[Infoligue] Le fonctionnement des écoles pourrait pâtir de la baisse des emplois aidés

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 24 Aou 08:50:11 CEST 2017


Le fonctionnement des écoles pourrait pâtir de la baisse des emplois aidés

Cet été, l’exécutif a décidé de geler une partie des emplois 
subventionnés. Ces contrats permettent de faire tourner le périscolaire, 
la cantine, la surveillance, l’entretien…

Publié par : LE MONDE
Le : 24.08.2017
Par Aurélie Collas

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La rentrée des classes, prévue lundi 4 septembre, sera-t-elle bousculée 
par le coup de frein aux contrats aidés annoncé par le gouvernement ? A 
moins de deux semaines du « jour J », l’inquiétude de la communauté 
éducative est palpable quant aux répercussions de cet arbitrage de 
dernière minute sur le fonctionnement des écoles.

A La Réunion, la rentrée scolaire a été reportée de cinq jours dans la 
plupart des communes de l’île, confrontées à une baisse du nombre de 
contrats aidés. Elle était fixée au vendredi 18 août. Ce n’est que mardi 
22 août que les élèves ont repris le chemin de l’école dans dix-huit des 
vingt-quatre communes du département d’outre-mer.

Dans l’Hexagone, des maires n’excluent pas de leur emboîter le pas, 
estimant qu’en cas de réduction de leurs contrats aidés, ils seront dans 
l’incapacité de faire tourner leurs écoles. Car ces emplois font partie 
intégrante du paysage scolaire, assurant des fonctions allant de 
l’accompagnement des élèves handicapés à l’encadrement des activités 
périscolaires et de la garderie, en passant par la cantine, l’entretien 
des locaux, l’aide administrative, la surveillance…

Depuis un mois, les édiles apprennent que tout ou partie de leurs 
contrats aidés seront gelés pour les derniers mois de l’année : pas de 
nouveaux contrats ni de renouvellement. A l’origine, la consigne du 
ministère du travail donnée aux préfets de réduire la voilure : les 
contrats aidés à destination des entreprises doivent être stoppés et 
ceux réservés au secteur non marchand – Etat, collectivités 
territoriales, associations… – restreints.

« Les familles en pâtiront »

Seuls 110 000 contrats aidés sont prévus pour le second semestre (soit 
une baisse de 40 % par rapport aux six premiers mois de l’année). Au 
total, 293 000 contrats sont programmés en 2017. Un chiffre bien 
inférieur aux 459 000 signés en 2016.

Dans un document révélé par Libération, le ministère du travail fixe 
comme « priorité » l’éducation nationale, aux côtés de l’outre-mer et du 
secteur sanitaire et social. Son enveloppe est fixée à 50 000 contrats 
aidés pour le second semestre – soit près de la moitié des 110 000 
contrats aidés encore disponibles au budget 2017. C’est 20 000 contrats 
de moins que ce dont elle avait bénéficié à la rentrée 2016. Sans 
compter les contrats aidés recrutés par les collectivités locales pour 
faire fonctionner leurs écoles et dont elles vont devoir en partie se 
passer.

Le dispositif est jugé onéreux et « peu efficace » par le gouvernement, 
qui entend investir dans la formation pour lutter contre le chômage. « 
[Son] bilan n’est pas bon, a estimé Jean-Michel Blanquer, le ministre de 
l’éducation nationale, en visite à La Réunion. Il y a donc un virage qui 
se traduit par un peu moins de contrats aidés en cette rentrée. »

« Si l’Etat se désengage, que va-t-il se passer ? », s’inquiète Bruno 
Ficheux, maire (Union des démocrates et indépendants) d’Estaires (Nord), 
une commune de 6 400 habitants, qui emploie 21 contrats aidés, dont sept 
sont affectés aux écoles. « Nous n’avons pas les moyens de remplacer ces 
contrats par des emplois titulaires, explique l’édile. Quelles sont les 
autres solutions ? Supprimer la restauration scolaire et la garderie ? 
Réduire le nombre d’enfants qui en bénéficient ? Limiter le nettoyage 
des locaux ? Faire appel à des bénévoles pour assurer la surveillance 
des enfants ? On peut tout envisager, mais évidemment, ce sont les 
familles qui en pâtiront. »

« Précipitation »

« Je n’ose imaginer que le gouvernement campe sur sa position, qui est 
en décalage complet avec la réalité ! », dénonce de son côté Bernard 
Clément, maire communiste de Domessargues (Gard). Le regroupement 
intercommunal d’écoles qu’il préside compte huit contrats aidés, dont 
cinq sont menacés à la rentrée.

« On a absolument besoin de ces contrats pour assurer la sécurité des 
enfants sur le temps des repas, des activités périscolaires, pour les 
accompagner dans les transports…, assure-t-il. Et je ne parle pas de la 
situation de ces personnes, qui travaillent pour 650 euros par mois et à 
qui on demande brutalement de rester chez elles ! »

Plusieurs associations de maires dénoncent surtout la « précipitation » 
avec laquelle cette décision a été prise. « Nous avertir fin 
juillet-début août que tout est gelé, à un mois de la rentrée, est 
inacceptable ! », estime Pilar Chaleyssin, présidente (sans étiquette) 
des maires du Gard. « Ce dispositif permet à la fois de remettre en 
selle des personnes souvent non qualifiées et éloignées de l’emploi, et 
d’apporter du renfort dans les écoles. Le supprimer va créer un 
dysfonctionnement et une qualité de service moindre », renchérit Agnès 
Le Brun, vice-présidente de l’Association des maires de France.

S’agissant des contrats aidés recrutés, cette fois, par l’éducation 
nationale, « le choix a été fait de donner priorité à l’accompagnement 
des enfants handicapés », assure-t-on Rue de Grenelle. Aux « auxiliaires 
de vie scolaire » (AVS) donc, qui représentent 70 % des contrats aidés 
dans l’éducation nationale.

« Ça va perturber la rentrée »

Le ministère déclare s’engager par ailleurs à poursuivre le plan de 
conversion – initié par la gauche –, des AVS recrutés en contrat aidé en 
« accompagnants » sous contrat de droit public : « 8 068 postes 
supplémentaires par rapport à 2016 pour l’accompagnement des élèves 
handicapés sont prévus à la rentrée », précise l’entourage du ministre.

Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, 
avait assuré, fin juillet dans La Croix, qu’il y aurait, en septembre, « 
le nombre de contrats suffisants pour accompagner les enfants dont les 
familles auront fait la demande ».

La facture risque d’être plus salée pour le reste du contingent : ceux 
qui occupent une mission d’aide administrative aux directeurs d’école 
(20 % des contrats aidés recrutés par l’éducation nationale) et ceux 
affectés à la surveillance au collège et au lycée (10 %).

« Un personnel en moins dans une école, ça va perturber la rentrée, 
craint Alain Rei, président d’une association de directeurs d’école, le 
GDID. Evidemment, ce ne sera pas visible, car les directeurs ont le 
souci du service public et vont compenser. Mais au prix d’une 
exaspération accrue face à l’empilement de leurs tâches qu’ils ne 
parviennent plus à couvrir. »

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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