[Infoligue] Contrats aidés : la lettre ouverte d’acteurs de l’insertion à Emmanuel Macron
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 29 Aou 09:30:21 CEST 2017
Contrats aidés : la lettre ouverte d’acteurs de l’insertion à Emmanuel
Macron
Publié par :
https://www.alternatives-economiques.fr//contrats-aides-lettre-ouverte-dacteurs-de-linsertion-a-emmanuel-macron/00080060
Le : 25/08/2017
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Suite à l’annonce par la ministre du Travail Muriel Pénicaud d’une
diminution drastique des contrats aidés, la fédération associative
COORACE interpelle Emmanuel Macron dans une lettre ouverte.
« M. le Président de la République,
C’est avec sens des responsabilités et empreint de gravité que je
choisis de m’adresser directement à vous, au nom de la fédération
COORACE. COORACE, ce sont 550 entreprises de l’économie sociale et
solidaire réparties sur l’ensemble du territoire et plus de 70 000
salarié-e-s. Des entreprises et des militant-e-s qui s’engagent au
quotidien pour l’emploi, la dynamisation des territoires et le
renforcement du lien social. Des entreprises qui s’engagent pour faire
vivre la solidarité dans un pays où, vous le savez, la cohésion sociale
et le vivre ensemble sont soumis à rude épreuve.
Les fondateurs de notre fédération ont connu l’illégalité, il y a
maintenant plus de 30 ans, quand, en tant que simples citoyen-ne-s,
elles-ils ont décidé d’agir, envers et contre tout, pour protéger leurs
semblables de la précarité face à la montée du chômage. En 1987,
Philippe Seguin, alors Ministre des affaires sociales, en donnant un
cadre juridique aux associations intermédiaires, posa les premières
pierres de ce que l’Etat allait nommer la politique active de l’emploi.
Déterminées, nos entreprises associatives ont dû, depuis, se réinventer
pour faire face au déclin des territoires et au chômage de masse
installé durablement ; trouver des solutions, innover, coopérer, en
conjurant les baisses de financement et les incertitudes liées aux
alternances politiques.
Ces incertitudes ne faiblissent pas depuis votre élection, M. le
Président de la République. Notamment depuis les annonces des premières
mesures portées par votre gouvernement. Nous avons été interpellés par
la baisse des APL, que nous avons dénoncée comme un arbitrage
technocratique ; interpellé-e-s également par les coupes budgétaires sur
le logement très social, la politique de la ville, l’égalité femmes-hommes.
Certes, des hauteurs de Bercy, soustraire ne reste qu’une opération
comptable incapable de mesurer les conséquences de ses choix sur le
maintien de notre pacte social, de fait, de notre contrat républicain.
Une nouvelle étape vient d’être franchie qui va mettre en péril de
nombreux adhérent-e-s de notre fédération et plus généralement
l’ensemble du tissu associatif national. En deux minutes de discours à
l’Assemblée Nationale, pas moins, la ministre du Travail, Mme Pénicaud,
annonce la diminution drastique des contrats aidés, jugés « trop chers,
pas efficaces ».
Notre tissu associatif est plongé dans l’incertitude
Ces contrats aidés, permettez-moi de vous le rappeler, Monsieur le
Président de la République, participent à la redynamisation de l’emploi
dans nos territoires ruraux et urbains, dans des contextes économiques
extrêmement tendus, où la cohésion sociale est mise à mal chaque jour.
Ils réarment les personnes qui réussissent, grâce à ces dispositifs, à
sortir du chômage de longue durée. Ils agissent comme un tremplin vers
l’emploi, par les effets conjugués de l’activité professionnelle, de
l’accompagnement et de la formation.
Ils répondent, aussi, permettez-moi de vous le rappeler Monsieur le
Président de la République, à des besoins forts d’utilité sociale, non
couverts par le marché et l’Etat. Ils sont destinés aux plus
fragilisé-e-s par le chômage de masse : personnes privées d’emploi sans
qualification, jeunes des quartiers, personnes âgées et handicapées.
Comment, en quelques semaines, les entreprises de notre réseau
pourraient-elles réinventer leurs modèles économiques pour faire face à
cette baisse des ressources humaines, sans mettre en péril leurs actions
voire leur existence ?
Le tissu associatif dans notre pays est plongé dans l’incertitude.
Incertitude qui touche également les milliers de personnes qui attendent
actuellement le renouvellement de leur contrat pour retrouver le chemin
du travail. Une évaluation des contrats aidés, comme toute politique
publique, est nécessaire comme le préconise la Cour des comptes. Cette
évaluation, ainsi que les mesures qui permettront plus d’efficacité vers
l’emploi durable, ne pourront être menées à bien qu’en y associant
l’ensemble des acteurs/trices, notamment les bénéficiaires de ces contrats.
Ce n’est pas la voie de la concertation que votre gouvernement a
choisie. La méthode retenue est brutale et déstabilise nos structures.
Devons-nous considérer que nous sommes à un point de rupture ?
Avons-nous définitivement dépassé le stade où nous pouvons, entre la
politique que vous menez, et nos actions au quotidien, trouver le
moindre commun ?
Nous souhaiterions, Monsieur de Président de la République, que vous
nous éclairiez sur les voies qui pourraient encore nous mener
collectivement à une plus société plus fraternelle, inclusive,
solidaire, quand la cohésion sociale est à ce point ébranlée par les
orientations de votre gouvernement.
M. le Président de la République, nous vous invitons à écouter les sans
voix, à regarder les sans visages et à leur prouver qu’une histoire
commune est encore possible.
Avec mes très respectueuses salutations.
Monsieur Jean Burneleau,
Président de la fédération COORACE »
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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