[Infoligue] Plan Pauvreté : François Hollande fait le point avec les associations
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 16 Oct 09:16:32 CEST 2014
Plan Pauvreté : François Hollande fait le point avec les associations
Publié par : http://www.localtis.info
Le : mardi 14 octobre 2014
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François Hollande a échangé ce 14 octobre avec les principales
associations de solidarité sur la mise en oeuvre du plan Pauvreté.
Soulevant plusieurs points d'amélioration, les associations ont appelé
le président de la République à porter une parole politique forte sur le
sujet.
Alors que la deuxième année de mise en œuvre du Plan de lutte contre la
pauvreté est déjà bien entamée, le président de la République s'est mis
à l'écoute des représentants des principales associations de solidarité
(*). Cette table ronde intervenait à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine)
ce 14 octobre, à l'issue d'une visite de François Hollande à l'Agence du
don en nature, une association collectant des produits non alimentaires
auprès d'entreprises et les redistribuant à environ 500 associations de
lutte contre l'exclusion. Rappelant que l'évaluation régulière du Plan
faisait partie de la méthode définie lors de sa conception à l'été 2012,
le chef de l'Etat a affiché sa détermination quant à sa mise en œuvre.
Il s'agit d'"appliquer dans tout sa rigueur le plan Pauvreté et de le
compléter", en prenant en considération "ce qui se passe autour de nous"
et notamment l'"aggravation de l'intensité de la pauvreté".
Des points positifs, mais un plan trop complexe
Interpellé sur la baisse des dotations aux collectivités, François
Hollande a considéré que les diminutions prévues n'étaient pas de nature
à remettre en cause le soutien aux associations. "Une meilleure
organisation territoriale" est possible, pour le président de la
République, tout en glissant que "les dépenses locales [avaient]
continué d'augmenter en 2012 et 2013". François Hollande a par ailleurs
mis l'accent sur la nécessité de "cohérence" de la politique de lutte
contre la pauvreté : il faut agir "globalement pour que les personnes
puissent revenir dans un délai le plus court possible vers l'activité,
(…) vers la citoyenneté".
"Le premier bilan 2013-2014 est positif", a estimé la secrétaire d'Etat
aux personnes handicapées et à la lutte contre l’exclusion. A l'actif du
Plan, jusqu'à présent : des mesures de renforcement de l'accès au droit
et de soutien financier, telles que la revalorisation du Revenu de
solidarité active (RSA) socle, le lancement de la garantie Jeunes ou
encore la "mise en place territoriale du plan" - les schémas régionaux
devant tous être en place au 31 octobre. Pour la première année de mise
en œuvre du plan, "les grands objectifs ont été atteints", a confirmé
François Chérèque, tout en alertant sur la "grande complexité" et le
problème de visibilité globale" et sur les difficultés persistantes dans
le secteur de l'hébergement et du logement. Co-auteur du premier rapport
d'évaluation du plan pauvreté, François Chérèque a salué l'"énorme
dynamique territoriale à l'œuvre", avec la mobilisation de 6.000
personnes au cours de 30 rencontres. Plus circonspect sur le maintien de
cette dynamique pour la deuxième évaluation qu'il s'apprête à entamer,
le président de l'Agence du service civique s'est dit notamment attentif
à la montée en charge de la garantie Jeunes, "un élément innovant du
plan" alors que la pauvreté des jeunes s'accroît.
Contre la "discrimination pour précarité sociale"
Ce qui s'accroît, pour François Soulage, président du Collectif Alerte,
"c'est l'intensité de la pauvreté". Un constat partagé par ses collègues
des autres réseaux associatifs qui, tout en saluant les progrès réalisés
dans le cadre du plan Pauvreté ou encore de la loi sur l'économie
sociale et solidaire, ont formulé des critiques et propositions sur un
certain nombre de points. Plusieurs associations ont ainsi exprimé leur
vive déception devant le recentrage de la garantie universelle des
loyers (GUL) sur les jeunes salariés et les personnes en situation
précaire. Des progrès sont en outre attendus sur la simplification de
l'accès au droit, la dynamique des Etats généraux du travail social, la
relance du logement social ou encore l'assouplissement du cadre de
l'insertion par l'activité économique.
Manifestant aussi leur indignation quant à une étude du Credoc récemment
publiée (voir notre article du 2 octobre) ainsi que sur les récentes
déclarations politiques sur une éventuelle remise en cause du système
d'indemnisation du chômage, les dirigeants associatifs ont appelé le
Président à porter une parole publique forte contre la stigmatisation
des personnes en situation de pauvreté. ATD Quart Monde porte même une
campagne visant à lutter contre les "discriminations pour précarité
sociale". Considérant qu'il n'est pas normal d'avoir à "justifier"
l'action menée en faveur des plus démunis, le chef de l'Etat a appelé à
"de la dignité", considérant que "la solidarité n'[était] pas un
supplément d'âme", mais impliquait "l'ensemble de la société".
PPE-RSA activité : fusion en 2016, un "effort substantiel" sur le montant
Revenant sur l'hébergement et le logement, point noir du plan Pauvreté
de l'avis des associations, François Hollande s'est engagé à "créer plus
de places d'hébergement", ainsi que "davantage de prêts super sociaux"
pour le logement très social, tout en laissant la porte ouverte à une
"éventuelle généralisation" de la GUL dans un second temps. Christophe
Robert de la Fondation Abbé-Pierre venait de dénoncer l'"hypocrisie de
l'hébergement hivernal" et l'absence de priorité donnée aux publics les
plus fragiles, quand le gouvernement s'attache par ailleurs à relancer
le logement intermédiaire.
Sur la fusion du RSA activité et de la prime pour l'emploi (PPE), "le
dispositif doit être prêt au 1er janvier 2016", a confirmé le président
de la République, en précisant qu'on ne pouvait aller plus vite, pour
bien s'assurer que certaines personnes ne perdent pas les droits acquis.
Sur le montant, François Hollande a toutefois annoncé "un effort
substantiel", dans un souci de justice vis-à-vis des foyers modestes ne
payant pas d'impôt - suite à la suppression de la première tranche de
l'impôt sur le revenu.
Développer la garantie Jeunes et simplifier l'accès au droit
Le chef de l'Etat a enfin manifesté le souhait d'une montée en charge
rapide de la garantie Jeunes, rappelant que l'Initiative européenne pour
la jeunesse prévoyait 600 millions d'euros pour la France et considérant
que d'autres crédits pourraient être débloqués au-delà de 2015. "Cela
répond à la question des droits pour les moins de 25 ans", a estimé
François Hollande, tout en alertant sur le problème de la
sous-consommation des crédits dédiés à certains dispositifs.
Ségolène Neuville a quant à elle proposé "un ensemble de mesures simples
et concrètes" pour faciliter l'accès au droit : un "coffre-fort
numérique pour sauvegarder toutes les pièces justificatives", un
dispositif simplifié de partage d'informations entre institutions – le
dispositif "Dîtes-le moi une fois" devant être expérimenté à partir de
début 2015 – et un "simulateur de droits". La secrétaire d'Etat a enfin
félicité les associations présentes pour leur mobilisation de cet été
sur l'aide alimentaire européenne, "préservée grâce à vous tous".
Ségolène Neuville a annoncé travailler avec Stéphane Le Foll sur la
filière des fruits et légumes, pour avoir "des produits frais" et "de la
qualité" dans l'aide alimentaire attribuée.
Caroline Megglé
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Etats généraux du travail social : les parlementaires se mobilisent
"Les travailleurs sociaux attendent une parole politique forte (…) de
soutien à leur action", a appelé Louis Gallois, président de la Fnars.
Les Etats généraux du travail social n'auront toutefois pas été abordés
par le président de la République.
Interrogée par Localtis, Ségolène Neuville a considéré que le dispositif
prenait du temps du fait d'un "travail ascendant". En outre, "les
parlementaires souhaitent participer", avec actuellement des auditions
de responsables de groupes thématiques à l'Assemblée nationale. Suite au
travail réalisé en régions, puis aux travaux des groupes thématiques,
les Etats généraux du travail social pourraient avoir lieu "au premier
trimestre 2015", la secrétaire d'Etat ne souhaitant toutefois pas trop
contraindre les travaux en cours par un calendrier trop rigide.
Quant au portage du travail social et de l'action sociale au-delà de
2020, Ségolène Neuville semble compter sur l'implication des
parlementaires pour mettre le sujet sur la table. "Les conseils généraux
ont mis en place des services de très grande qualité, ces services
doivent perdurer", a affirmé Ségolène Neuville, donnant foi au maintien
des départements dans les territoires ruraux et à la montée en
compétence, à terme, des métropoles et grandes intercommunalités dans le
domaine social. En attendant, pour la secrétaire d'Etat, les conseils
généraux sont bien "les chefs de file de l'action sociale".
C.Me.
(*) Organisations représentées : Collectif Alerte, Fnars, Uniopss, Croix
Rouge française, Secours Populaire, Fondation Abbé Pierre, Secours
Catholique, Union nationale des missions locales, Familles rurales,
Emmaüs, Fondation Face (et ATD Quart Monde, représenté par le président
de la Fnars).
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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