[Infoligue] Mouvement associatif : le massacre de dizaines de milliers d’emplois par élus et gouvernements.
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 30 Sep 11:22:39 CEST 2014
Mouvement associatif : le massacre de dizaines de milliers d’emplois par
élus et gouvernements. Les chiffres et l’exemple de Bretagne Vivante
Publié par :
http://www.politis.fr/Mouvement-associatif-le-massacre,28361.html
Le : 27/09/14
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L’offensive avait commencé avec Nicolas Sarkozy et avec François Fillon,
et le massacre à la tronçonneuse technocratique et financière se
poursuit avec les gouvernements socialistes successifs : faute d’argent
et donc de subventions partout en baisse ou en voie de disparition,
l’emploi associatif se réduit rapidement. Des économies « faciles » car
la nébuleuse associative n’est pas près, vues la dispersion des intérêts
et la disparité des objectifs, sociaux, culturels, sportifs (pour les
amateurs) ou environnementaux, de descendre dans la rue. La situation de
pénurie contraint de nombreuses associations, surtout les petites
structures, à fermer leurs portes ou à se mettre en veille en licenciant
leurs quelques salariés permanents. Une (autre) catastrophe sociale
totalement silencieuse. Elle est particulièrement sensible depuis
l’année 2010.
Car s’il existe environ 1 300 000 associations en France, 170 000
d’entre elles sont également des employeurs et génèrent un chiffre
d’affaires de 75 milliards d’euros, soit à entre 4 et 4, 5 % du Produit
Intérieur Brut. Une proportion qui place le secteur associatif largement
devant celui de l’Hôtellerie et de la restauration, les salaires de ce
secteur (hors coopératives et entreprises à vocation sociale ou
solidaire) représentant, malgré la modicité des émoluments versés, 6% de
la masse salariale du privé.
Les secteurs concernés sont les associations vouées à la culture sous
toutes ses formes, à l’aide sociale, à l’animation des quartiers, aux
petits clubs sportifs ainsi qu’à la protection de la nature et de
l’environnement. Un mouvement multiforme qui dépend pour plus de la
moitié de ses revenus des subventions municipales, régionales et
nationales. Financement complété par les cotisations des membres, le
mécénat n’intervenant que pour 5 %. Les conséquences sont d’autant plus
rudes pour le milieu associatif animé par des bénévoles, que, à tous les
niveaux, les associations de moyenne et de grande importance sont depuis
quelques années soumises au système des appels d’offre dans un secteur
qui devient donc "concurrentiel". Pour le plus grand profit des bureaux
d’étude et petites entreprises dont l’objectif, contrairement aux
associations de type 1901 qui ne peuvent faire de bénéfices et encore
moins les redistribuer, est de gagner de l’argent. C’est par exemple en
vertu de ces nouveaux « principes » que Bretagne Vivante, vieille
association de protection de la nature en Bretagne, vient de se voir
écartée de la gestion de la réserve naturelle de la Mer d’Iroise qu’elle
a contribué à créer et à gérer il y a des années. Une menace qui pèse
également sur de nombreuses associations qui gèrent des réserves
naturelles. Elles vont être progressivement écartées au profit des
bureaux d’étude à buts lucratifs, offrant moins d’emplois pour cause de
rationalisation et surtout plus « dociles » face aux élus et aux
exigences du pouvoir central.
L’examen de l’évolution du financement des petites associations, montre
qu’au niveau local et régional au moins, seules celles dont l’activité
concerne les retraités ou les regroupements de boulistes, échappent
souvent à la disparition des subventions. Une façon comme une autres,
pour les élus locaux et régionaux, de s’attacher une clientèle
électorale. Les associations qui, avec des bénévoles, se préoccupent de
la situation des gens affectés par la précarité ou qui assurent la
préservation de la nature ou le suivi de la lutte contre les pollutions
urbaines ou rurales, sont les plus touchés par l’amenuisement ou la
disparition des financements. Les premières accusées « d’entretenir des
fainéants » et les secondes étant considérées par les élus, de droite
comme de gauche mais surtout de droite, comme regroupant des «
emmerdeurs » face à leurs erreurs environnementales. Des élus qui se
liguent avec les notaires, les sociétés immobilières et les aménageurs
pour réclamer une « simplification » administrative. Expression qui
devrait pour eux se traduire par une disparition des garde-fous contre
l’ attribution désordonnée des permis de construire et des autorisations
de défrichement. A terme, après avoir organisé l’amenuisement de leurs
ressources, cette partie agissante et redouté du corps social veut aussi
parvenir à rendre plus difficile l’usage de la seule arme restant
souvent aux associations : les recours auprès de tribunaux administratifs.
Au rythme actuel, les coupes budgétaires en cours pourraient se
traduire, dans quelques années à la disparition d’une centaine de
milliers d’emplois associatifs et également à une perte d’une
connaissance du terrain qui fait la force de ses « gêneurs ».
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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