[Infoligue] Oui, les jeunes s'intéressent à la politique et oui, ils veulent qu'on les entende

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 14 Fév 09:41:29 CET 2014


Oui, les jeunes s'intéressent à la politique et oui, ils veulent qu'on 
les entende

Publié par : http://www.localtis.info
Le : jeudi 13 février 2014

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Les jeunes ont une conscience politique même si elle ne s'exprime pas 
dans les lieux traditionnels, à savoir les urnes. Ils s'investissent - 
et souhaitent le faire davantage - dans la vie locale, et surtout 
veulent qu'on entende leur voix. C'est en résumé ce que nous apprend la 
sixième enquête de l'Observatoire de la jeunesse solidaire de l'Afev.

Loin des poncifs entendus, et attendus, la politique est une chose 
importante dans la vie des jeunes (48% des 15-17ans s'y intéressent, 46% 
des 18-21 ans et 53% des 25-30 ans), révèle un sondage effectué auprès 
d'un échantillon de 500 jeunes de 15 à 30 ans représentatif de la 
population, dans le cadre de la sixième enquête de l'Observatoire de la 
jeunesse solidaire de l'Afev (1) consacrée cette année au thème de la 
place des jeunes dans la société. S'ils ne votent pas systématiquement 
aux élections municipales et présidentielles quand ils en ont l'âge (19% 
des moins de 25 ans n'ont pas voté aux élections de 2012), la 
participation électorale est importante puisque 75% des jeunes ont déjà 
voté, toutes formes de participation confondues telles que les élections 
de délégués de classes, précise l'enquête.

Une conscience politique au quotidien

"On est bien loin d'une génération abstentionniste" en déduit le délégué 
interministériel à la jeunesse, Mikaël Garnier Lavalley, un des experts 
qui a réagi aux résultats de l'étude. En effet leur participation à la 
politique ne se joue pas seulement dans les urnes : 28% des interrogés 
ont déjà participé à une manifestation (37% des 15-17 ans), 49% ont déjà 
signé une pétition, 20% ont utilisé les réseaux sociaux pour relayer des 
campagnes militantes et 20% ont déjà fait grève.

La conscience politique ne se joue plus uniquement selon des règles 
précises (seulement 7% des jeunes sont engagés dans un parti politique 
et 5%, dans un syndicat), mais dans des actes au quotidien comme 
"consommer local" ou "éthique" (7 jeunes sur 10 disent s'engager dans 
des modes de consommation responsable), s'investir dans l'associatif (6 
sur 10 apportent une aide concrète ou un don à une association), aller 
chercher de l'information (la télévision demeure pour les jeunes le 
média d'influence). "Tout ça c'est un acte politique !" témoigne l'un 
des jeunes de 24 ans interrogés.

Les jeunes sont donc engagés avant tout dans des actions de proximité et 
à une échelle locale. Alors, comment les motiver à s'investir 
davantage... notamment dans les urnes ? Qu'attendent-ils en fait des 
politiques pour renouveler le fonctionnement de la démocratie, comment 
pensent-ils être davantage impliqués puisque 1 jeune sur 3 (près de 40% 
des 25-30 ans) ne se retrouve dans aucune offre politique ?

Les conseils de jeunes plébiscités

Engagés en politique ? Non pas vraiment. Mais au quotidien et 
localement, oui. Alors puisque "les jeunes veulent être utiles", la 
première proposition des 15-30 ans pour renouveler la démocratie porte 
sur la création de lieux de participation et de dialogue dans leur 
collectivité (villes, communautés de communes, départements, régions). 
84% des jeunes plébiscitent les conseils de jeunes pour améliorer la 
démocratie, 78% d'entre eux en appellent à des espaces d'explications 
sur la vie politique à l'école. "Les intérêts des jeunes ne sont pas du 
tout défendus, il n'y a pas de lieux d'expression et de débats pour les 
jeunes", témoigne une jeune femme de 21 ans. "Nous n'avons jamais 
vraiment eu le temps à l'école de faire de l'éducation civique", 
renchérit une autre.
"Cet appel à une forme de socialisation politique à l'école doit être 
entendu", recommande Céline Braconnier, professeur de sciences 
politiques à l'université de Cergy-Pontoise qui a également réagi à 
l'enquête. "A ce titre, l'acte II de la vie lycéenne sur lequel 
travaille le ministère de l'Education nationale peut jouer un rôle 
décisif : plus de possibilités d'engagement, plus d'espaces 
d'explication, une inscription de l'apprentissage dans les programmes 
mais aussi le développement du service civique. Les jeunes doivent 
s'exprimer et être écoutés", commente de son côté Mikaël 
Garnier-Lavalley devant ce désir d'espaces d'explication de la vie 
politique à l'école.

Que leur voix compte

Une autre proposition avancée par les jeunes interrogés concerne les 
démarches administratives pour voter, qu'ils espèrent voir simplifiées 
(2) (pour 75% d'entre eux, notamment car ils sont davantage mobiles et 
amenés à déménager). Ce droit de vote, ils ne jugent pas prioritaire de 
le voir ramené à 16 ans comme il en a été question encore ces dernières 
semaines : 22% seulement de l'ensemble des interrogés pensent en effet 
que le droit de vote à 16 ans est un moyen de renouveler la démocratie 
(33% des 15-17 ans). Une réaction en phase avec certains intervenants. 
"On peut faire le pari qu'une telle mesure n'aurait pour seule 
conséquence qu'un accroissement de l'abstention", affirme Marc-Olivier 
Padis, entre autres membre fondateur du think tank Terra Nova, qui 
réagit également au sondage.

Viennent ensuite, dans leurs préoccupations, le fait de pouvoir 
contacter facilement un homme  ou une femme politique (74% des jeunes), 
la limitation dans le temps du nombre de mandat (73% des jeunes) ou la 
réservation de sièges d'élus aux catégories issues des minorités et aux 
femmes (73%). Leur demande de reconnaissance du vote blanc (pour 72% des 
jeunes) vient d'être satisfaite puisque le Parlement a définitivement 
adopté mercredi 12 février la proposition de loi centriste visant à 
reconnaître le vote blanc (voir notre article ci-contre). Elle entrera 
en vigueur le 1er avril, au lendemain des élections municipales.

Devenir des acteurs conscients

Bien qu'intéressés par la politique, le sentiment de ne pas être 
entendus ou pris en compte engendre un taux d'abstention chez les jeunes 
aux élections qui inquiète l'Afev, et les politiques. D'autant, constate 
l'observatoire, qu'il est plus élevé dans les quartiers populaires où 
les structures associatives sont fragilisées. L'observatoire y voit "une 
forme d'enlisement démocratique", "le non-vote, c'est-à-dire 
non-inscription sur les listes et abstention, est en constante 
augmentation", s'alarme-t-il.

L'Insee note comme d'autres que la catégorie sociale joue pour beaucoup 
dans le fait d'être inscrit ou non sur les listes électorales. Les 
ouvriers et les employés sont moins inscrits que les cadres, les 
chômeurs moins que les personnes qui ont un emploi. Les non-diplômés 
sont aussi moins souvent inscrits sur les listes électorales que les 
diplômés du supérieur (respectivement 85% et 96%), note l'Observatoire 
des inégalités. Sachant que le taux de chômage et de sans-diplômes est 
plus important dans les quartiers populaires, il est certain que les 
jeunes qui y vivent sont moins enclins à s'inscrire et à voter. L'école, 
à nouveau, est donc un moyen pour des jeunes moins sollicités, moins 
impliqués de par leur milieu familial, leur histoire et leur expérience, 
de favoriser leur intérêt et leur participation à la citoyenneté. "Il 
revient à la République d'engager la lutte contre les très fortes 
inégalités politiques qui se transmettent aujourd'hui en héritage via 
les familles sans pouvoir être neutralisées ou compensées", affirme 
Cécile Braconnier.

Pour la marraine de l'Observatoire, Cécile Van de Velve, "il faut voir 
dans ces résultats une génération qui défend plus fermement la 
démocratie, qui est plus impliquée localement".  Pour la sociologue, 
enseignant-chercheur à l'EHESS, ces jeunes veulent  "être des acteurs 
conscients".

Sandrine Toussaint

(1) Une enquête menée par l'Afev (premier réseau étudiant d'actions 
solidaires, 8.000 étudiants solidaires en France, accompagne des enfants 
ou des jeunes des quartiers populaires en difficulté), avec la 
participation de l'Anacej, l'Injep, l'Observatoire des inégalités et du 
Forum français de la jeunesse.

(2) Le Forum français de la jeunesse a publié en janvier 2114, un avis 
intitulé "Le vote et la participation des jeunes" qui va dans le sens 
des résultats du sondage et formule plusieurs propositions pour inciter 
tous les citoyens à voter : développement des lieux de formation, 
d'information et d'expérimentation, simplification des démarches, mise 
en place d'un processus de renouvellement, démocratisation de notre 
fonctionnement.

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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