[Infoligue] Devant le COJ, Jean-Michel Blanquer esquisse les contours de sa politique Jeunesse

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 30 Juin 08:34:46 CEST 2017


  Devant le COJ, Jean-Michel Blanquer esquisse les contours de sa 
politique Jeunesse

Publié par : http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/
Le : 29/06/2017
Par : Caroline Megglé

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Le ministre de l'Education nationale prononçait ce 29 juin son premier 
discours au titre de ses attributions "jeunesse et vie associative", 
devant le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse qui se 
réunissait pour la deuxième fois depuis sa récente création.

C'était l'épreuve de feu "Jeunesse" du nouveau ministre de l'Education 
nationale. Ce dernier s'exprimait ce 29 juin devant l'assemblée plénière 
du Conseil d'orientation des politiques de jeunesse (COJ). Installée en 
janvier dernier par Bernard Cazeneuve, alors Premier ministre, 
l'instance réunit de façon large les acteurs associatifs et 
institutionnels de la jeunesse, de l'insertion et de l'éducation 
populaire  (treize ministères représentés autour du délégué 
interministériel à la jeunesse, six représentants de collectivités, les 
porte-paroles d'organisations de jeunes et d'usagers, de missions 
locales ou encore de syndicats).
Ces acteurs de la jeunesse ont plutôt été habitués, ces cinq dernières 
années, à être choyés par l'exécutif national, entre une "priorité 
Jeunesse" fortement portée par l'ancien président de la République et un 
ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports déchargé en partie 
des volets "Ville" et "Sports" du fait de la présence de deux 
secrétaires d'Etat pendant l'essentiel du quinquennat.

Avec l'attribution du portefeuille "jeunesse et vie associative" à 
Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale, les 
associations et les administrations dédiées aux jeunes pressentent que 
leur nouvel interlocuteur gouvernemental aura moins de temps à leur 
consacrer. Mobilisé sur des réformes d'ampleur telles que le 
dédoublement des classes de CP dans les réseaux d'éducation prioritaire 
dès la rentrée 2017, ce nouveau ministre aura-t-il au moins la volonté 
d'être dans le dialogue et de tracer une voie pour les politiques de 
jeunesse ?

"Mon rôle est de faire vivre la dimension interministérielle" de cette 
politique

"La jeunesse et la vie associative seront au cœur de notre action", a 
d'emblée tenu à assurer Jean-Michel Blanquer. Soulignant l'"immense 
cohérence [de ces thématiques] avec le portefeuille de l'Education 
nationale", le ministre a toutefois dit avoir compris la "déception" de 
ceux qui attendaient que le mot "Jeunesse" figure dans un intitulé 
ministériel, justifiant ce choix par la volonté du président de la 
République et du Premier ministre de s'appuyer sur un "gouvernement 
restreint" et de mettre fin à l'"inflation sémantique".

C'est pourtant à travers une série de mots bien choisis que le ministre 
en charge de la jeunesse et de la vie associative a qualifié la 
philosophie et la méthode de la politique qu'il souhaitait impulser : 
"engagement", "confiance", "contagion positive", "intelligence 
collective", "responsabilisation" ou encore "travail d'équipe", "union 
et esprit constructif". Des mots et quelques vastes questionnements 
destinés à imprimer une approche - "comment est-ce qu'un monde de plus 
en plus technique peut devenir de plus en plus humain ?".

Devant une assemblée composite, l'ancien directeur de l'Essec n'a pas 
manqué de revendiquer la dimension interministérielle des politiques de 
jeunesse : "mon rôle est de la faire vivre", a considéré le ministre, 
citant notamment l'enseignement supérieur, la culture, la santé, le 
handicap et les armées.

La "continuité", notamment dans la poursuite "résolue" de la montée en 
charge du service civique

Sur le fond, Jean-Michel Blanquer a donné quelques indices des 
orientations qu'il souhaitait privilégier. Avec, là encore, des mots clé 
: la "continuité de l'action de l'Etat". Le ministre a pu ainsi 
découvrir le "caractère central" du service civique dans le budget 
Jeunesse et vie associative dont il héritait. "Nous devons poursuivre de 
manière résolue la montée en charge du service civique", a-t-il indiqué, 
qualifiant le dispositif de "grand sujet de consensus national" et 
soulignant son "utilité" pour les jeunes et la société.

Jean-Michel Blanquer souhaite mobiliser fortement le volontariat de 
service civique dans la lutte contre le décrochage scolaire, notamment 
dans le cadre des futures études dirigées permettant aux élèves de faire 
leurs devoirs à l'école. "On aidera la jeunesse en l'aidant à nous 
aider", a glissé le ministre, toujours dans l'idée de définir un certain 
"état d'esprit". Par un développement "quantitatif" mais aussi 
"qualitatif", le service civique devra aussi contribuer à bâtir cette 
"société de confiance", entre les âges et les cultures en particulier, 
que le nouveau ministre appelle de ses vœux.

Vers un volet "jeunesse" dans le PIA 3 ?

Pour "favoriser l'autonomie des jeunes", le ministre de l'Education 
nationale a énoncé trois axes : la "lutte contre le non-recours aux 
droits sociaux, la territorialisation des politiques de jeunesse et la 
mise en synergie des acteurs". Là encore, la continuité est de mise 
puisqu'il s'agirait de conforter des actions et expérimentations mises 
en œuvre pendant la précédente mandature et pour certaines inscrites 
dans la loi Egalité et Citoyenneté : le renforcement de l'information et 
de l'aide à l'orientation, notamment à travers la "redynamisation" du 
réseau Information Jeunesse (voir notre article du 24 avril 2017), la 
poursuite de l'expérimentation de la boussole des droits, l'idée de 
faire évoluer la Journée défense et citoyenneté, la volonté de 
"développer l'esprit de participation et de responsabilisation" des 
jeunes et le développement du "dialogue structuré". L'occasion aussi, 
pour lui, d'encourager la "vie associative", à l'"importance 
fondamentale" et "déjà tonique", mais qu'il entend aider à "aller encore 
plus loin".

Le ministre s'est dit de façon générale favorable à l'expérimentation et 
désireux de "travailler" à l'avenir du fonds d'expérimentation pour la 
jeunesse (FEJ). En attendant, il aurait d'ores et déjà plaidé auprès du 
commissaire général à l'investissement pour le maintien d'un volet 
"jeunesse" dans le troisième Programme d'investissements d'avenir (PIA 3).

Positif mais vigilant, le COJ est au travail

Si ces propos sont "rassurants", attention à ne pas céder à 
l'"angélisme", a commenté Manuel Gresillon, président de l'Union 
nationale de l'information jeunesse, après le départ du ministre. "Il 
faut être positif, c'est clair, mais on sait aussi que ce n'est pas 
gagné", a-t-il poursuivi, résumant probablement assez bien le sentiment 
général.

En attendant les arbitrages budgétaires de l'automne, le COJ est entré 
lors de cette deuxième réunion plénière dans le vif de ces travaux. Son 
programme de travail a été élaboré au sein de deux commissions 
thématiques. Dans le cadre de la commission dédiée à l'éducation 
populaire, deux groupes de travail ont commencé à plancher sur deux 
sujets : "globalité et continuité éducatives" et "des initiatives 
citoyennes au pouvoir d'agir". Quant à la commission centrée sur 
l'insertion des jeunes, elle a constitué quatre groupes thématiques : 
"autonomie et droits sociaux", "sécuriser et fluidifier le parcours 
d'orientation", "discriminations dans l'accès au monde du travail" et 
"repérer et mobiliser les jeunes pour faciliter leur insertion".
Enfin, pour que ces séances plénières soient davantage que de 
traditionnels débats entre experts et pour permettre à ces mêmes experts 
de continuer à s'imprégner du vécu des jeunes eux-mêmes, le COJ entend 
solliciter régulièrement des témoins. Ce 29 juin, cinq jeunes aux 
situations très diverses - dont un jeune diplômé en situation de 
handicap, une jeune femme arrivée en France alors qu'elle était mineure 
ou encore une créatrice d'entreprise exerçant dans un territoire rural - 
ont ainsi raconté leur expérience.

"Ce croisement est essentiel", a considéré Valérie Dumontet, 
vice-présidente du département de l'Aude, représentant l'Assemblée des 
départements de France. "On a les outils pour agir différemment", a 
souligné l'élue, appelant à "continuer dans cet esprit-là au sein du COJ".

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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