[Infoligue] Les associations lancent une campagne pour inciter les candidats à la présidentielle à s’engager dans la lutte contre les inégalités

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 24 Mar 09:34:01 CET 2017



*Les associations lancent une campagne, jusqu’au 21 avril, pour inciter 
les candidats à la présidentielle à s’engager dans la lutte contre les 
inégalités > https://www.appel-des-solidarites.fr/*


Nicolas Hulot : « La solidarité est peut-être le premier parti de France »

Publié par : LE MONDE
Le :  23.03.2017
Propos recueillis par Simon Roger et Raphaëlle Besse Desmoulières

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Quatre-vingts associations, dont la Fondation Nicolas-Hulot (FNH), 
lancent une campagne pour inciter les candidats à ériger la lutte contre 
les inégalités comme l’une de leurs priorités. Le militant écologiste a 
rencontré les favoris de l’élection présidentielle, à l’exception de 
Marine Le Pen, pour leur soumettre des propositions.

Quel est le sens de cette initiative ?

Cet « appel des solidarités », du 23 mars au 21 avril, peut être une 
inspiration, et une respiration, salutaire dans la campagne électorale. 
Nous pesons chacun dans nos domaines, mais nous ne représentons pas une 
force collective. On a besoin de se compter pour montrer que la 
solidarité est peut-être le premier parti de France. Mis bout à bout, 
ces réseaux dépassent les 10 à 12 millions de personnes. Tous les ans au 
minimum, cet archipel des solidarités se réunira et évaluera les 
politiques publiques et l’état des inégalités. Si effectivement nous 
faisons masse, ce que j’espère, le prochain gouvernement aura à cœur de 
tenir compte de nos propositions.

Comment imposer ce rapport de force ?

L’action humanitaire ne doit plus être le paravent de l’indifférence ou 
de l’inaction politique. Dans notre monde connecté, on ajoute de 
l’exclusion à l’exclusion et on produit de l’humiliation, qui explique 
les formes d’intégrisme et d’exaspération qui se développent. On ne peut 
plus s’accommoder, par exemple, que des centaines de milliers d’enfants 
meurent de maladies que l’on sait guérir, simplement parce qu’ils ne 
sont pas nés au bon endroit. Cette situation ne peut perdurer puisque 
nous avons ouvert en grand le livre du monde. Par notre mouvement, nous 
voulons rappeler cette injonction de solidarité.

Ce message est-il audible alors que les affaires polluent la campagne 
présidentielle ?

Notre campagne est justement un appel d’air dans un climat pollué par 
les affaires, les préjugés et autres idées reçues qui risquent de nous 
emmener dans l’impasse du repli sur soi.

Le repli sur soi serait par conséquent la pire des solutions ?

Cette tentation est contraire au sens de l’Histoire. Si nous y cédons, 
l’issue sera chaotique. On sent bien déjà que nous arrivons à un point 
de rupture. Nous sommes obligés de préférer la main tendue aux bras 
croisés, de construire des passerelles plutôt que des murs, de passer 
d’un modèle économique de compétition à un modèle de coopération. Chacun 
le sent intimement, on danse sur un volcan en feu. Se replier sur soi, 
c’est la réaction de l’animal qui se réfugie dans son terrier. Nous qui 
sommes censés être les animaux les plus évolués, nous ne devons pas 
céder à cet instinct primaire.

Parmi les 500 propositions portées par cet appel, y en a-t-il une qui 
vous tient plus à cœur ?

La fiscalité. C’est ce qui permet de structurer les modes de production 
et de consommation et d’accompagner leurs mutations. La révision de la 
fiscalité repose sur deux grands principes : d’une part soulager la 
fiscalité du travail pour libérer de l’emploi, d’autre part pénaliser 
les activités responsables de forts impacts environnementaux et taxer 
les revenus issus du capital, de rente, etc.

Quel regard portez-vous sur la campagne en cours ?

Force est de reconnaître que chez Jean-Luc Mélenchon – et ce n’est en 
aucun cas un soutien –, chez Benoît Hamon plus récemment, et même chez 
Emmanuel Macron, il y a un certain nombre de propositions qui ne sont 
pas inintéressantes. Et on assiste mine de rien à un renouvellement : 
Hamon est nouveau, Macron est nouveau, même si la nouveauté n’est pas 
forcément une garantie de fiabilité. Une recomposition est en cours, 
certains schémas vont voler en éclats. L’écologie va renaître quelque 
part, même si je ne sais pas sous quelle forme.

M. Macron a déclaré devant les chasseurs qu’il était favorable à la 
réouverture des chasses présidentielles…

Cela a été l’objet de mon premier SMS cinglant. C’est pour moi 
révélateur d’un état d’esprit. Qu’ont représenté ces chasses 
présidentielles si ce n’est un privilège entre chefs d’Etat ? Comme si 
M. Macron avait besoin d’aller flatter les chasseurs au moment où il est 
crucial de redonner des droits à la nature. Dans ce cas, il faut qu’il 
aille voir aussi les cueilleurs de champignons, les pêcheurs à la 
mouche, les chasseurs de papillons ! Il ne faut pas juste additionner 
quelques mesures mais respecter une cohérence et des principes éthiques, 
philosophiques, humanistes.

François Fillon, lui, apparaît particulièrement silencieux sur ces sujets…

Je m’étonne que lui qui assume sa foi religieuse n’ait pas été 
interpellé par l’encyclique du pape sur l’écologie. Le modèle 
productiviste a longtemps dominé les débats mais à gauche, au moins, on 
sent que les positions ont évolué. Depuis 2012, la France a sa loi sur 
la transition énergétique, et François Hollande, avec son entêtement sur 
la conférence climat (COP21), a permis de franchir un pas important fin 
2015.

Votre message est-il aussi d’inciter les électeurs à se rendre aux urnes ?

Oui, il faut aller voter. L’abstention profitera en premier au Front 
national. Il n’y a jamais de candidat parfait mais la démocratie permet 
de voter pour une vision, une exigence, et de se déterminer sur des 
critères humanistes.

L’extrême droite peut-elle accéder au pouvoir en mai ?

Il y a des pays européens qui se sont réveillés un matin avec des 
extrémistes au pouvoir alors que la veille, ils n’y pensaient pas 
encore. On sent bien qu’il y a un relâchement moral et une 
déculpabilisation d’adhérer à ces thèses. Nous devons être les 
garde-fous de cette tentation. Je ne jette pas la pierre à ces 
électeurs, mais je leur dis que ce vote ne réglera rien.

Comment expliquez-vous qu’en Autriche ou aux Pays-Bas, des candidats 
écologistes aient émergé face à l’extrême droite ?

Dans ces deux pays, les écologistes sont apparus comme une alternative. 
En France, les écologistes n’ont pas réussi, sans parodier Benoît Hamon, 
à dessiner un futur désirable. Leur difficulté à convaincre ceux 
auxquels ils s’adressent est leur principale faiblesse. Si l’on veut 
faire évoluer l’agriculture, il ne faut pas commencer par mettre tous 
les agriculteurs dans le même panier. En même temps, si on avait écouté 
davantage les écologistes, nous serions aujourd’hui dans une situation 
moins critique.

     Raphaëlle Besse Desmoulières
     Journaliste au Monde Suivre Aller sur la page de ce journaliste 
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     Simon Roger
     Journaliste au Monde


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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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