[Infoligue] Les projets de réussite éducative réussiront-ils à s'adapter à la nouvelle politique de la ville ?
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 29 Fév 09:20:09 CET 2016
Les projets de réussite éducative réussiront-ils à s'adapter à la
nouvelle politique de la ville ?
Publié par : http://www.localtis.info
Le : vendredi 26 février 2016
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Créés en 2005, les projets de réussite éducative (PRE) sont aujourd'hui
pris dans la tourmente de deux réformes, celle de la politique de la
ville et celle de l'éducation prioritaire. Le commissariat général à
l'égalité des territoires souligne, dans une enquête portant sur les 493
PRE actifs en 2015, l'enjeu de l'évolution du partenariat financier de
ces dispositifs. Une question de survie pour les 45 PRE sortis de la
géographie prioritaire et qui ne pourront plus compter sur les
financements "Ville" dès 2017.
"Le portage institutionnel des projets de réussite éducative se poursuit
autour d'une dynamique historiquement communale", observe le
commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) dans une enquête
nationale portant sur les 493 projets de réussite éducative (PRE) actifs
en juin 2015 (*). Ces 493 PRE ont consommé un budget de 100,7 millions
d'euros de financements directs en 2015, dont 21 millions venant des
communes (et 69 millions de l'Acsé/CGET). Le financement communal est
"stable par rapport à 2014, après une forte baisse entre 2013 et 2014",
souligne le CGET. Tous les PRE ne bénéficient pas de financements de
leur commune, seuls 72 % sont dans ce cas.
A ces 100,7 millions d'euros de financements directs, s'ajoutent 13,5
millions de contributions non financières (mise à disposition de
personnel, de locaux, de matériel), dont 9,3 millions d'euros provenant
des communes (soit 69%). Un montant en baisse puisque l'année précédente
les communes contribuaient à hauteur de 11,2 millions d'euros.
Au total, l'ensemble des contributions, financières et non financières,
est estimé à 114, 2 millions d'euros, soit une moyenne de 234.100 euros
par PRE (contre 246.355 euros en 2014 et 255.533 euros en 2013).
Quant aux structures porteuses de PRE, leur profil "évolue peu ces
dernières années", constate le CGET. Les centre communaux et
intercommunaux d'action social (CCAS et CIAS) sont porteurs de près de 6
PRE sur 10, puis les caisses des écoles d'un peu plus d'un tiers des
PRE. Il y a aussi quelques groupements d'intérêt public (4%),
établissements public local d'enseignement (2%) et régies (1%).
Un pas vers le droit commun ?
A côté de cette "dynamique historiquement communale", le CGET note "une
implication de plus en plus fréquente du nombre de ses partenaires
institutionnels". Grâce à cela, "les PRE consolident quelque peu leur
tour de table institutionnel, ce qui est de nature à leur conférer une
capacité à mobiliser le droit commun", se félicite-t-il.
Selon le CGET, "l'articulation avec le droit commun se réalise à travers
un effort de complémentarité et de coordination avec d'autres
interventions sur les territoires, en lien avec des dispositifs de la
politique de la ville et d'autres contractualisations et / ou réflexions
stratégiques". Il est également confiant quant à "l'activation effective
des moyens des partenaires (...), qu'il s'agisse du financement des
communes mais aussi de la variété des organismes et institutions
concernés par la mise à disposition de moyens et / ou de ressources pour
le PRE." Car même s'il reconnaît que "les PRE connaissent une baisse de
leurs moyens sur ces dernières années", le CGET note "que les moyens
humains baissent moins vite que les moyens financiers et que l'assise de
financement des PRE garde une réelle diversité de ses sources,
témoignant du partage partenarial de la priorité constituée par la
réussite éducative."
Le PRE constitue-t-il vraiment le volet Education des contrats de ville ?
De l'eau a coulé sous les ponts depuis l'institution du programme de
réussite éducative par le plan de cohésion sociale et la loi de
programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005. Le programme
constitue aujourd'hui le "dispositif central du volet éducation et la
première priorité de la politique de la ville en termes d'engagements
financiers en 2015", rappelle le CGET.
Il assure que "le PRE est résolument intégré au sein des contrats de
ville nouvelle génération", comme le demandait une instruction de 2014
(voir notre article ci-contre du 8 décembre 2014). L'enquête montre
pourtant que seuls 80 % des PRE "prévoient d'intégrer un contrat de
ville" (ce qui en fait 20 % qui ne le prévoient pas) et que seuls 52 %
des PRE constitueraient "un axe fort du volet éducatif" des contrats de
ville (soit à peine plus de la moitié). De plus, "la prise en compte de
la dimension intercommunale n'est que très peu prévue (moins d'1 PRE sur
10)", regrette le CGET, se rassurant à l'idée que "45% des PRE indiquent
que cette prise en compte fait l'objet de réflexions". Pour l'anecdote,
un seul PRE porte sur un territoire entrant de la géographie prioritaire.
A noter surtout que 45 PRE portent sur des territoires sortants de la
politique de la ville, ce qui posera question en 2017, année de la "la
fin de 'garantie' par l'Etat des financements ajustés pour les PRE
couvrant les territoires sortant de la géographie prioritaire", rappelle
à juste titre le CGET.
L'Education nationale, le partenaire institutionnel le plus mobilisé
Du côté de l'Education nationale, les PRE ne semblaient pas encore, en
juin 2015, s'être adapté à la nouvelle géographie de l'éducation
prioritaire. Trois mois auparavant, le comité interministériel à
l'Egalité et à la citoyenneté du 6 mars 2015 avait annoncé que "dans
chaque collège REP+ et dans les écoles associées, les programmes de
réussite éducative (PRE) seront progressivement déployés là où ils sont
absents et davantage mobilisés là où ils existent". A ce moment-là,
seuls 293 PRE (sur 493) ont déclaré porter sur au moins un collège en
REP, et 153 sur au moins un collège en REP + (sur 732 REP et 350 REP+).
Pour autant, "l'Education nationale reste le partenaire le plus
fortement mobilisé, avec une présence en tant que partenaire
institutionnel, mais également en tant que partenaire de terrain dans la
quasi-totalité des projets en 2014-2015 (99%)", souligne le CGET.
Du point de vue institutionnel, elle est suivie par les conseils
départementaux, avec une participation toutefois en nette diminution au
fil des ans (81 % durant l'année scolaire 2014-2015, contre 87% les deux
années précédentes).
A l'inverse, les Directions départementales de la cohésion sociale
(DDCS) ou Direction départementale de la cohésion sociale et de la
protection des populations (DDCSPP) s'impliquent de plus en plus
fréquemment dans les projets (77% contre 74% en 2014 et 71% en 2013),
tout comme les délégués du préfet à la politique de la ville (72%,
contre 64% en 2014) et les caisses d'allocations familiales (64%, contre
57% en 2014).
Les associations d'éducation populaire/d'éducation sont mobilisées dans
un PRE sur deux.
Valérie Liquet
(*) Depuis qu'il a repris les missions de l'Acsé, le CGET assure le
développement, le suivi et la gestion du programme de réussite éducative.
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500 projets de réussite éducative : 100.000 enfants soutenus
Le programme de réussite éducative est né du plan de cohésion sociale et
de la loi de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005.
Il invite à la mise en œuvre des projets de réussite éducative (PRE) en
direction des enfants de 2 à 16 ans résidant "prioritairement" dans les
quartiers de la politique de la ville et qui "présentent des signes de
fragilité et/ou qui ne bénéficient pas d'un environnement social,
familial et culturel favorable à leur développement harmonieux". Un PRE
est mené par une ou plusieurs équipes pluridisciplinaires de soutien
(EPS) composées de professionnels de champs variés et complémentaires
(scolaire, socio-éducatif, social, sanitaire, etc.) et issus de
différents organismes (communes, personnels de l'Education nationale et
des CAF, services sociaux du conseil général, associations habilitées,
etc.) Ces équipes interviennent selon une approche "globale et
multidimensionnelle", en liaison avec les familles, et sur la base d'un
repérage préalable des difficultés.
1.314 EPS sont recensées comme étant actives, en 2015, travaillant dans
les 493 projets de réussite éducative (PRE). 4.744 postes sont mobilisés
pour leur mise en œuvre, correspondant à 1.637 ETP (équivalents temps
pleins). 97 % des PRE déclarent travailler avec des acteurs de
l'Education nationale, 77 % avec des associations de loisirs, sportives
ou culturelles (contre 87% durant l'année scolaire 2013-2014), 76 % avec
des structures de 1er recours ou médico-social, 76 % avec des centres
sociaux, 69 % avec des éducateurs de rue, 68 % avec l'aide sociale à
l'enfance, 49 % avec des associations de soutien scolaire, 37 % avec les
CAF, 31 % avec des Ateliers santé ville (contre 26% durant l'année
scolaire 2012-2013), 27 % avec des éducateurs jeunesse et sports (27 %),
23 % avec des associations familiales type Unaf et 16 % avec des
associations de parents d'élève.
8.642 établissements scolaires sont couverts par les PRE : 3.286 écoles
maternelles, 3.712 écoles élémentaires, 1.358 collèges et 286 lycées.
104.279 enfants de 2 à 16 ans étaient bénéficiaires d'un PRE durant
l'année scolaire 2014-2015 (soit 214 enfants par PRE), soit 10 % de
moins que l'année précédente. 79% de ces enfants bénéficient d'un
parcours personnalisé (contre 72 % en 2014). 231 PRE ont un taux
d'individualisation de 100%.
Sources : Enquête annuelle 2015 de suivi du programme de réussite
éducative pour l'année scolaire 2014-2015, CGET.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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