[Infoligue] Rythmes scolaires : comment le gouvernement veut assouplir la réforme
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 25 Avr 09:20:59 CEST 2014
Rythmes scolaires : comment le gouvernement veut assouplir la réforme
Publié par : Le Monde.fr
Le : 25.04.2014
Par : Maryline Baumard
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Deux ans d’opposition se solderont-ils dans deux pages de texte ? Jeudi
25 avril, en fin d’après-midi, après une semaine d’aller-retour entre
Matignon et la rue de Grenelle, le premier ministre, Manuel Valls, et le
ministre de l’éducation nationale, Benoît Hamon, se sont mis d’accord
sur les termes d’un « décret portant autorisation d’expérimentations
relatives à l’organisation des rythmes scolaires dans les écoles
maternelles et élémentaires. »
Le texte Peillon du 24 janvier 2013 est maintenu et reste la règle,
avec, par semaine, ses neuf demi-journées de classe pour un total de 24
heures hebdomadaires de classe et de trois heures d’activités périscolaires.
Mais il sera désormais possible d’expérimenter un autre modèle
d’organisation pour trois années, à condition de déposer son projet
avant le 6 juin. Quelques conditions ont été imposées afin d’éviter que
des avatars de la semaine de quatre jours ne reviennent déguisés.
VOIE OUVERTE POUR DES AMÉNAGEMENTS
Ainsi, « ces adaptations ne peuvent avoir pour effet de répartir les
enseignements sur moins de huit demi-journées par semaine comprenant au
moins cinq matinées, ni d’organiser les heures d’enseignement sur plus
de 24 heures hebdomadaires, ni sur plus de six heures par jour et trois
heures trente par demi journée», précise le texte, qui est adressé
vendredi 25 avril aux organisations syndicales pour consultation, et
devrait être publié mi-mai après les discussions en réunion paritaire.
Ce jargon législatif autorise en fait à libérer un après-midi entier
pour les activités périscolaires. C’était une demande exprimée en zone
rurale, où il était difficile de recruter un animateur pour un atelier
très court. Il permet aussi de faire indifféremment le choix du samedi
matin de classe ou du mercredi mais oblige, dans tous les cas, aux 5
matinées par semaine.
Il ouvre surtout à des aménagements plus conséquents. Ainsi, une commune
qui préfèrerait rogner sur ses vacances d’été et limiter la semaine des
enfants à 20 heures de classe toute l’année pourra désormais le faire à
condition de respecter les 5 matinées par semaine, les huit
demi-journées de classe et les 864 heures sur l’année.
LE PRINCIPAL SYNDICAT N'A PAS EU GAIN DE CAUSE
A la rentrée 2013, seules 15 % des communes avaient franchi le pas.
Parmi les restantes, 94 % ont aujourd’hui déposé un projet « classique
», les autres étant dans la résistance ou en grande difficulté. Le texte
ne résoudra pas le cas des villes qui s’opposent à la réforme pour des
raisons politiques.
En revanche, il apporte une souplesse à beaucoup de celles qui n’étaient
pas passées à la semaine de quatre jours, mais auraient dû tordre leur
aménagement pour l’intégrer au cadre du décret Peillon.
Ce nouveau texte donne raison aux réformateurs de l’école qui avaient
soutenu le projet Peillon en expliquant souvent qu’il ne tenait pas
assez compte de tous les aléas du terrain. Depuis l’arrivée de Benoît
Hamon, ils ont beaucoup fait entendre leur voix. En revanche, le SNUipp,
principal syndicat du premier degré, qui demande la réécriture du décret
depuis deux ans, n’a pas eu gain de cause. En dépit des accointances
naturelles du nouveau ministre de l’éducation, Benoît Hamon, avec la FSU
du fait de son positionnement à la gauche du PS, il ne leur a pas donné
raison.
Si le décret a le double mérite de conserver l’esprit de son initiateur
tout en prenant en compte les difficultés du terrain, il recrée aussi
potentiellement une France à plusieurs vitesses. Parce qu’il autorise
certaines communes à raccourcir les vacances pour alléger la semaine
scolaire, il peut contribuer à recréer des calendriers scolaires
différents sur le territoire. Une situation qui a déjà existé dans le
pays puisqu’avant que la semaine de quatre jours ne soit transformée en
règle quasi absolue à la rentrée 2008 par Nicolas Sarkozy, alors chef de
l’Etat, 20 % des écoliers français avaient opté pour ce système et
récupéraient les jours de classe manquant à leur calendrier en rentrant
plus tôt au mois d’août et en rognant parfois les petites vacances.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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