[Infoligue] François Hollande veut généraliser le service civique après 2020

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 14 Jan 09:37:35 CET 2016


François Hollande veut généraliser le service civique après 2020


Publié par : http://www.localtis.info
Le : mercredi 13 janvier 2016

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Lors de ses voeux à la jeunesse, le 11 janvier 2016, le président de la 
République a décrit les contours de son "chantier" de l'engagement : 
création d'un "carnet citoyen" pour chaque jeune, extension de la 
réserve citoyenne et, surtout, généralisation du service civique à 
l'ensemble d'une classe d'âge "au-delà de 2020". Pour cela, l'Agence du 
service civique, futur "Haut Commissariat à l'engagement", pourra user 
de son "autorité", y compris auprès des collectivités. Plus que 
fortement encouragées à s'y mettre, ces dernières disposeront de l'appui 
méthodologique - formations, guide pratique - du Centre national de la 
fonction publique territoriale.

Le président de la République a adressé le 11 janvier 2016 ses vœux à la 
jeunesse et aux "forces de l'engagement", lors d'une soirée anniversaire 
de la mobilisation qui a suivi les attentats de janvier 2015. Suite à 
ces événements, l'une des réponses de François Hollande avait été de 
donner un coup d'accélérateur au service civique, de viser 
l'"universalisation" du dispositif, c'est-à-dire de donner la 
possibilité à tous les jeunes qui le souhaitent de s'y engager.

Un an après, et deux mois après les attentats de novembre 2015, le 
service civique revient à l'ordre du jour. Et le président de la 
République parle désormais de "généraliser" le dispositif, comme il l'a 
annoncé lors de ses vœux télévisés aux Français, le 31 décembre dernier.

"Je veux permettre à tous les jeunes de faire cette expérience", a-t-il 
expliqué le 11 janvier. Avant de détailler : "d'ici trois ans, [le 
service civique] devra accueillir la moitié d'une classe d'âge, soit 
près de 350.000 jeunes par an, au lieu d'à peu près 120.000 cette année, 
et pour aller étape par étape vers la généralisation effective, au-delà 
de 2020".

Le service civique sera une "obligation" pour les collectivités

"Pour y parvenir", les moyens dédiés au dispositif vont donc encore 
"changer de dimension" : le budget "passera de 300 millions aujourd'hui 
à un peu plus d'un milliard en 2018", l'Agence du service civique 
"deviendra un haut commissariat à l'engagement, placé directement auprès 
du Premier ministre" et aux moyens renforcés.

Ce dernier, a ajouté François Hollande, "aura toute l'autorité 
nécessaire pour faire que ce soit une obligation, le service civique, 
mais une obligation d'abord pour les administrations, pour les 
ministères, pour les collectivités". Des "quotas" pourraient même être 
"décidés par ministère, par département" et "les grandes entreprises 
publiques pourront également être mobilisées". Seule limite fixée par le 
président : les entreprises privées ne pourront pas accueillir de 
volontaires.

"Il y a un risque à vouloir tous les trimestres transformer un peu le 
service civique", a estimé le 11 janvier sur France Inter Nadia 
Bellaoui, présidente du Mouvement associatif. Un risque, également pour 
elle, à "vouloir faire du chiffre aux dépens de l'idée même de service 
civique", de la qualité des missions et de la possibilité laissée à 
chaque jeune de "fabriquer sa mission, d'y mettre un peu de lui-même". 
Après les annonces de François Hollande, on peut cependant considérer 
que ce que le Mouvement associatif juge essentiel - le "caractère 
volontaire" du service civique – est préservé, au moins si l'on se place 
du point de vue des jeunes de 2016.

En 2015, 70.000 missions offertes pour 400.000 demandes

Entre 2014 et 2015, du fait de moyens déjà accrus et de l'impulsion 
donnée au sommet de l'Etat, le nombre de jeunes en service civique a 
doublé pour atteindre 70.000. C'est toutefois moins que ce que François 
Hollande espérait – il souhaitait, lors de ses vœux de début 2015 aux 
acteurs de l'emploi, "atteindre 100.000 volontaires le plus vite possible".

C'est surtout moins que le nombre de jeunes ayant déposé une candidature 
: près de 400.000 en 2015, selon François Chérèque qui répondait le 8 
janvier à l'AFP. Selon lui, le service civique est un "outil de 
prévention de la radicalisation des jeunes". Une analyse que partage le 
ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, qui 
a en revanche récusé – le 12 janvier, auprès de l'AFP - toute volonté du 
gouvernement de "camoufler" les chiffres du chômage des jeunes.

Si la dynamique des demandes d'engagement a pu être amplifiée par les 
attentats de 2015, elle est pourtant bien aussi alimentée par le désir 
d'"acquérir une expérience". Ce moteur pèse autant que la volonté de 
"s'engager" et celle d'"être utile aux autres", selon un sondage Ifop 
diffusé le 8 janvier par l'Agence du service civique.

Environ 1.000 collectivités accueillent des jeunes en service civique

Autres indicateurs démontrant que les demandes vont continuer à 
augmenter : 85% des 16-25 ans ont une bonne image du service civique et 
60% se disent prêts à s'engager. Pour ceux qui ne l'envisagent pas, le 
premier frein identifié est l'adéquation de cet engagement avec leur 
projet d'études. "D'autres modalités devront être encouragées" , a 
évoqué à ce sujet le président de la République, pour que de jeunes 
étudiants, apprentis, élèves des écoles de la fonction publique puissent 
"réaliser un service civique sous une forme ou sur une autre", 
éventuellement dans le cadre de leur cursus.

Pour créer de nouvelles missions et répondre ainsi à ces nombreuses 
demandes, les collectivités sont donc appelées à se mobiliser. 
Actuellement, les associations demeurent les principaux organismes 
d'accueil des volontaires. Seules quelque 1.000 collectivités reçoivent 
des jeunes en service civique, selon le Centre national de la fonction 
publique territoriale (CNFPT).

"Souvent, ce sont dans les collectivités où les élus sont les plus 
prompts à demander, même, le rétablissement du service national que l'on 
trouve le moins de services civiques", a ironisé François Hollande.

40 conférences pour fournir le "mode d'emploi" aux collectivités

Pour aider les collectivités à s'y mettre, le CNFPT, en partenariat avec 
le ministère de la Jeunesse et l'Agence du service civique, organisera 
d'ici la fin du mois de mai une quarantaine de conférences dans les 
régions de métropole et d'outre-mer. L'objectif, selon François Meyer, 
directeur à la direction des projets du CNFPT, est de "promouvoir le 
service civique et [de] sensibiliser les collectivités".

Au programme de la première conférence, qui aura lieu à 
Châlons-en-Champagne le 2 février : la présentation du cadre juridique 
(et notamment le rappel des obligations des collectivités en matière de 
tutorat, formation, etc.), des missions que peuvent proposer les 
collectivités, les facteurs de réussite ou encore les plus-values pour 
la collectivité, les usagers et les jeunes volontaires.
Le CNFPT diffuse également un guide pratique intitulé "Service civique 
et collectivités territoriales : mode d'emploi" (téléchargeable 
ci-contre), qui s'appuie notamment sur une étude réalisée par des 
étudiants de l'Institut national des études territoriales (Inet) (voir 
l'encadré à notre article du 21 septembre 2015).

Le document rappelle que "les missions de service civique sont au cœur 
des compétences des collectivités" et fournit des exemples de ces 
missions par domaine (action sociale et santé, éducation, jeunesse et 
sports, action culturelle, politique de la ville, environnement, 
tourisme, coopération décentralisée et sécurité).

Service civique et réserve citoyenne : "les maires seront présents"

Sur le service civique comme sur la réserve citoyenne, "les maires 
seront présents", a assuré le 12 janvier François Baroin, président de 
l'Association des maires de France, à l'occasion d'un point-presse de 
présentation de la "journée citoyenne" (démarche sur laquelle Localtis 
reviendra dans un prochain article). Pour le maire de Troyes, dans tous 
les domaines, il existe "un stock exceptionnel de gisements d'actions 
qui peuvent s'inscrire" dans la réserve citoyenne, dont la coordination 
pourrait être assurée "à l'échelle de chaque département".

Déjà mobilisés dans l'armée, la santé et l'éducation, "ces réservistes 
devront être demain présents dans des secteurs comme l'environnement, 
l'encadrement des jeunes, l'accompagnement des personnes âgées", a 
souhaité François Hollande.
Ce dernier a par ailleurs indiqué la tenue fin janvier d'un "grand forum 
de l'engagement" destiné à valoriser "les associations, les fondations, 
les initiatives citoyennes", à "travailler à lever les freins" et à 
"diffuser largement les bonnes idées". Il s'agit, pour le président de 
la République, de prolonger la démarche "La France s'engage" par 
laquelle, depuis 18 mois, 60 projets ont été distingués et soutenus.

Un "carnet citoyen" pour "valider" les étapes du parcours

Pour les jeunes de 16 à 25 ans, en dehors de la généralisation du 
service civique, François Hollande a annoncé la création d'un "carnet 
citoyen" destiné à consigner et "valider plusieurs temps ou formes 
d'engagement" d'un "parcours citoyen généralisé". "On a bien un carnet 
de santé, eh bien on doit avoir aussi un carnet de citoyen", a-t-il 
considéré.

Pour "transmettre aux élèves les valeurs de la République et les moyens 
de s'accomplir dans le respect des autres", ce parcours sera ponctué de 
différentes étapes à l'école - "de l'élémentaire jusqu'à la terminale" – 
et en dehors de l'école : enseignement moral et civique, stage de 
troisième qui pourra être réalisé en association, journée de défense et 
de citoyenneté – journée qui pourrait devenir semaine et être repensée 
pour "orienter les jeunes vers toutes les formes d'engagement et 
notamment vers le service civique" -, etc.

Comme il l'avait déjà évoqué, François Hollande espère laisser sa trace 
avec ce "chantier présidentiel" de l'engagement, qu'il souhaite "aussi 
durable qu'une construction d'acier et de verre".

Caroline Megglé

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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