[Infoligue] Organisation territoriale : clarification des compétences et affirmation des régions au coeur de la réforme
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 25 Avr 09:40:44 CEST 2014
Organisation territoriale : clarification des compétences et affirmation
des régions au coeur de la réforme
Publié par : http://www.localtis.info
Le : jeudi 24 avril 2014
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Seconde étape de la réforme des structures territoriales (après la loi
sur les métropoles du 27 janvier 2014), le "projet de loi de loi
clarifiant l'organisation territoriale de la République" vient d'être
soumis au Conseil d'Etat, dans l'objectif d'une présentation en Conseil
des ministres le 14 mai prochain. Ce texte, que Localtis s'est procuré,
porte la marque du nouvel hôte de Matignon. On y retrouve les trois
grands défis fixés par Manuel Valls dans sa déclaration de politique
générale, le 8 avril dernier : le renforcement des compétences et de la
taille des régions, la suppression des conseils départementaux à
l'horizon de 2021 et la montée en puissance et en taille des
intercommunalités. Le projet de loi reprend par ailleurs un certain
nombre des dispositions des deuxième et troisième volets du triptyque
présenté en avril 2013. Tour d'horizon des principales mesures et
nouveautés.
Renforcement des régions
Les régions auront le "premier rôle" dans le soutien au développement
économique (soutien aux PME et aux entreprises de taille intermédiaire,
soutien à l'innovation, aux exportations et aux entreprises en
difficulté). Comme leurs élus le demandaient, les communes et les
intercommunalités à fiscalité propre demeureront compétents en matière
d'aides à l'immobilier d'entreprise (à condition de respecter le schéma
régional). Les régions seront responsables de l'animation des pôles de
compétitivité. Par ailleurs, elles deviendront responsables des
transports non urbains routiers à compter du 1er janvier 2016.
L'organisation et le fonctionnement des transports scolaires leur seront
transférés à partir du 1er septembre 2016. Enfin, désignée chef de file
en matière de tourisme, la région élaborera un schéma régional de
développement touristique.
Evolution de la carte des régions
Le Premier ministre souhaite une réduction par deux du nombre des
régions. Le projet de loi n'affiche pas cet objectif, mais fixe aux
régions de métropole (sauf la Corse) une taille minimum de deux millions
d'habitants. Les régions devront faire des propositions de modification
de la carte au gouvernement avant le 30 juin 2015 (soit trois mois après
les élections régionales). Les fusions seront possibles si les
assemblées régionales concernées le décident ensemble. Celles-ci
pourront consulter les électeurs par référendum, sans en avoir
l'obligation. Dans ce cas, "le résultat de la consultation sur le projet
de regroupement sera apprécié dans chaque région concernée, à la
majorité des suffrages exprimés". Si les régions ne prennent pas
d'initiative, ou si le gouvernement ne donne pas suite à leurs
propositions, ce dernier imposera sa carte, avant le 31 mars 2016. Cette
carte prévoira de regrouper des régions entre elles et/ou de leur
rattacher de nouveaux départements. La nouvelle carte des régions dans
son ensemble sera déterminée par une loi qui sera adoptée avant le 1er
janvier 2017.
Pouvoir normatif régional
Pour l'exercice de ses compétences, le conseil régional disposera d'un
pouvoir réglementaire dont la loi "définira l'étendue pour chaque
compétence". En outre, par délibérations concordantes, deux conseils
régionaux au moins pourront présenter au préfet de région et au Premier
ministre des propositions "pour modifier ou adapter des dispositions
législatives ou réglementaires en vigueur ou en cours d'élaboration
concernant les compétences, l'organisation et le fonctionnement de
l'ensemble des régions".
Simplification de la planification
Les régions élaboreront essentiellement deux schémas. L'un traitera du
développement économique, de l'innovation et de l'internationalisation.
Pour le territoire d'une métropole, le schéma régional de développement
économique devra être élaboré et approuvé conjointement par la région et
la métropole. Reste à savoir si le schéma de développement du tourisme
sera partie intégrante ou distinct du schéma de développement économique.
L'autre grand schéma portera sur l'aménagement et le développement
durable des territoires et comportera des sous-parties dédiées à
l'énergie, au climat, à l'air, aux mobilités, aux déchets... Le schéma
aura un caractère prescriptif. Cela signifie qu'il s'imposera aux
documents d'urbanisme élaborés par les communes ou leurs groupements
(schémas de cohérence territoriale, plans locaux d'urbanisme). En vue de
l'élaboration de ce document, le conseil régional mènera une
concertation "importante" avec "l'Etat, les principales collectivités
concernées, leurs groupements ainsi que les chambres consulaires".
Avenir du département
L'exposé des motifs affirme qu'"un débat" aura lieu "sur les modalités
de suppression des conseils départementaux à l'horizon 2021". D'ici là,
le projet de loi allège les compétences des départements au profit des
régions et des métropoles. Mais il reconnaît la responsabilité des
départements en matière d'action sociale et les rend responsable des
"solidarités territoriales". Ils seront chargés avec l'Etat d'élaborer
le schéma d'amélioration de l'accessibilité des services (après avis des
collectivités). Leur mission d'assistance technique au bénéfice des
communes et EPCI sera reconnue et renforcée juridiquement.
Clause générale de compétence
La loi de réforme des collectivités territoriales du 16 décembre 2010
supprimait à l'horizon de 2015 la clause générale de compétence des
départements et des régions. La loi de modernisation de l'action
publique territoriale du 27 janvier 2014 l'a rétablie. Le gouvernement
fait aujourd'hui volte-face : la possibilité pour les départements et
les régions d'intervenir en dehors de leurs compétences principales doit
de nouveau disparaître. Mais, la règle va connaître des exceptions.
D'abord, la région pourra intervenir en matière de logement et
d'habitat, ainsi que dans les domaines de la politique de la ville et de
la rénovation urbaine. Ensuite, le département pourrait, à la faveur de
son nouveau rôle de garant des solidarités territoriales (qui intervient
notamment dès lors qu'il est constaté une carence de l'initiative privée
pour satisfaire les besoins de la population), retrouver dans une
certaine mesure les facultés que lui ouvre aujourd'hui la clause
générale de compétence. Enfin, on notera que la culture, le sport et le
tourisme resteront des compétences partagées. Toutes les catégories de
collectivités pourront agir dans ces domaines. Seule limite, dans le
tourisme, où le schéma régional devra être respecté. Un guichet unique
pour la réception des demandes et la délivrance des aides pourra être
instauré dans ces domaines.
Cofinancements
Ceux-ci seront davantage encadrés du fait de la suppression de la clause
générale de compétence des régions et départements. En outre, le texte
est clair : la région n'aura plus "la possibilité de contribuer au
financement d'opérations d'intérêt régional des autres collectivités et
groupements en dehors de ses compétences". En revanche, au titre de sa
responsabilité en matière de solidarité territoriale, le département
pourra continuer à financer des projets des communes et de leurs
groupements.
Renforcement et rationalisation de l'intercommunalité
Les intercommunalités devront s'agrandir afin de correspondre aux
bassins de vie. Les EPCI à fiscalité propre devront regrouper au moins
10.000 habitants (au lieu de 5.000 aujourd'hui). Il sera procédé à une
réduction du nombre des syndicats intercommunaux d'ici au 1er janvier
2018. Pour cela, les pouvoirs des préfets sont renforcés.
Les communautés de communes et d'agglomération exerceront à partir du
1er janvier 2017 davantage de compétences obligatoires et optionnelles.
Les métropoles exerceront sur leur territoire plusieurs compétences
aujourd'hui exercées par les départements. Pour cela, la métropole
signera une convention avec le département avant le 1er janvier 2017. Le
document définira quelles sont les compétences concernées et s'il s'agit
d'une délégation, ou d'un transfert. A défaut de convention, des
compétences seront automatiquement transférées à la métropole.
Le projet de loi contient encore des dispositions sur la transparence et
la responsabilité financières des collectivités territoriales, ainsi que
sur la lutte contre "la fracture numérique". Un titre entier est par
ailleurs consacré à des mesures concernant les agents territoriaux et de
l'Etat.
Le Sénat devrait examiner le projet de loi en première lecture en juin
ou en juillet prochains.
Thomas Beurey / Projets publics
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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