[Infoligue] Emplois d'avenir dans le sport : les incompréhensions ne sont pas toutes levées

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 3 Oct 08:51:06 CEST 2013


Emplois d'avenir dans le sport : les incompréhensions ne sont pas toutes 
levées

Publié par : http://www.localtis.info
Le : mardi 1 octobre 2013

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Actualité oblige, les réflexions des participants à la conférence 
inaugurale des septièmes Rencontres nationales de l'emploi sportif et de 
loisirs, organisées par la fédération Profession sport et loisirs les 25 
et 26 septembre à Anglet, ont essentiellement porté sur les emplois 
d'avenir. Le moins que l'on puisse dire est que, si le déploiement du 
dispositif va bon train, de nombreux acteurs du monde sportif demeurent 
circonspects quant à son utilité dans leur domaine.

Avec 8.000 contrats emplois d'avenir signés à l'heure actuelle dans le 
champ de compétences du ministère des Sports, de la Jeunesse, de 
l'Education populaire et de la Vie associative, le bilan chiffré est 
bon. L'objectif de 15.000 signatures à la fin 2014 – soit 10% de 
l'ensemble des contrats – demeure largement à la portée de la ministre 
Valérie Fourneyron. Le pari était cependant risqué en début d'année. Au 
moment du lancement du dispositif, le Comité national olympique et 
sportif français (CNOSF) avait émis quelques réserves sous une critique 
générale : le mouvement sportif a besoin de personnes capables de tirer 
les associations vers le haut, vers la professionnalisation de ses 
structures, plutôt que d'associations tirant des personnes non formées 
derrière elles.

Métiers du sport et métiers dans le sport

A Anglet, Frédéric Delannoy, conseiller sport chargé de l'emploi et de 
la formation au cabinet de Valérie Fourneyron, a d'entrée resitué le 
débat : "Les réticences du CNOSF n'étaient pas tant liées à une distance 
sociale qu'à une absence de qualification. Or avec le sport, nous sommes 
dans un champ de professions réglementées qui exigent un diplôme pour 
pouvoir exercer." Selon lui, l'un des défis spécifiques et quelque peu 
kafkaïens des emplois d'avenir dans le sport consisterait donc à faire 
travailler des gens tout en leur assurant la formation qui leur 
permettrait de travailler… "On est sorti de cette affaire avec plusieurs 
pistes, explique Frédéric Delannoy. La première revient à considérer que 
tous les métiers du sport ne sont pas que des métiers d'encadrement." 
Autrement dit, on peut travailler dans le champ du sport et aider une 
association à se professionnaliser sans pour autant occuper un poste 
directement lié au sport. "On a tous connu l'époque où l'entraîneur 
faisait aussi le secrétariat, a commenté Didier Besseyre, président de 
la Fédération française du sport d'entreprise. Ce modèle s'est terminé 
il y a une vingtaine d'années avec l'apparition d'éducateurs sportifs 
diplômés. Pour de la valeur ajoutée technique, il faut quelqu'un de 
diplômé, mais sur de la gestion de planning ou de la mise en relation, 
il n'est pas nécessaire d'avoir un brevet d'Etat." Un certain nombre de 
fédérations se sont ainsi mobilisées sur des métiers dans le sport qui 
ne sont pas des métiers du sport et de l'encadrement, à l'image de la 
Fédération française de football qui s'est engagée à créer mille emplois 
dans des domaines très divers : encadrement sportif, bien entendu, mais 
également accueil, administration et comptabilité, médiation sociale, 
entretien d’installations et gestion d’équipements ou sécurité.

Des formations innovantes au cœur de la réussite

"Le deuxième point, a poursuivi Frédéric Delannoy, consistait à se 
mettre en ordre de marche en termes de formation de manière à pouvoir 
répondre à cette demande. Nous sommes encore au travail et nous avançons 
pour que les systèmes de formation permettent aux personnes de se former 
tout en étant en situation de travail. Nous sommes sur des formations en 
alternance." Autre enjeu de la formation indispensable pour accompagner 
les jeunes en emploi d'avenir : préparer l'avenir du jeune, mais aussi 
celui de son employeur. "La structure doit accompagner ces personnes 
dans une logique de tutorat avec une vision d'innovation. Dans les 
collectivités territoriales, on doit insister en se disant qu'on va 
peut-être embaucher des emplois d'avenir dans un cadre tutorial de 
formation, non pas pour créer une place mais pour faire des choses qu'on 
ne pouvait pas faire ou développer des concepts nouveaux", a plaidé Guy 
Mondorge, vice-président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, 
chargé du sport. Pour le sociologue Olivier Bessy, professeur à 
l'université de Pau, ces concepts nouveaux s'articulent autour de la 
notion de développement territorial intégré, intelligent et durable : 
"Il ne faut pas fonctionner dans une approche trop sectorielle, ce dont 
le sport a beaucoup souffert. Pour développer de l'emploi sur un 
territoire aujourd'hui, il faut envisager des collaborations avec le 
secteur du tourisme, de l'environnement, de la culture. Les emplois 
d'avenir s'inscrivent parfaitement dans ce dispositif." En Aquitaine, 
une institution sportive de premier plan – le Creps de Bordeaux (centre 
de ressources, d'expertise et de performance sportives) – planche déjà 
sur des formations destinées aux jeunes en emplois d'avenir qui 
porteront tant sur les métiers de l'éducation populaire que sur ceux du 
sport. Ces diplômes feront de leurs titulaires non des spécialistes 
d'une activité mais des promoteurs de différentes activités afin 
d'"opérer la mutation dans le monde de l'animation du sport et du 
loisir", a confié Michel Barjou, coordonnateur de formations au Creps de 
Bordeaux. Les premières sessions sont prévues pour janvier 2014.

Sur le terrain, un dispositif insatisfaisant

Ce tableau quasi idyllique a toutefois été écorné par plusieurs 
interventions venues de la salle. Jean-Dominique Beucher, du comité 
départemental olympique et sportif (CDOS) du Lot-et-Garonne, a ainsi 
regretté que le bac soit un obstacle à l'obtention d'un emploi d'avenir, 
provoquant un long murmure d'approbation dans la salle : "Ici, tout le 
monde se tape sur le ventre et se félicite des emplois d'avenir. Nous 
avions un demandeur d'emploi qui avait le malheur d'avoir le bac et 
n'habitait pas dans une zone sensible, son contrat a été refusé par la 
mission locale, pourtant cette personne avait les compétences pour 
travailler avec nous. Je trouve cela un peu difficile à avaler." Dans la 
même veine, l'association Profession sport de la Nièvre admet que si 
cinq contrats d'apprentissage ont récemment été conclus dans son 
ressort, aucun emploi d'avenir n'a pu être engagé : "On a voulu en 
mettre en place, les emplois d'avenir se sont transformés en CUI 
(contrat unique d'insertion). Nous n'avons pas de jeunes qui rentrent 
dans les critères. A quand une mesure exceptionnelle ?", a lancé son 
représentant à Frédéric Delannoy. Par sa réponse, le conseiller de 
Valérie Fourneyron a douché bien des espoirs : "On ne va pas tourner 
autour du pot, les emplois d'avenir ne sont pas faits pour ça. Nous 
sommes exclusivement sur la remise dans le circuit de jeunes totalement 
éloignés de l'emploi et sans qualification. Même si la mesure crée des 
insatisfactions, il n'y aura pas de retour en arrière." Face à ces 
critiques venues du terrain, les emplois d'avenir sont tout de même 
nombreux dans le sport. Reste à savoir à quoi correspondent les contrats 
signés en termes qualitatifs : qui emploie qui ? pour faire quoi ? Cette 
analyse doit être faite par Profession sport et loisir à compter de 
janvier 2014.


Jean Damien Lesay

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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