[Infoligue] Associations - Edouard Philippe présente les termes du dialogue sur le développement de la vie associative
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 10 Nov 08:35:24 CET 2017
Associations - Edouard Philippe présente les termes du dialogue sur le
développement de la vie associative
Publié par : https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr
Le : 09/11/2017
Par : Caroline Megglé
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Pour Edouard Philippe, les associations doivent être libres et
indépendantes. Devant des responsables associatifs le 9 novembre, le
Premier ministre a annoncé le lancement d'une concertation sur
l'innovation sociale, le développement des structures de l'économie
sociale et solidaire et l'engagement citoyen. Rappelant les mesures déjà
prises, il a été clair sur la ligne adoptée par un gouvernement qui
entend aider les associations à développer leur autonomie financière.
C'est sur le site des Grands Voisins, lieu éphémère de foisonnement
d'initiatives associatives dans l'enceinte de l'ancien hôpital
Saint-Vincent-de-Paul à Paris, que le Premier ministre a choisi de se
rendre ce 9 novembre pour s'adresser aux associations. Il était entouré
de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, et
Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale, tous deux en
charge des questions associatives.
Rendant hommage à la "loi de liberté" de 1901 et au monde associatif
dans sa diversité, Edouard Philippe a annoncé le lancement d'un
"processus de travail participatif" visant à "construire dans toute la
mesure du possible une stratégie de développement de la vie
associative". "Sur l'ensemble [des] sujets, nous attendons vos
propositions", a invité le chef du gouvernement. A l'issue de la
synthèse de ces propositions, "le Haut Conseil de la vie associative
proposera une stratégie, un plan d'action pour l'année 2018 et les
années suivantes".
Concrètement, c'est pourtant plutôt le Conseil supérieur de l'économie
sociale et solidaire qui servira de cadre à cette concertation. Sous
l'impulsion de Christophe Itier, Haut-commissaire à l'ESS et à
l'innovation sociale, deux groupes de travail ont déjà démarré leurs
travaux, l'un sur l'innovation sociale et l'autre sur les conditions de
développement des structures de l'ESS.
Engagement citoyen : développer une nouvelle plateforme... ou s'appuyer
sur celle de la Réserve civique ?
Un troisième groupe pourrait être destiné à encourager davantage encore
l'engagement citoyen, a suggéré le Premier ministre. Sur ce sujet, le
gouvernement mettra en place à partir du 1er janvier 2018 le compte
d'engagement citoyen dans le cadre du compte personnel de formation ;
dispositif prévu par la loi Egalité et Citoyenneté de janvier 2017. Il
entend en outre "instaurer une semaine de l'engagement" – cette semaine
de déplacements dans des associations, pour les ministres et secrétaires
d'Etat, en serait une sorte de préfiguration. Le secrétaire d'Etat au
Numérique et le Haut-commissaire à l'ESS se seraient par ailleurs vu
confier une "mission de développement d'une plateforme numérique afin de
favoriser les nouveaux usages en matière d'engagement ".
Une telle plateforme est pourtant déjà prête : il s'agit de celle de la
Réserve civique. Yannick Blanc, Haut-commissaire à l'engagement civique,
n'attend qu'un feu vert de la part du gouvernement pour lancer sa
plateforme (actuellement en version bêta) et appeler associations et
services publics à s'en saisir pour trouver des bénévoles.
La hausse du budget n'est pas "grand chose" mais l'aide à l'embauche
sera "tout sauf négligeable"
Concernant les modalités financières du soutien gouvernemental, le
Premier ministre a précisé que les crédits dédiés aux associations
augmenteraient de 67,6 millions d'euros en 2018, tout en admettant que
cette hausse "morcelée" n'était "pas grand chose". Il a en revanche
largement insisté sur l'importance de l'aide à l'emploi que
représenteraient le dispositif d'allègement de charges patronales à
partir de 2019 et, en 2018 et 2019, le maintien du crédit d'impôt sur la
taxe sur les salaires (CITS). Cette baisse du coût du travail sera "tout
sauf négligeable", a considéré le chef du gouvernement, exemples à l'appui.
Edouard Philippe s'est enfin félicité de l'aide de 25 millions d'euros
attribuée récemment au Fonds pour le développement de la vie associative
(FDVA) pour compenser la fin de la Réserve parlementaire (voir nos
articles des 3 et 7 novembre 2017) et soutenir les associations "les
plus fragiles" ou "les plus petites". Il était auparavant revenu sur les
décisions relatives à la diminution du nombre de contrats aidés –
200.000 contrats en 2018 réservés aux territoires ruraux et aux
associations de "l'urgence sociale et sanitaire" et de l'accompagnement
des enfants en situation de handicap à l'école.
Dix innovations sociales soutenues en 2018 : faudra-t-il "accélérer"
pour atteindre le milliard d'euros sur cinq ans ?
En 2018, est aussi prévu le démarrage de l'"accélérateur d'innovations
sociales" qui figurait dans le programme du candidat Emmanuel Macron. Ce
dernier promettait 1 milliard d'euros sur cinq ans pour l'innovation
sociale, avec l'idée de "financer l'amorçage et le déploiement de toutes
les innovations qui ont du potentiel", a rappelé Jonathan Jérémiasz,
président du Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), interrogé par
Localtis. A ce stade, le dispositif annoncé est selon lui "très
insuffisant".
En bénéficieraient en effet en 2018 "une dizaine de structures de
l'économie sociale et solidaire dont nous considérons qu'elles ont un
très fort potentiel", a détaillé Edouard Philippe. Il s'agit
d'"identifier ce qui fonctionne bien et ce qui peut être reproduit",
a-t-il poursuivi, avant de citer l'exemple du coffre-fort numérique
initialement développé par une association et pouvant faire l'objet d'un
déploiement. Alors que le dispositif a déjà été repris à son compte par
l'Etat sous le quinquennat de François Hollande, l'illustration a laissé
quelques responsables associatifs songeurs.
Pour Jean-François Serres, Référent national de la Mobilisation
nationale contre l'isolement des âgés (Monalisa), un tel accélérateur
d'innovations sociales prendrait davantage de sens s'il était piloté et
organisé par les associations elles-mêmes.
"Un nouveau contrat" entre pouvoirs publics et associations
"On va essayer de travailler à l'élaboration d'un nouveau contrat fondé
sur le renforcement du dialogue entre l'Etat, les collectivités
territoriales et les acteurs du monde associatif", a enfin annoncé le
Premier ministre. Sans grande conviction - "je suis conscient des
limites des engagements à portée très institutionnelle" -, il a laissé
entendre que la Charte d'engagements réciproques signée en 2001 et
renouvelée en 2014 pourrait être remise à l'ordre du jour.
L'essentiel du message était pourtant ailleurs, ce 9 novembre. Un
message que le Premier ministre a résumé ainsi, à la fin de son
intervention : l'action publique a besoin des associations mais il
importe de "faire en sorte que les associations se développent sans être
dépendantes de l'Etat".
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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