mettent en scène le
donateur, adoptant un discours de banque d'affaires, des réclames
classiques, usant les mots-valises de “solidarité” et de “générosité”,
et même des coupons-réponses à découper », s'amuse M. Terrisse.
Mais l'arbitrage entre la vitalité des papy-boomers et le rituel des
mamies n'est pas facile. Car les trois quarts des dons s'effectuent
encore par chèque, même si la proportion diminue chaque année. Selon un
récent « baromètre » effectué par l'IFOP pour l'agence Limite, seuls 27
% des Français déclarent avoir fait un ou plusieurs dons par Internet en
2012. Les associations ne veulent bousculer personne, ayant en ligne de
mire le legs, ce don final qui peut valoir à lui seul des années
entières de collectes au feu rouge.
Le renouvellement des donateurs finira-t-il par emporter les
associations les plus traditionnelles ? Rien n'est moins sûr. Le don
demeure, envers et contre tout, l'apanage des contribuables les plus
âgés, ceux qui disposent de revenus réguliers.
Olivier Razemon
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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