[Infoligue] Un décret encadre la participation d'amateurs à des spectacles vivants dans un cadre lucratif
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 23 Mai 10:39:04 CEST 2017
Un décret encadre la participation d'amateurs à des spectacles vivants
dans un cadre lucratif
Publié par : http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr
Le : 22/05/2017
Auteur : Jean-Noël Escudié / PCA
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Un décret du 10 mai 2017 "relatif à la participation d'amateurs à des
représentations d'une œuvre de l'esprit dans un cadre lucratif" devrait
clore - en principe - le débat récurrent sur l'emploi d'artistes
amateurs dans le spectacle vivant et sur leur statut au regard du droit
du travail et du droit de la sécurité sociale (voir notre article
ci-dessous du 7 avril 2014). La question n'a rien de théorique : un
spectacle comme celui du Puy du Fou - entreprise lucrative - fait appel
à environ 3.400 bénévoles, en plus de ses 1.375 salariés...
Une exception, mais à quelles conditions ?
L'article 32 de la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de
création, à l'architecture et au patrimoine (LCAP, voir notre article
ci-dessous du 12 juillet 2016) a apporté une première réponse avec une
définition précisant qu'"est artiste amateur dans le domaine de la
création artistique toute personne qui pratique seule ou en groupe une
activité artistique à titre non professionnel et qui n'en tire aucune
rémunération", les frais occasionnés pouvant toutefois être remboursés
sur présentation de justificatifs.
Le même article précise également que "la représentation en public d'une
œuvre de l'esprit effectuée par un artiste amateur ou par un groupement
d'artistes amateurs et organisée dans un cadre non lucratif, y compris
dans le cadre de festivals de pratique en amateur, ne relève pas des
articles L. 7121-3 et L. 7121-4 du code du travail", définissant les
contrats de travail dans le secteur artistique.
Il restait toutefois à préciser les conditions dans lesquelles il est
possible de faire appel à des artistes amateurs ou à des groupements
d'artistes amateurs, "en fixant, notamment, les plafonds concernant la
limite d'un nombre annuel de représentations et la limite d'un nombre de
représentations par artiste amateur intervenant à titre individuel".
Une triple limitation
Tel est précisément l'objet du décret du 10 mai 2017. Celui-ci commence
par donner à son tour un définition des spectacles entrant dans le cadre
de l'article 32 de la loi LCAP. Ainsi, "la représentation en public
d'une œuvre de l'esprit associant pratique amateur et pratique
professionnelle à l'initiative des structures de création, de
production, de diffusion et d'exploitation de lieux de spectacles [...]
à laquelle participent un ou plusieurs artistes amateurs dans le cadre
d'un accompagnement pédagogique ou d'activités d'éducation artistique et
culturelle, ou un groupement d'artistes amateurs constitué sous forme
associative, dans le cadre de la valorisation de la pratique amateur,
peut être donnée au titre de la restitution d'ateliers pédagogiques
encadrés par des artistes professionnels ou être intégrée dans la
programmation de ces structures [...]".
Le nombre de ces représentations est toutefois soumis à trois
limitations. Sur une année, il ne peut en effet excéder un total de cinq
pour les spectacles auxquels participent un ou plusieurs amateurs à
titre individuel, un total de huit pour ceux auxquels participent des
groupements d'artistes amateurs constitués, ou encore 10% du nombre
total des représentations lucratives composant la programmation des
structures concernées. En outre, un même amateur ne peut participer, à
titre individuel, sur une période de douze mois consécutifs, à plus de
dix de ces représentations
Une règle... et une dérogation à la règle
Comme toujours, le texte introduit une dérogation, en prévoyant que le
ministre de la Culture peut, après avis du bureau du Conseil national
des professions du spectacle, autoriser un dépassement des plafonds
ci-dessus "pour la représentation d'un spectacle qui comporte un intérêt
artistique et culturel particulier ou pour laquelle la participation
d'amateurs est l'une des conditions de la réalisation de tout ou partie
du projet artistique". Une définition qui semble taillée sur mesure pour
le Puy du Fou et autres spectacles du même type.
Le décret du 10 mai 2017 prévoit aussi que la participation d'un ou
plusieurs amateurs ou d'un groupement d'amateurs à une représentation
doit faire l'objet d'une mention sur les supports de communication du
spectacle.
Enfin, comme le prévoit la loi LCAP, la mission d'accompagnement de la
pratique amateur ou de projets pédagogiques, artistiques ou culturels ou
de valorisation des groupements d'artistes amateurs doit être définie
dans une convention établie entre la structure et l'Etat ou les
collectivités territoriales ou leurs groupements. En outre, pour
encadrer la pratique, le décret prévoit que les spectacles concernés
doivent, deux mois avant leur première représentation, faire l'objet
d'une télédéclaration par l'entrepreneur de spectacle sur un registre
tenu par le ministère de la Culture. L'ensemble des dispositions prévues
par le décret entreront en vigueur le 1er octobre 2017.
Références : décret n°2017-1049 du 10 mai 2017 relatif à la
participation d'amateurs à des représentations d'une œuvre de l'esprit
dans un cadre lucratif (Journal officiel du 11 mai 2017)
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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