[Infoligue] Et après ?

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 12 Jan 10:35:10 CET 2015


Et après ?

Publié par : http://www.cafepedagogique.net
Le : 12/01/15

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A quoi aura servi l'extraordinaire mobilisation du 11 janvier ? La 
question est déjà posée par la ministre qui convoque le 12 janvier les 
représentants de la communauté éducative. L'Ecole, en tant 
qu'institution, a-t-elle à voir avec la dérive mortelle des assassins de 
Charlie ? Est-elle décidée à relever le défi de la ségrégation et de la 
desespérance ?

"L'Ecole a oublié ses promesses". Les propos d'Eric Favey, pour la Ligue 
de l'enseignement, pèsent sur l'Ecole. La ministre a eu beau dire dans 
sa lettre du 7 janvier "l'Ecole éduque à l'égalité et la fraternité en 
enseignant aux élèves qu'ils sont tous égaux. Elle leur permet d'en 
faire l'expérience en les accueillant tous sans aucune discrimination". 
Les faits sont là. L'école française reproduit les discriminations et 
même elle aggrave les inégalités. Et puisqu'elle reçoit le 12 janvier 
les représentants de la communauté éducative, il lui revient de 
rechercher la part de l'Ecole dans ce drame national.

Le 10 janvier, Michel Lussault, président du Conseil supérieur des 
programmes, évoquait dans un tweet la responsabilité de l'Ecole. "Ce qui 
vient de se passer est une défaite éducative collective, qui nous 
implique tous", écrivait-il. Pour nous, la formule de M Lussault est 
exagérée. La "responsabilité collective" ne s'exerce pas de façon 
identique entre le million d'agents de l'Etat en charge de l'éducation 
ou les 60 millions de Français. La responsabilité est d'abord celle des 
dirigeants de l'Ecole. Ce sont eux qui ont abandonné la promesse 
républicaine, laissant les enseignants se débrouiller avec la 
désespérance des élèves. Mais c'est la partie privilégiée de la société 
qui a validé cette situation en restant sourde depuis 20 ans à la monté 
des inégalités.

Car la première promesse oubliée c'est celle de l'égalité sociale. Là 
dessus les rappels ont été réguliers. Pisa bien sur qui a mis en 
évidence l'inégalité sociale des résultats scolaires comme une 
particularité forte du système éducatif français. Deux ans après la 
publication de Pisa, le ministère vient tout juste de lancer une réforme 
de l'éducation prioritaire qui se contente de 300 millions. Un décret a 
été pris pour favoriser al mixité sociale dans les établissements. Mais 
il est facultatif. Et sa circulaire d'application prend soin de demander 
aux familles de classer els établissements d'accueil, d'énumérer les 
exceptions diminuant d'autant sa portée.

La seconde promesse oubliée c'est la fraternité. G Felouzis parle 
d'apartheid scolaire à propos de l'école française. La formule dérange 
fortement. Mais l'apartheid saute aux yeux quand on visite les 
établissements scolaires. L'Ecole française s'est fracturée entre des 
filières de relégation au sommet comme à la base. Comment dès lors 
porter els valeurs républicaines auprès des élèves ?

La question ne sera pas réglée , comme certains le laissent entendre, 
par la réforme de l'enseignement civique et moral. Le problème de 
l'école française n'est plus celui de la transmission des valeurs 
républicaines. C'est celui de leur crédibilité. C'est parce que l'Ecole 
elle-même, et malgré ses personnels, ne respecte plus l'égalité et la 
fraternité qu'il devient vain de les enseigner.



François Jarraud


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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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