[Infoligue] Baisse des contrats aidés : « des associations risquent de ne pas y survivre »

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 29 Aou 09:07:00 CEST 2017


  Baisse des contrats aidés : « des associations risquent de ne pas y 
survivre »

Publié par : 
https://www.alternatives-economiques.fr//baisse-contrats-aides-associations-risquent-de-ne-y-survivre/00080038
Le : 24/08/2017

***********************

Jean Burneleau Président de la Coorace

Si les annonces ne sont pas encore limpides, le message l’est : les 
contrats aidés sont dans le viseur du gouvernement. La ministre du 
Travail les juge « coûteux », « pas efficace dans la lutte contre le 
chômage » et ne constituant « pas un tremplin pour l’insertion 
professionnelle ». Le ministère veut donc, à partir du second semestre 
2017 en limiter grandement le nombre. Une division par deux, comparé au 
second semestre de l’année dernière serait envisagée. Jean Burneleau, 
président de Coorace, la fédération nationale de l’économie sociale et 
solidaire, réagit aux annonces gouvernementales avec colère et 
inquiétude. Son réseau réunit 550 structures d’insertion par l’activité 
économique, qui totalisent plusieurs milliers de personnes en contrats 
aidés.

Quelles seront les conséquences de la réduction du nombre de contrats 
aidés pour les entreprises et associations de votre réseau ?

C’est une catastrophe économique. Dans les contrats aidés, ce n’est pas 
l’emploi qui est aidé, mais les structures. Elles ne vont donc plus 
pouvoir assumer leurs tâches, une partie de l’utilité sociale qui était 
la leur va disparaître. Nous avons déjà des adhérents qui estiment que 
leur structure risque d’être en péril économique. Il y en a une, par 
exemple, qui assure des livraisons de repas à domicile pour des gens qui 
ont du mal à se déplacer. Avec la suppression de son contrat aidé, elle 
se retrouve obligée de multiplier par deux son tarif horaire, et le 
client ne pourra pas suivre.

Il n’est pas possible de redéfinir un modèle économique en quelques 
semaines, donc beaucoup suspendent leurs projets. Les structures, les 
municipalités, annulent leurs missions et les engagements qu’ils ont 
pris auprès des publics fragilisés. Elles avaient des projets, des 
budgets pour les prochains mois qui tenaient compte des contrats aidés. 
Cet arrêt et ce coup porté au dynamisme de ces structures vont coûter 
cher à l’économie française.

De plus, c’est une double peine pour les plus fragilisés, car tout 
d’abord cet outil va être retiré aux personnes les plus éloignées de 
l’emploi. Ensuite le travail rendu l’était souvent à destination des 
plus défavorisés, beaucoup de services à la personne notamment. Ils vont 
donc être privés deux fois.

Que savez-vous des plans du gouvernement ? La réduction de signatures de 
contrats est-elle déjà en place ?

Bien sûr ! Nous ne connaissons cependant pas l’ampleur du gel des 
signatures, mais le signal envoyé par le gouvernement est clair : les 
contrats aidés sont remis en question. Ils sont jugés inutiles voire 
contre-productifs. Nous n’avons pas le détail de cette remise en cause 
qui semble être variable selon les départements et l’interprétation des 
uns et des autres. Nous savons, par exemple, qu’à Paris, les signatures 
sont gelées. Nous avons des retours négatifs de plusieurs zones, comme 
la Normandie, les Hauts-de-France et la Nouvelle Aquitaine qui semblent 
également fortement touchées.

Ces annonces ont été faites de façon soudaine et font régner une 
incertitude, ce qui est mauvais pour toutes structures économiques. Du 
fait du flou des mesures, plus personne n’ose prendre de risque. 
L’incertitude est le premier critère de destruction de la confiance.

En outre, la brutalité dans l’annonce produit du découragement. Il ne 
faut pas oublier que tous les administrateurs des associations sont des 
bénévoles et ils ne s’investissent pas pour échouer mais pour réussir 
leurs objectifs, ce discours et ces annonces participent donc à un 
découragement dans l’engagement.

Dans quelle mesure les associations risquent-elles d’être fragilisées ?

Ce sont elles qui vont être les premières frappées. Une association avec 
un modèle économique dépendant de moins de 10 % de subventions est rare. 
Beaucoup vivent avec 50 ou 60 % de subventions, donc dès que les aides 
diminuent, leur existence est remise en cause. Des petites associations 
risquent de ne pas y survivre. Rappelons que les associations ont un 
rôle de lien social, et en les fragilisant c’est également la notion de 
vivre ensemble qui en pâtit.

Dans quel contexte s’inscrivent ces annonces ?

Depuis 2014, nous subissons une baisse de subvention dans l’économie 
sociale et solidaire. Le mode de calcul des subventions a été modifié ce 
qui a engendré leur diminution, les conditions d’accès aux contrats 
aidés ont également été renforcées.

Plus globalement, l’économie sociale et solidaire (ESS) reste une 
économie ignorée. Or elle représente 10 % du PIB et 12 % des emplois 
privés. Il y a une ignorance et un mépris des gouvernements successifs 
envers ce secteur.

Quelles vont être les conséquences pour le public qui bénéficie de ces 
contrats aidés ?

La principale qualité des contrats aidés est de permettre à ses 
bénéficiaires d’accéder à la formation et à la qualification et cela 
risque d’être perdu. Ensuite, une grande partie des personnes qui 
s’adressent à nous sont des femmes, elles souffrent déjà d’une plus 
grande précarité sociale mais la remise en cause des contrats aidés va 
encore plus les pénaliser. Dans de nombreux cas, le contrat aidé permet 
de payer un logement, de pouvoir éventuellement récupérer la garde des 
enfants, etc.

Ce dispositif présente également la particularité de s’adresser à tous 
les âges, c’est important. Ça permet à de nombreuses personnes, pas loin 
de la retraite, de finir leurs carrières dignement. Ou à l’inverse pour 
des jeunes, d’avoir une première expérience professionnelle. Leur 
suppression risque d’en renvoyer certains vers la marginalisation.

Propos recueillis par Justin Delepine

-- 

-----------------------
Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
-----------------------
Nos sites :
http://www.laligue-alpesdusud.org
http://www.laligue-alpesdusud.org/associatifs_leblog
-----------------------





Plus d'informations sur la liste de diffusion Infoligue