[Infoligue] Initiative citoyenne et pouvoir d’agir, des armes de construction massive !

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 1 Déc 09:24:22 CET 2015


Initiative citoyenne et pouvoir d’agir, des armes de construction massive !

Publié par : 
http://www.pouvoirdagir.fr/2015/11/26/initiative-citoyenne-et-pouvoir-dagir-des-armes-de-construction-massive/
Le : 26 novembre 2015

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La nouvelle vague d’attentats terroristes du vendredi 13 novembre à 
Paris est venue confirmer la terrible et lâche guerre que Daesch a 
déclarée à l’ensemble de notre conception du monde.

Ce qui est attaqué c’est certes la France qui mène des actions 
militaires, mais c’est aussi notre conception de la vie en société et 
les valeurs de démocratie, de liberté, d’égalité et de fraternité que 
porte notre pays. Ces valeurs méritent d’être encore plus fortement 
partagées et de se concrétiser par une politique construite 
démocratiquement. Nous souhaitons, au delà de l’expression de notre 
compassion pour les victimes et leurs familles, affirmer que le pouvoir 
d’agir des personnes et de la société civile est une arme contre 
l’embrigadement et le fanatisme. Les injustices, les exclusions, les 
discriminations et le manque de reconnaissance mènent au sentiment 
d’impuissance et de résignation et constituent le terreau fertile sur 
lequel prolifèrent les groupes fanatiques pour recruter de jeunes 
français en manque d’espoir et à la recherche d’un idéal. Nous devons 
redonner aux citoyens les moyens d’agir par eux-mêmes et au sein de 
leurs groupes d’appartenance pour contrer cette dynamique de fatalisme 
et de désespoir qui conduit au pire.

On voit bien les dangers qui nous guettent et sont déjà partiellement à 
l’œuvre :

– Celui du repli sur son groupe d’appartenance et de la désignation « 
d’ennemis de l’intérieur ». Les amalgames et la stigmatisation de 
certaines populations sont malheureusement déjà à l’œuvre.

– Celui de l’approche purement sécuritaire et de la limitation de 
l’espace laissé aux initiatives de la société civile qui sont pourtant 
une partie essentielle de la réponse collective. La réponse ne peut pas 
être uniquement régalienne et descendante, elle doit vivre dans les 
milliers d’initiatives locales qui constituent le tissu de la résistance 
et le seul véritable antidote à la propagande obscurantiste.

– Celui de l’affaiblissement de la cohésion autour d’un socle de valeurs 
suffisant pour affronter les transitions politiques, économiques, 
culturelles et écologiques en cours . Si nous ne confortons pas notre 
capacité à délibérer, toutes et tous, sur les défis de notre époque, les 
logiques d’affrontement et de division se renforceront au service du pire.

Si nous voulons tenir ensemble face à ces dangers c’est en effet le 
moment de les reconnaître et de se préparer à résister. C’est pour cela 
qu’il est temps de reprendre au sérieux et au pied de la lettre les 
valeurs de la République :

La liberté d’expression, de conscience, de pensée bien sûr mais 
également la liberté de construire son autonomie et sa place dans la 
société avec ses particularités, ses origines et les cultures dont on 
hérite.

L’égalité… réelle effective et non une prétendue égalité des chances qui 
n’est valable que pour la Française de Jeux ! Elle devrait 
s’expérimenter en premier lieu à l’école qui est malheureusement à 
l’heure actuelle l’expérience fondatrice de la reproduction et du 
creusement des inégalités. C’est le creusement des inégalités 
économiques, mais également la discrimination de certaines minorités, 
qui minent le contrat social en bafouant le principe d’égalité.

La fraternité qui devrait être le contre-pied de la compétition 
généralisée qui a colonisé tous les segments de la vie sociale. Une 
société de concurrence fabrique des perdants et des gagnants, divise et 
individualise, ces dynamiques affaiblissent la capacité à résister ensemble.

Or la manière efficace pour partager des valeurs n’est pas de les 
apprendre et les réciter par cœur mais de les vivre et de les 
expérimenter concrètement.

Ce défi, nombreuses sont déjà les mobilisations locales qui le relèvent. 
Sur tous les territoires se multiplient en effet des initiatives issues 
de la liberté créative des personnes et du plaisir de la mettre en œuvre 
ensemble pour fabriquer des « biens communs » équitablement 
partageables. Ces initiatives inventent une société plus démocratique, 
une autre façon de produire et de consommer, de se nourrir, d’habiter, 
de se mouvoir, d’éduquer les enfants, de se distraire, de se chauffer et 
de s’éclairer, de se vêtir, de vivre ensemble dans la paix et le respect 
mutuel… bref ces initiatives inventent pragmatiquement, jour après jour, 
cette autre société dont nous avons impérativement besoin pour faire 
face aux enjeux écologiques, économiques, culturels, sociaux et 
politiques de la crise que nous traversons.

De même, on ne compte plus les combats que mènent nombre de citoyens 
pour construire les conditions d’accès de tous aux biens communs de 
l’espace public existant déjà : une école assurant la réussite de tous 
les enfants, une formation professionnelle valorisant la diversité des 
talents et l’égalité d’accès à l’emploi, l’accès de tous au logement, à 
la santé, à la culture, au sport… Bref, dans les quartiers de nos villes 
et de nos banlieues comme dans nos villages, des citoyens se battent 
pour faire vivre les équipements et les services publics aptes à 
garantir une réponse aux besoins de tous dans le respect de la dignité 
de chacun. Mais ces combats civiques, les pouvoirs publics s’en méfient 
et cette autre société où s’invente la société de demain, les 
institutions publiques ne la voient pas. Pourtant c’est la mise en 
mouvement de ces forces de vie des citoyens qui constitue le meilleur 
antidote aux forces de mort, du repli sur soi, de la division et de la 
haine dont se nourrit toujours la violence extrême.

Il nous appartient de reconnaître ces initiatives et ces combats de nos 
concitoyens, de les mettre en lumière et de les soutenir. Il appartient 
aux pouvoirs publics de leur ouvrir un espace et de leur apporter les 
moyens de leur plein épanouissement. C’est pourquoi nous pensons qu’il 
faut, passés le choc et l’émotion, relever ce défi en multipliant les 
mobilisations locales qui défendent la liberté, renforcent l’égalité et 
resserrent les liens de fraternité, pour incarner concrètement ces 
valeurs si chères à notre pays.

Texte rédigé par le collectif Pouvoir d’agir en réactions aux attentats 
du 13 novembre 2015

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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