[Infoligue] Colos à vendre !

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 23 Mai 10:52:05 CEST 2017


Colos à vendre !

Publié par : https://theconversation.com
Le : 22 mai 2017

Auteurs :
- Jean-Michel BOCQUET - Chargé de cours à Paris XIII - Pédagogue - 
Doctorant en Sciences de l'éducation CIRNEF, Université de Rouen Normandie
- Cyril DHEILLY - Doctorant en sciences de l'éducation, CIRNEF, 
Université de Rouen Normandie

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Depuis trois années, le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des 
Sports (MVJS) développe et finance une campagne de communication pour 
relancer les colonies de vacances (colos). Ces actions s’appuient sur un 
double constat : d’une part, la diminution du nombre de départs 
d’enfants en colonie de vacances se poursuit depuis les années 70 (une 
baisse d’environ 30 000 enfants par an depuis 2007, soit plus 220 000 
mineurs qui ne partent plus en colos entre 2007 (1 202 628) et 2015 (982 
520)) et il semble d’autre part nécessaire de rassurer les parents sur 
l’image des séjours et leur « qualité », afin qu’ils acceptent d’y 
inscrire leurs enfants.

Dans ce contexte, le MVJS a pris un parti, celui d’envisager les 
colonies de vacances comme un produit à vendre à des clients, les 
parents ou les enfants, et utilise pour cela tout le panel des outils du 
marketing et du marché.

Ce parti-pris pose plusieurs questions : dans quelle mesure les colonies 
de vacances peuvent-elles réellement constituer un marché ? Les 
super-organisations qui se profilent à l’horizon sont-elles finalement 
des effets contre-intuitifs ou un système sciemment mis en place ? 
Qu’est-ce qui justifie que l’argent public finance une telle campagne de 
publicité ? Quels sont les enjeux des départs des enfants en colonies de 
vacances ? Au détriment de qui et de quoi les évolutions constatées se 
font-elles ?

Nous allons reprendre dans un premier temps l’histoire récente de la 
politique du MVJS sur la question des colos pour comprendre pourquoi la 
seule réponse proposée aux associations et organisateurs est de basculer 
dans la logique de marché. Nous verrons ensuite que le « marché » des 
colos est actuellement en grand changement, mais que le MVJS a fait le 
choix d’ignorer l’innovation en qualité de proposition inattendue, la 
réflexion profonde sur le sens, pour s’orienter de manière privilégiée 
sur des fusions-acquisitions des grands opérateurs. Enfin, nous verrons 
que les enjeux des colos ne se retrouvent pas uniquement dans le domaine 
du tourisme, mais qu’ils constituent un vecteur de politique publique 
important, qui permet de façonner la société d’aujourd’hui et demain.

La campagne de communication 100 %colo lancée par le MVJS trouve son 
origine en mars 2015, lorsque le Comité interministériel à l’égalité et 
à la citoyenneté (CIEC) décide de mettre des moyens sur des actions 
permettant d’établir et construire de la mixité. La Direction de la 
jeunesse, de l’education populaire et de la vie associative (DJEPVA) 
ressort des cartons un travail jusqu’alors non abouti, faute de moyens – 
la création d’un label permettant de faire la distinction entre ceux qui 
font de la mixité sociale et ceux qui n’en font pas –, le toilette puis 
l’habille de critères de qualité, et le fait rentrer dans les 
financements du CIEC : c’est le dispositif #GenerationCampColo (#GCC).

Il s’agit en effet d’un appel à projets permettant aux organisateurs 
agréés Jeunesse et éducation populaire de pouvoir percevoir quelques 
milliers d’euros pour leurs projets innovants, dans la mesure où ces 
derniers répondent tout d’abord à quelques critères (par ex. : absence 
de prestataires, circuits courts, pratiques innovantes) et sont investis 
dans une volonté et une réflexion sur la mixité des publics. Une 
évaluation et une campagne de communication sont également mises en place.

L’évaluation du dispositif #GCC – qui va au-delà de celle des structures 
en elles-mêmes – montre qu’il n’y a pas ou peu d’innovation et de mixité 
dans les colos. L’évaluation, réalisée par un collectif de chercheurs 
aux multiples approches, pointe « l’insuccès du dispositif ». Comment 
réagit la DJEPVA ? Elle conteste puis refuse l’évaluation, refuse de 
payer le travail et poursuit l’action déjà pensée et engagée, en faisant 
fi des préconisations et de ce que montre le rapport : le marché (par la 
segmentation) et les politiques publiques (par le ciblage de 
populations) séparent les publics.

Les politiques libérales (notamment les appels à projets, la mise en 
concurrence) renforcent la séparation des publics. Vouloir construire de 
la mixité n’est possible que si on met au travail ce qui fabrique ces 
séparations : le marché. Il est donc possible de faire l’hypothèse qu’en 
fait le MVJS, et particulièrement la DJEPVA, ne voudrait pas vraiment 
faire de mixité, malgré les discours tenus, mais veut absolument laisser 
à penser qu’elle agit dans ce sens. Pour cela, une étude de 
l’organisation du marché des colos et des difficultés qui en sont 
inhérentes permettra de mieux discerner les choses dans le système en place.


La face cachée du monde des colos ou comment manger les autres sans être 
mangé…

Les organisateurs de colos apparaissent sous quatre formes : d’une part 
les gros organisateurs souvent adossés à des fédérations d’éducation 
populaire, à d’importants Comités d’Entreprise ou à l’Union nationale 
des association de tourisme (Vacances pour tous, UCPA, PEP, etc.) ; 
ensuite les associations ayant une activité toute l’année, inscrites sur 
des territoires (scoutisme, Mouvement rural de jeunesse chrétienne) ; 
encore, les tout-petits organisateurs souvent associatifs, auxquels on 
peut également rapprocher des mairies, des petits CE ; enfin quelques 
sociétés privées, d’envergures diverses, que nous distinguons des autres.

Les gros organisateurs ont fait le choix depuis de nombreuses années de 
vendre des séjours. Ils utilisent, malgré leur statut associatif, les 
outils du commerce (site Internet, publicité, catalogue, centrale 
d’achat, plate-forme téléphonique, etc.). Ces acteurs sont regroupés 
dans des associations ou fédérations qui siègent dans toutes les 
instances de cogestion du MVJS : groupe de travail, jury d’obtention des 
Brevets d’aptitudes aux fonctions d’animateur/de directeur (BAFA/D), 
Commission d’habilitation des organismes de formation BAFA/D, Fonds de 
coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire, Commission 
régionale de la jeunesse, des sports et de la vie associative, etc.

Leur principe est finalement assez simple : le marché des colos devenant 
de plus en plus petit, il faut garder ses clients et parfois fusionner 
avec d’autres pour devenir de plus en plus gros. Ceci est de fait 
possible, car les gros organismes sont en capacité de répondre aux 
marchés publics permettant de garantir une partie de leurs revenus 
(colos, mais aussi centres de loisirs, temps d’animation périscolaire, 
gestion de structures sportives, etc.). Depuis quelques années, on 
observe une concentration des acteurs, comme le montrent les récentes 
acquisitions de l’UCPA. Il est à noter que Telligo, aujourd’hui sur le 
point d’être absorbé, avait récupéré une partie des activités de la 
FOCEL (Ligue de l’enseignement 77) après sa liquidation judiciaire.

La différence entre société et association a disparu, les mêmes méthodes 
sont d’ailleurs utilisées (voir le parallèle fait par les représentants 
de l’UNAT sur le développement du marché du vin et ce que pourrait être 
celui des colos), les associations créent des sociétés pour vendre 
(Vacances pour tous international est une société détenue par la Ligue 
de l’enseignement), les uns rachètent les autres et inversement. À la 
raréfaction des fonds publics, s’ajoute l’épineuse question de la mise 
aux normes des bâtiments de colos et les coûts exorbitants que cela 
entraîne.

Les associations, souvent locales, et les municipalités propriétaires de 
bâtiments de colonies de vacances sont dans l’incapacité de faire face 
aux investissements requis pour mettre leurs bâtiments aux normes de 
sécurité et d’accessibilité. La vente est alors l’une des solutions 
envisagées. Une autre de ces solutions repérées est d’essayer de monter 
des dossiers de subventions ou de mécénat : mais comment obtenir les 
millions d’euros nécessaires ? S’il existe aussi un fonds à la Caisse 
des Dépôts et consignation, le TSI (Tourisme social investissement), 
celui-ci impose des montages financiers (séparation des activités) et un 
changement de destination du bâtiment qui font que les associations et 
municipalités ne l’utilisent pas.

Pourquoi une association de colo viendrait à perdre une partie de sa 
propriété pour faire autre chose que des colos ? À cette question, la 
majorité choisit et répond : vendons ou fusionnons avec un plus gros. 
Selon une approche plus politique, faut-il laisser aux seuls banquiers 
la question de l’aménagement du territoire ou encore décider de la forme 
des loisirs enfantins ? Comment serait-il possible qu’il en soit autrement ?


« J’vous écris une petite bafouille, pour pas qu’vous fassiez d’mouron… »

Pour conclure sur la grande fragilité du marché des colos, il faut 
ajouter que la segmentation du marché par les organisateurs est en même 
temps la cause et la réponse au problème constaté, via des séjours 
construits afin d’attirer un public particulier et un recrutement qui se 
fait sur toute la France et/ou en vendant des places à des Comités 
d’entreprises, des Collectivités ou directement à des particuliers. Pour 
ce faire les associations ont grandement investi dans les outils 
publicitaires : catalogue, site Internet, vente en ligne, plate-forme de 
blog, marketing, labellisation et démarche qualité. Tout ceci afin 
d’attirer de nouveaux clients et de rassurer les parents. Mais les colos 
ne sont-elles vraiment qu’un produit comme les autres, qui peut se 
vendre comme tout produit ? C’est loin d’être sûr… Les chiffres de 
fréquentation en baisse nous laissent d’ailleurs estimer le contraire.

Un parent, qui veut envoyer son enfant en colo, pense le confier à la 
mairie ou à un CE, mais en fait il le confie à un 
organisateur/producteur de séjours qui n’a aucun ancrage avec le 
territoire ou avec les salariés. Le parent ne connaît ni l’organisateur, 
ni le directeur, ni les animateurs. Il ne sait pas vraiment qui appeler 
ou comment obtenir des informations au-delà des documents fournis, il ne 
sait pas où se plaindre en cas de problème ou à la fin du séjour, il n’a 
pas vraiment d’interlocuteur en face de lui.

Pendant la colo, il a souvent l’injonction de ne pas donner de téléphone 
portable à son enfant ou de ne pas l’appeler, il ne sait pas si ses 
croyances ou valeurs seront respectées, il n’a aucune idée d’avec qui il 
va se trouver, s’il va pouvoir changer de chambre en cas de problèmes, 
etc. Comment peut-il alors être rassuré et ainsi accepter de confier son 
enfant dans de telles conditions et avec une telle mise à distance ?


Des publics ciblés versus des petits organisateurs isolés

La segmentation conduit aussi les enfants à ne pas se mélanger : on peut 
repérer des colos de riches (que les riches apprécient), de pauvres (que 
les pauvres rejettent), de filles, de garçons, de ruraux et d’urbains. 
Pour ce faire, la segmentation s’appuie sur l’activité annoncée et la 
destination. Les organisateurs cherchent les clients à forte valeur 
pécuniaire pour augmenter leurs marges financières. Pour les satisfaire 
ils développent les services dont ils ont envie : tourisme, éducation, 
humanitaire, farniente, etc.

Les séjours pour pauvres sont quant à eux vendus aux collectivités : ils 
se déroulent en France et sont multiactivités (autrement dit, sans 
prestation extérieure). Que peut faire, dans ce contexte, un parent de 
la classe moyenne ? Pas grand-chose. Le séjour touristique est trop 
cher… et nombreux sont ceux qui hésitent à mettre leur enfant dans les 
séjours de pauvres, ayant peur qu’il soit en difficulté avec les autres.

Ainsi, les enfants de ces familles ne partent plus en colo. La mixité 
n’y existe plus et une partie entière de la population n’a plus accès 
aux colos. La logique est poussée à son extrême, puisqu’il existe des 
séjours spécifiques pour tous les publics soumis à distinction critériée 
: enfants en situation de handicap (vacances adaptées), enfants 
hospitalisés (séjours sanitaires), enfants issus d’un quartier politique 
de la ville (séjours VVV), etc.

Dans ce contexte, les organisateurs implantés localement et ayant des 
valeurs fortes et identifiées (scoutisme et le MRJC) se développent et 
on voit également apparaître des petits opérateurs. Ces apparitions 
pourraient être vues comme le souffle d’une dynamique émergente dans le 
marché des colos. Il n’en est rien. Ces opérateurs (souvent associatifs 
et tout-petits) se créent en rupture avec la dynamique marchande 
installée par les grands opérateurs et le ministère.

N’ayant que difficilement accès aux groupes de cogestion, ils n’ont 
aucun poids sur les évolutions du champ des colonies de vacances, ils 
n’ont pas ou peu accès aux subventions d’état : pas d’agrément, dossiers 
trop lourds ou trop complexes, innovations impossibles par l’excès de 
normes, fonds propres insuffisants.

Pourtant, nombreuses sont les associations à imaginer et construire des 
colonies différentes : 400 coups, la Maison de Courcelles, Cités 
d’enfants, Vacances sauvages, Bidouillerie, Evasoleil, La Bêta-Pi, etc. 
Elles sont souvent en rupture ou en désaccord avec les fédérations ou 
les grands organisateurs. Elles font des colos guidées par les idées 
d’émancipation, de loisirs, de liberté, de choix ou de décision de 
l’enfant, par la construction pédagogique, par la recherche empirique ou 
pour accueillir des publics qui ne trouvent pas de place ailleurs.

Autant de champs oubliés ou enfouis par les grands organisateurs centrés 
principalement sur une idée définie et fermée de la qualité, la 
satisfaction du client, le chiffre d’affaires et quelques actions 
solidaires. Il est à rappeler que ces grands organisateurs se sont 
développés ou construits grâce à des fonds publics, notamment des 
subventions ou des dotations de fonctionnement, dans une cogestion du 
champ avec l’état. C’est précisément ce qu’ils refusent conjointement à 
ces petits acteurs.

Comme l’énonçait le Député Michel Ménard, auteur en 2013 d’un rapport 
parlementaire qui fait date sur le sujet des colos :

     « Les grandes organisations peuvent avoir tendance à se scléroser. 
Le “small” n’est pas toujours “beautiful”. Il ne faut pas opposer les 
deux formes d’organisations. Le dynamisme d’une petite association 
n’exclut pas l’appartenance à un réseau ou une fédération ».

La question qui se pose alors est pourquoi le ministère n’a pas profité 
du dispositif #GenerationCampColo pour faire de la politique et amener 
les grands organisateurs et les petites associations à exister 
conjointement dans un espace de rencontre, à débattre, à construire 
ensemble ou à revoir les organisations et les responsabilités. Pourquoi 
le ministère n’a-t-il pas saisi la question de la mixité comme objet 
permettant de construire de nouvelles formes de colos ?

Peut-on faire l’hypothèse que les hauts fonctionnaires aux commandes de 
ces politiques publiques sont aveuglés par la force du marché et ne sont 
en capacité de voir le monde que par les prismes du marché et de la 
concurrence. Ils ont semble-t-il, et sans mauvais jeu de mots, choisi 
leur camp.
L’avenir des colos : Les enjeux financiers passeront-ils avant tous les 
autres ?

Quels sont les enjeux du déclin des colos ? Les colos représentent un 
outil fort de politique publique, inscrite historiquement. Elles ont 
toujours servi à transmettre et/ou mettre en pratique des valeurs 
compatibles de notre république : communistes, laïcs, catholiques, 
protestants, etc. ont par exemple tous organisé des colos. L’outil est 
puissant et demande finalement peu de moyens.

Les travaux d’évaluation, les récentes rencontres pédagogiques de 
Courcelles montrent que le prisme de la mixité permet de (re)penser les 
formes de colos, permet de construire des bouts de vie ensemble, 
participant à la cohésion de notre pays.

L’enjeu est de permettre la rencontre : la rencontre entre les 
différents publics, la rencontre entre enfants, adolescents et adultes, 
la rencontre entre urbains et ruraux, entre filles et garçons, entre 
croyants et laïcs, entre les habitants des banlieues et ceux des 
centres-villes. La colo peut permettre de construire ces rencontres dont 
la liste est non exhaustive, avec le seul et simple objectif de passer 
des bons moments (des vacances) à faire ensemble. En effet, aller vers 
un clivage des publics en colo abonde dans le sens d’un clivage de la 
population tout entière.

L’enjeu de préserver et maintenir les colos en vie est aussi de 
permettre à bon nombre de jeunes de s’engager et de travailler au 
service des enfants. Les colos permettent de « préformer » les futurs 
travailleurs sociaux, et quel éducateur ou assistante sociale n’est pas 
passé par l’animation en colo ou en centre de loisirs, côtoyant ainsi 
une certaine diversité ? Le Député Michel Ménard proposait, en parallèle 
du service civique et pour sortir du Contrat d’engagement éducatif, de 
construire un service civique de l’animation, projet porté par de 
nombreux organisateurs mais qui n’a toujours pas vu le jour en raison de 
l’opposition du ministère… À l’heure où les politiques rêvent de 
relancer le service militaire, ne serait-il pas intéressant de permettre 
une autre voie ?

L’enjeu est aussi d’expérimenter la mixité et de construire l’égalité. 
Où et comment travailler ces deux questions fondamentales s’il n’existe 
plus de lieu où les mettre réellement au travail ? La colo peut et doit 
constituer un laboratoire d’expérimentation pédagogique, et si l’état 
(ou les collectivités) ne participe pas au financement de ce type de 
recherche, les acteurs du marché ne le feront jamais puisque c’est la 
non-mixité qui leur garantit leur chiffre d’affaires.

« Monsieur le Président… »

À l’heure où un nouveau président de la République française est nommé 
et qu’il n’y a pas, à l’heure actuelle, de ministre de la ville et de la 
Jeunesse, il serait urgent et intéressant que les acteurs politiques 
n’en oublient pas leur responsabilité et ne fassent pas la sourde 
oreille sur les évolutions du champ des colonies de vacances et sur 
l’absence de mixité. Mettre des rapports au placard, faire du chantage 
au paiement, fonctionner en monde replié sur lui-même et libéralisé ne 
va pas dans le sens de la construction du commun, de l’égalité et de la 
mixité mais participe au contraire à la séparation des publics.

Nous nous interrogeons sur l’absence de ministre de la Jeunesse dans ce 
nouveau gouvernement. Cela est-il le signe d’un renoncement à toute 
politique publique et à la seule gestion par le marché ?

Nous pensons que le nouveau gouvernement doit tout de même se pencher 
sur la (re)construction du champ des colos, c’est-à-dire :

     De travailler avec les fédérations pour que le fédéralisme soit, de 
nouveau, source de sens et de quelque peu d’indépendance, de recherche, 
de réflexion pédagogique, et non plus un lieu d’entre-soi qui défendrait 
d’une part une vision passéiste et nostalgique de l’animation, et qui 
révélerait d’autre part des appareils institutionnels dépassant trop 
largement les membres qui le constituent, les faisant se livrer des 
batailles d’intérêts communautaires et non plus agir dans un partage 
d’idées.

     De rééquilibrer la cogestion du champ et de mettre autour de la 
table l’ensemble des acteurs des colonies de vacances pour échanger, 
construire et travailler aux colos de demain, lesquelles pourraient et 
devraient permettre la rencontre entre les publics, participant ainsi à 
la cohésion de notre nation.

     De penser la colo comme un outil de politique publique et pas 
uniquement comme un produit aux mains des responsables du marketing et 
de la commercialisation, et dont on s’intéresserait davantage aux 
chiffres d’affaires qu’à l’intérêt porté pour notre collectif.

     De permettre et d’accompagner l’émergence de nouveaux acteurs, 
notamment à partir des services déconcentrés de l’État.

     De rendre le pilotage des politiques publiques sur les camps et 
colos interministériel, ouvert aux collectivités territoriales et à 
d’autres associations ou agences (Commissariat général à l’égalité des 
territoires). En effet, la mixité peut relever de la DJEPVA et de 
l’éducation populaire, mais pas uniquement.

     De penser et construire un modèle économique différent qui permet 
la rencontre, la souplesse, le refus de la concurrence et des appels à 
projets. Les associations travaillant à l’année ont une expérience et 
une histoire sur lesquelles s’appuyer.

Un plan B ?

Loin de nous l’idée de faire un procès d’intention aux éventuels futurs 
décideurs de la Jeunesse – et donc du champ de l’animation –, et de 
penser que ces propositions seront balayées d’un revers de main. 
L’histoire et l’expérience nous contraignent cependant à nous prémunir 
afin de ne pas être trop déçus par la tournure des évènements, s’ils 
étaient amenés à évoluer à moyen terme dans le sens univoque d’une 
poursuite de la libéralisation du champ des colos.

Nous jugeons que ce serait en effet fort dommage que les petites et 
moyennes associations continuent d’être contraintes chacune leur tour de 
céder leur patrimoine à des entreprises qui cherchent avant tout à faire 
consommer de la colo. Ainsi, comment nous organiser si les subventions 
arrivent à l’avenir plus facilement dans la poche de quelques acteurs 
agréés ? Si organisateurs, directeurs, animateurs ou parents imaginent 
tant bien que mal des solutions isolées et contextualisées, comment ces 
différents acteurs du champ peuvent-ils agir pour que les enfants et 
eux-mêmes échappent aux griffes d’un modèle de colos dont le sens passe 
au second plan ?

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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