[Infoligue] Les associations sacrifiées sur l’autel de la « start-up »
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 19 Oct 10:22:58 CEST 2017
Les associations sacrifiées sur l’autel de la « start-up »
Publié par : https://www.politis.fr
Le : 18/10/17
Auteur : Jean-Claude Boual président du Collectif des associations
citoyennes.
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Baisse des subventions, fin des contrats aidés, mise en concurrence, les
associations déclarent le mercredi 18 octobre « journée morte » pour
alerter sur la crise profonde qu’elles traversent.
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Les associations de toutes tailles, 1 300 000 en France, ont un rôle
indispensable pour la vie en commun. Elles sont dans les quartiers, dans
les villes, comme à la campagne, les derniers lieux de rencontre et
d’entraide, alors que les gouvernements successifs détruisent les
services publics sous prétexte de compétitivité et de « lutte contre les
déficits publics » en grande partie créés pour « soutenir » les banques
et les multinationales à la suite de la crise dont elles sont l’origine.
Les associations sont sources de richesses sur tous les plans, social,
économique, culturel, démocratique. Chaque euro de subvention qui leur
est alloué est un investissement avec retour immédiat en termes de «
coûts évités » aussi bien pour la sécurité, l’emploi, la santé,
l’environnement, l’éducation et le sport amateur, où elles sont bien
plus efficaces que les prétendus « entrepreneurs sociaux », qui ont pour
principal but de dégager des profits.
Depuis des années, les associations souffrent d’une politique qui les
lamine peu à peu. Tout d’abord, les subventions publiques ne cessent de
diminuer, alors que l’argent public est l’argent des citoyens et qu’il
est normal qu’il retourne pour partie à la société civile à travers les
associations. Ensuite, la mise en concurrence déloyale avec les
entreprises privées par des appels d’offres ou à projets organise une
concurrence entre les associations elles-mêmes. Les associations
pâtissent aussi d’une bureaucratisation accrue, en dépit des « chocs de
simplification », qui se traduisent en réalité par une complexification
des procédures. Enfin, une campagne idéologique pousse les associations
à la mendicité auprès de mécènes et de philanthropes, ou au «
financement participatif », alors que ces types de recours ne
représentent environ que 4 % des financements associatifs depuis des
années, et ne remplaceront jamais les subventions publiques.
La suppression brutale et aveugle des contrats aidés est la goutte d’eau
qui fait déborder le vase de l’austérité déjà bien plein. Ces emplois
étaient des bouées de sauvetage indispensables à la vie et à l’activité
des associations, tellement leur situation avait été dégradée par les
restrictions de crédits publics à tous les échelons territoriaux. Leur
suppression entraîne la disparition brutale d’associations pourtant
indispensables pour les populations concernées, avec des licenciements
et des suppressions d’emplois par dizaines de milliers. Il s’agit bien
d’un immense plan social de 150 000 emplois, inédit dans notre pays,
diffus, dispersé, donc peu visible et peu médiatisée par des médias qui
ne cherchent que le sensationnel, ce qui permet au gouvernement de le
passer sous silence et de nier les conséquences de sa politique et de
ses décisions. L’esprit « start up » – « je fais de l’argent le plus
vite possible et je m’en vais » – n’est pas compatible avec la vie en
société.
À travers les mobilisations de ces dernières semaines, notamment celle
du 18 octobre, les militants associatifs et les salariés du secteur ont
manifesté leur colère de voir leur situation de plus en plus précaire,
leurs activités disparaître et la vie commune dans les quartiers et les
territoires où ils agissent s’étioler et se détériorer encore plus.
Aussi, il y a fort à parier que, dans les semaines qui viennent, se
poursuive cette mobilisation pour obtenir un moratoire sur la
suppression des emplois aidés et l’ouverture de véritables négociations
pour un financement public pérenne des associations et des emplois de
qualité, afin de sortir ce secteur de la précarité.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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