[Infoligue] Gouvernance : le modèle traditionnel ne séduit plus
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 5 Oct 06:53:43 CEST 2017
Gouvernance : le modèle traditionnel ne séduit plus
Publié par : https://www.associationmodeemploi.fr
Le 03/10/2017
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Les modes de gouvernance des associations ne répondent pas toujours aux
aspirations de leurs membres, en particulier des plus jeunes. À une
époque où l’on parle de renouvellement, de non-cumul et de transparence,
les associations, si elles veulent être attractives, doivent repenser
leur façon de faire.
La rengaine sur la « crise du bénévolat » laisse penser que les
bénévoles sont de moins en moins nombreux. On sait qu’il faut nuancer
considérablement ce diagnostic ! Toutes les études montrent au contraire
une augmentation du bénévolat, mais aussi un changement dans les formes
qu’il prend.
Des élus associatifs qui souhaitent transmettre les responsabilités
Si l’on en croit l’édition 2017 de La France Bénévole, de Recherches &
Solidarités : « parmi les dirigeants bénévoles, 26 % voudraient arrêter
bientôt, et 11 % ralentir : ce qui représente plus d’un tiers des
dirigeants qui aspirent à passer la main ». Contrairement à une autre
idée reçue, les responsables d’associations ne sont donc pas tous
accrochés à leur poste et si les présidents indélogeables existent, ceux
qui laisseraient volontiers leur place sont plus nombreux qu’on ne le
croit !
Le hiatus serait donc ailleurs que dans la raréfaction fantasmée des
bonnes volontés ou l’accaparement excessif des responsabilités. C’est
peut-être le modèle traditionnel de la gouvernance associative,
pyramidal, hiérarchique, un brin archaïque, qui ne séduirait plus tant
que ça… À une époque où l’on parle pour le personnel politique de
non-renouvellement, de non-cumul et de plus de transparence, les élus
associatifs ne peuvent faire l’impasse sur ces questions pour leur
propre gouvernance.
Repenser la gouvernance pour amener les jeunes à s'engager
Car il faut savoir entendre ce que dit la société. Dans une enquête
consacrée à l’engagement des jeunes axée sur les « jeunes en retrait »,
c’est-à-dire ceux qui sont éloignés de tout engagement, deux chercheuses
de l’Injep, Élodie Bellarbre et Laëtitia Drean, expliquent?: « à partir
du moment où le mode de fonctionnement des associations ressemble à
celui des organisations politiques, les jeunes peuvent avoir le
sentiment de perdre leur libre arbitre et d’appartenir à un cadre
d’action trop fermant, directif et hiérarchisé. En faisant diminuer leur
capital confiance, cela peut les conduire à renoncer à s’engager ».
De son côté le CJDES (Centre des jeunes dirigeants de l’économie
sociale), qui a publié un rapport sur la gouvernance dans les structures
de l’ESS en mai dernier, confirme ce besoin de repenser la gouvernance
et ouvre trois pistes d’action qui concernent autant les jeunes que les
autres : renforcer l’implication des membres, permettre le
renouvellement et améliorer la transparence.
De l'innovation dans la gouvernance
Plus facile à dire qu’à faire… Mais les associations innovent. Les
chercheuses de l’Injep citent en exemple Générations Cobayes qui
sensibilise et mobilise les jeunes autour des questions de pollutions
environnementales et de santé grâce à l’humour et aux réseaux sociaux. «
La répartition des rôles (salariés, bénévoles, volontaires en service
civique) a été repensée. L’association est gérée selon plusieurs cercles
d’implication et, dans chaque cercle, les membres de l’association,
indépendamment de leur statut, ont le même pouvoir de décision. Le
groupe des « Cobayes obsédés » [qui est l’équipe permanente de
l’association, composée de 18 personnes, salariés, services civiques et
bénévoles] constitue alors une forme d’alternative au conseil
d’administration.
L’assouplissement des modes de gouvernance et la forte prise en compte
du rôle des bénévoles dans la construction des actions permettent de
faciliter l’engagement au sein de l’association. » Certaines
associations qui travaillent avec des jeunes n’hésitent pas à fixer une
limite d’âge pour participer au conseil d’administration : avoir maximum
30 ans révolus pour se faire élire au CA chez Générations cobayes, 50 %
de personnes de moins de 30 ans au CA dans l’association grenobloise Cap
Berriat.
Un fontionnement associatif où chacun peut contribuer
Dans son très sérieux « Guide définissant les conditions d’amélioration
continue des bonnes pratiques des entreprises de l’ESS » publié en
février 2017, la Chambre française de l’économie sociale et solidaire
(ESS France), consacre plusieurs pages à la gouvernance démocratique.
Elle suggère la rédaction d’une charte pour aller au-delà de la
gouvernance formelle en s’appuyant sur l’exemple d’une association dont
l’objectif est de faire remonter la parole des habitants de quartiers
dits « sensibles » : « dotée d’une gouvernance classique avec CA et
bureau pour rassurer ses financeurs, elle a cherché une solution pour
aller au-delà et inscrire son fonctionnement dans une culture où chacun
peut contribuer. Formalisé par une charte, ce fonctionnement consiste à
réunir l’équipe tous les mercredis pour délibérer, les décisions ne se
prenant pas au vote mais à l’issue de l’élaboration collective d’un
consensus ».
D’autres instituent une présidence collégiale avec plusieurs
co-présidents (c’est le cas du Réseau national des maisons des
associations), voire suppriment carrément le poste !
Le numérique au service des nouvelles gouvernances
Dans son enquête sur la France bénévole, Recherches & Solidarités relève
que les bénévoles les plus jeunes (les moins de 35 ans) aimeraient
pouvoir s’appuyer sur le numérique et intervenir à distance pour exercer
des responsabilités dans l’association. De fait, les nouveaux outils
numériques ouvrent une voie royale à l’innovation !
Une structure de l’ESS a ainsi proposé que ses membres puissent, via
internet, assister à l’AG depuis leur domicile et poser des questions en
direct aux organisateurs. Une autre association dédiée aux personnes en
situation de handicap a développé le vote par correspondance. Les
réunions via Skype, les visioconférences et le travail sur documents
partagés ont ainsi fait leur entrée dans la gouvernance associative.
Bref, si le XXIe siècle est numérique, il serait logique qu’il soit
aussi plus démocratique ! Mais attention, les outils ne font pas tout à
eux seuls et ils doivent être adaptés au projet de chaque association.
Sans oublier que la convivialité est quand même une valeur associative
fondamentale !
Un article de Michel Lulek
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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