[Infoligue] Les associations au service de l’emploi en quête de reconnaissance

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 23 Avr 14:14:58 CEST 2015


Les associations au service de l’emploi en quête de reconnaissance

Publié par : LE MONDE ECONOMIE
Le : 23.04.2015

************

L’action menée par les organismes publics tels que Pôle emploi ou les 
missions locales s’adresse actuellement à un trop grand nombre de 
personnes pour pouvoir accompagner chaque demandeur ou créateur d’emploi 
d’une manière adaptée à ses besoins .

Contrairement à d’autres pays européens, le chômage structurel reste 
élevé en France par suite de l’absence d’un dialogue social efficace, du 
corporatisme des groupes d’intérêt et d’un cap fluctuant des politiques 
publiques.

Cette situation n’engendre pas seulement des millions de drames 
personnels, elle constitue aussi un poids considérable pour l’économie 
nationale et met en danger notre modèle social. Si les citoyens ne 
peuvent changer à eux seuls le cours des choses, ils peuvent contribuer, 
chacun dans son entourage ou à travers des associations auxquelles ils 
adhèrent, à la réduction du chômage.

Depuis trois ans, dans le cadre du Pacte civique, un collectif 
d’associations organise une « Fête du travail, faites des emplois », 
ayant pour but de mobiliser l’initiative citoyenne.

Les constats et propositions que nous faisons cette année sont les 
suivants :

L’appui des citoyens auprès des chômeurs donne toute son efficacité à 
l’aide de l’Etat en transformant la solidarité publique en fraternité 
humaine. L’action menée par les organismes publics tels que Pôle emploi 
ou les missions locales s’adresse actuellement à un trop grand nombre de 
personnes pour pouvoir accompagner chaque demandeur ou créateur d’emploi 
d’une manière adaptée à ses besoins en lui donnant, en plus de 
renseignements standards, pour ne pas dire bruts, un peu de confiance en 
lui-même, un souffle d’espoir, un contact, une recommandation personnelle.

Sur le terrain

Parler à quelqu’un qui est là, devant vous, qui écoute, au sens plein du 
terme, qui aide à réfléchir, c’est autre chose que de passer une heure à 
entendre des messages téléphoniques qui vous guident dans le dédale des 
services avant de vous mettre en contact avec un employé manquant 
souvent du temps nécessaire pour pouvoir véritablement communiquer. 
Introduire un peu de synergie entre l’action publique et 
l’accompagnement citoyen pourrait changer assez fondamentalement 
l’efficacité des services publics.

Les actions menées par les associations ont une valeur expérimentale. 
Elles ouvrent des voies nouvelles en matière de création d’emplois, qui 
méritent d’être exploitées. L’innovation sociale naît rarement dans un 
bureau. Elle surgit sur le terrain, au contact direct des hommes et des 
femmes qui essaient de s’en sortir avec l’appui de ceux qui sont proches 
d’eux.

Certaines associations, telle Solidarités nouvelles face au chômage, 
aident les chercheurs d’emploi à trouver un travail salarié et 
financent, si besoin, plusieurs mois de salaire pour faciliter leur 
insertion, sans faire appel à l’argent public. D’autres, comme 
l’Association pour le droit à l’initiative économique, exploitent 
l’initiative et les capacités des chômeurs eux-mêmes, en leur ouvrant 
accès au crédit et à l’accompagnement pour leur permettre de créer leur 
propre emploi.

D’autres encore, comme les Clubs régionaux d’entreprises partenaires de 
l’insertion (Crepi), réunissent des PME qui facilitent le contact entre 
entreprises et demandeurs d’emploi ou, comme ATD Quart-monde, tentent 
d’expérimenter une approche territoire pour résorber le chômage de 
longue durée. S’il est impossible de citer les dizaines d’associations 
qui œuvrent ainsi au service de l’emploi, avec des résultats qui sont 
loin d’être négligeables, on peut regretter que leurs actions ne soient 
pas davantage considérées par les pouvoirs publics comme des projets 
pilotes potentiels.

Il est rare que l’Etat diligente leur évaluation, qu’il ne faut pas 
confondre avec le reporting, et plus rare encore, dans le cas où elle 
est faite avec des résultats positifs en termes d’emploi et de coût, 
qu’il tente d’en tirer parti.

À contresens du code du travail

Même si elles ne sont pas suffisamment une source d’inspiration pour les 
politiques publiques, les actions menées par les citoyens ont besoin, 
pour être efficaces, d’un cadre légal et réglementaire approprié. 
L’innovation sociale va souvent à contresens des règles établies par un 
code du travail conçu à une époque où le travail salarié et 
l’Etat-providence apportaient toutes les réponses.

Si beaucoup de lois ont pu être amendées à l’initiative des associations 
– c’est le cas par exemple de la loi bancaire, de la reconnaissance de 
la création d’entreprises comme une voie d’insertion ou du régime de 
l’auto-entrepreneur –, d’autres bloquent toujours l’emploi de 
travailleurs indépendants peu qualifiés, comme la loi sur les 
qualifications artisanales imposant une formation disproportionnée par 
rapport à des tâches simples.

Pire, certaines lois, comme celles relatives à la formation 
professionnelle, ne sont pas pleinement appliquées pour ce qui concerne 
l’accompagnement des chômeurs créateurs d’entreprise.

A côté d’un cadre légal favorable, les associations ont besoin de 
financement public et privé qui leur permette de progresser. Faute 
d’évaluation, les contributions ne sont pas toujours fonction de leur 
efficacité. Nous avons là un grand retard par rapport à d’autres pays.

Ces expériences et ces idées, réunies dans le livre Recréer le 
plein-emploi, une utopie réaliste, par Anne Dhoquois (Editions Ateliers 
Henry Dougier, 96 pages), seront présentées lors d’un colloque organisé 
à l’Assemblée nationale le 27 avril. Mais il faudrait aller bien au-delà 
et, dans « l’esprit du 11 janvier », rouvrir le débat sur les nouvelles 
façons de travailler tous et mieux, à la lumière de nos échecs passés et 
des réussites constatées.

Beaucoup de jeunes, quand ils ne sont pas au chômage, s’interrogent sur 
le sens de leur emploi et cherchent des approches nouvelles, plus 
créatives, plus collaboratives, plus ouvertes vers le social. Ces idées 
aussi, portées par des associations comme Ouishare, Ticket for change ou 
Fabrique Spinoza, méritent d’être exploitées.

Patrice Bony, président des Clubs régionaux d’entreprises partenaires de 
l’insertion (Crepi), Jean-Baptiste de Foucauld, cofondateur du Pacte 
civique, Gilles de Labarre, président de Solidarités nouvelles face au 
chômage (SNC), Maria Nowak, présidente fondatrice de l’Association pour 
le droit à l’initiative économique (ADIE).

En savoir plus sur 
http://www.lemonde.fr/emploi/article/2015/04/23/les-associations-au-service-de-l-emploi-en-quete-de-reconnaissance_4621510_1698637.html#xvlapRcGRl8iuxsV.99

-- 

-----------------------
Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
-----------------------
Nos sites :
http://www.laligue-alpesdusud.org
http://www.laligue-alpesdusud.org/associatifs_leblog
-----------------------





Plus d'informations sur la liste de diffusion Infoligue