[Infoligue] Tout ce que nous devons à la Ligue de l'enseignement

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 22 Fév 09:07:11 CET 2016


  Tout ce que nous devons à la Ligue de l'enseignement

Publié par : 
http://info.webissimo.biz/tout-ce-que-nous-devons-a-la-ligue-de-lenseignement/
Le : 21 février 2016

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Qu’ont donc en commun les Auberges de jeunesse, les Eclaireurs de 
France, les coopératives scolaires et les associations loi 1901 ? Elles 
sont toutes les rejetons d’un mouvement d’émancipation unique en France 
né au sein de la société corsetée du XIXe siècle : la Ligue de 
l’enseignement.

Ecrit par Jean-Michel Djian, ancien rédacteur en chef du « Monde de 
l’éducation », son beau livre rend justice à cette aventure, portée par 
des personnalités rentrées dans l’imaginaire collectif et illustrée par 
une collection de documents rares provenant des Archives nationales : 
photos, affiches, extraits de journaux…

« L’utopie citoyenne », de Jean-Michel Djian (La Découverte, 2016).


        Jean Macé, le pionnier

Jean Macé, l’initiateur, un homme aux yeux clairs, pose pour Nadar. Sa 
bouche serrée, son regard clair, un peu distant, révèlent une 
détermination sans faille. Ce visionnaire ne se paie pas de mots. Avant 
1850, il est journaliste. Il colporte de ville en ville une feuille de 
chou qui parle de République dans un langage simple, qu’il distribue du 
haut de sa voiture à cheval. Ce « Pic de la Mirandole de la 
fraternité », banni par le futur Napoléon III après son coup d’Etat, 
s’exile pour enseigner en Alsace. Il y met ses idées en pratique.

Avec le soutien d’un chef d’entreprise à Mulhouse, par exemple, il 
institue une Société des bibliothèques communales, une entreprise qui 
fera école partout en France. Revenu à Paris, il lance un journal  » 
d’éducation et de récréation  » avec un ami éditeur, Elisée Reclus… Et 
Jules Verne, l’auteur des  » Voyages extraordinaires « .

L’enthousiasme des lecteurs pour ce partage du savoir est tel que, 
s’inspirant du modèle belge, Jean Macé décide de créer le 15 novembre 
1866 la Ligue française de l’enseignement, un mouvement pour défendre 
l’idée de l’instruction pour tous. Il y a urgence ! A cette époque, 40% 
des jeunes mariés sont incapables de signer leur nom dans le registre 
d’état civil.

Quelques mois après sa naissance, la Ligue compte déjà 5.000 membres, 
qui, très vite, s’organisent en « cercles » républicains dans les 
villes, et proposent des cours dispensés par des avocats, architectes, 
médecins, tous portés par le même idéal. Les francs-maçons les soutiennent.


        L’école laïque, gratuite et obligatoire

En 1871, portés par cette effervescence nationale, Jean Macé et ses amis 
lancent une pétition dans les journaux pour une  » instruction gratuite 
et obligatoire « . Elle recueille 1,3 million de signatures. Et bientôt 
celles de 3.000 conseils municipaux !

La Ligue dérange pourtant l’ordre social, marqué par des siècles de 
déférence envers les puissants. L’Eglise sent son autorité sur les 
esprits menacée. La guerre est déclarée entre la calotte et les 
laïcards. Mais le mouvement est irrésistible. Avec le retour de la 
République après la guerre de 1870, le ministre de l’Instruction 
publique Jules Ferry est un « ligueur ». Tout comme son directeur de 
l’enseignement primaire, Ferdinand Buisson, auteur du Dictionnaire de 
pédagogie et d’instruction primaire – un ouvrage qui continue de faire 
référence aujourd’hui.

En 1881-1882, tous deux font voter les lois sur l’école primaire 
obligatoire, gratuite et laïque ; et le 9 décembre 1905, la loi de 
séparation de l’Eglise et de l’Etat, préparée par le même Ferdinand Buisson.


        Un demi-siècle de règne sans partage

La Ligue invente tout azimut. Elle formalise ce que sera l’association, 
« l’image réduite de ce doit être la grande société humaine dans 
laquelle le but essentiel sera de penser aux autres au lieu de penser à 
soi « , selon les mots de Léon Bourgeois, président de la Ligue avant de 
devenir président du Conseil en 1894. Le projet est validé en 1901 par 
le vote de la loi sur le droit d’association.


(Ligue de l’enseignement)

En 1925, la Ligue, qui n’a cessé de se multiplier ses propositions, 
règne sur tout ce qui développe la solidarité et l’émancipation des 
citoyens : les activités sportives au sein de l’Ufolep (Union française 
des œuvres laïques d’éducation physique), la culture avec les 
ciné-clubs, les vacances et les premières colonies… Du coup, elle change 
de nom, et devient la Confédération générale des oeuvres laïques, plus 
que jamais reconnue par l’Etat.

Jean Zay, ministre de l’éducation du Front Populaire 
<http://adf.ly/12430613/banner/http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20140408.OBS3059/jean-zay-de-la-prison-au-pantheon.html>, 
entré au Panthéon 
<http://adf.ly/12430613/banner/http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20150527.OBS9716/hollande-au-pantheon-le-discours-historique-d-un-president-tres-politique.html> 
en 2015, est lui-même un « ligueur ». Après la Seconde Guerre mondiale, 
au cours de laquelle Confédération, considérée comme un ferment 
libertaire, a été dissoute, l’Education Populaire obtient même une 
Direction au Ministère de l’Education nationale. Elle est quasiment de 
devenue un service public.


        L’utopie résiste

Cette consécration du mouvement est fragilisée par la montée du 
consumérisme de la deuxième moitié du XXe siècle, qui en désagrège 
lentement les valeurs collectives et fraternelles. Jean-Michel Djian écrit :


          Le militantisme patriotique et laïque n’est plus de saison.
          (…) Ce sont des individus qui font bouger la France, plus tout
          à fait des citoyens. »

Les oeuvres de la Ligue se sont si bien émiettées qu’on n’en voit plus 
la cohérence.

En 1999, la dernière grande création de la Ligue est le Salon européen 
de l’éducation, devenu depuis la vitrine annuelle du monde éducatif. 
Pourtant, malgré le délitement économique de ces dernières années qui le 
prive de subsides publiques, le mouvement tient son cap. L' »hydre 
confédérale », qui compte 25.000 associations affiliées, continue de 
défendre le « vivre ensemble » et la laïcité, dans une société de plus 
en plus fracturée 
<http://adf.ly/12430613/banner/http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20160120.OBS3030/valls-et-bianco-s-echarpent-sur-la-laicite-la-polemique-en-3-actes.html> 
autour d’intérêts particularistes.

*Caroline Brizard*

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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