[Infoligue] Plus chères et plus courtes, les colonies de vacances ont perdu la cote

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 20 Aou 14:30:47 CEST 2018


Plus chères et plus courtes, les colonies de vacances ont perdu la cote


Publié par AFP
Le : 9 août 2018

******************


Entre 2007 et 2017, sur les séjours de plus de cinq jours, on est passé 
de 1.2 million à 900.000 enfants" par an, confirme Jean-Benoît Dujol, 
directeur de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie 
associative au ministère de l'Éducation Photo PHILIPPE HUGUEN. AFP

     Plus chères et plus courtes, les colonies de vacances ont perdu la cote

Les colonies de vacances ne sont plus jolies pour tous. Les séjours, 
souvent plus courts et plus chers, attirent et mélangent aujourd’hui 
moins les enfants dont les parents ont aussi plus de mal à se séparer.

«Croire qu’on va régler le problème de la fréquentation des colos en 
réduisant la durée des séjours pour permettre de rester dans des 
fourchettes de prix qui soient acceptables est une erreur et même une 
hérésie éducative», insiste Jean-Karl Deschamps, secrétaire général 
adjoint de la Ligue de l’enseignement, organisatrice historique de colonies.

Pour lui, «le travail d’éducation, ça demande du temps». Un temps dont 
ne disposent plus les enfants qui participent aujourd’hui à des séjours 
de rarement plus d’une semaine.

Si la Ligue de l’enseignement développe elle aussi des séjours plus 
courts, elle a donc malgré tout gardé ceux d’une quinzaine de jours, 
même si ce sont ceux qui «dérouillent le plus en termes de fréquentation».

«Depuis 10 ans, la baisse s’est accentuée. Entre 2007 et 2017, sur les 
séjours de plus de cinq jours, on est passé de 1.2 million à 900.000 
enfants» par an, confirme Jean-Benoît Dujol, directeur de la jeunesse, 
de l’éducation populaire et de la vie associative au ministère de 
l’Éducation.

- «Dépoussiérer l’image des colonies» -

Au début des années 90, «il fallait dépoussiérer l’image vieillotte des 
colonies, les sociétés privées se sont dit qu’il y avait un marché à 
conquérir en proposant quelque chose de nouveau avec des séjours plus 
sportifs et plus thématiques, ça a rencontré du succès auprès d’une 
certaine catégorie plus aisée», explique Quentin Joste, animateur de 
colonies dans les années 2000.

«L’offre des associations a été bouleversée en suivant les offres 
commerciales», les colonies se sont même «coupées de leur public 
historique, à savoir les familles plutôt modestes ou de classe moyenne», 
poursuit-il.

Les séjours thématiques (sport, passion...) «avaient un coût plus 
important que les précédents pour les familles et, au niveau de la 
mixité sociale, c’était pas vraiment ça», se souvient M. Joste.

Les aides aux familles, de la Caisse des allocations familiales (Caf) et 
des collectivités locales notamment, n’ont pourtant pas disparu, selon 
Jean-Benoît Dujol: ce sont «les prix (qui) ont augmenté et les aides 
(qui) ont été reciblées sur les populations les plus défavorisées 
(...)». Les aides, elles, «n’ont pas baissé», précise-t-il.

Quentin Joste, désormais secrétaire général de Wakanga, une association 
organisant des colonies, constate ainsi «une certaine mixité sociale» 
dans leurs séjours, volontairement peu thématiques, avec «25% de (leur) 
public qui bénéficie d’aides de la Caf».

- Loisirs de «proximité» -

Mais certaines familles qui envoyaient leurs enfants en colonie de 
vacances gagnent aujourd’hui «trop pour pouvoir être accompagnées 
financièrement» mais «pas assez pour pouvoir ne plus être accompagnées 
du tout», pointe M. Deschamps de la Ligue de l’enseignement.

Et quand elles ont droit à des aides, elles choisissent d’autres 
options, comme des «loisirs tout au long de l’année et moins les 
vacances collectives», complète M. Dujol.

Si les colonies sont moins fréquentées, c’est aussi parce que 
«l’éloignement des enfants est devenu de plus en plus difficile et 
souvent inconcevable» pour les parents, souligne Jean Houssaye, 
professeur émérite des sciences de l’éducation à l’université de Rouen.

Les municipalités privilégient aujourd’hui davantage la «proximité» et 
les «centres de loisirs» tandis que les comités d’entreprises, qui 
autrefois offraient beaucoup de départs en colonies à leurs employés, 
ont «privilégié les vacances familiales».

En découle la fermeture de centres qui accueillaient des colonies, trop 
onéreux à cause des coûts d’entretien et de mise aux normes. Leur 
diminution participe à la baisse de fréquentation.

Ces centres ne bénéficient aujourd’hui plus d’aides de l’État, dont M. 
Deschamps critique le «désintéressement» et le réel manque de 
«valorisation des colonies».


AFP



-- 

-----------------------
Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
-----------------------
Nos sites :
http://www.laligue-alpesdusud.org
http://www.laligue-alpesdusud.org/associatifs_leblog
-----------------------





Plus d'informations sur la liste de diffusion Infoligue