[Infoligue] La Cour des comptes juge que le service civique ne favorise pas assez la mixité sociale
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 12 Fév 17:09:14 CET 2018
La Cour des comptes juge que le service civique ne favorise pas assez la
mixité sociale
Publié par : http://www.maire-info.com/
Le : 12 février 2018
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Mis en place en 2010 par le président Sarkozy, le service civique a
connu sa véritable montée en puissance pendant le quinquennat suivant,
celui de François Hollande. La Cour des comptes, qui y consacre un
chapitre de son rapport 2018, constate que la conjonction d’une volonté
politique accrue et des attentats de 2015 ont permis un quadruplement
des effectifs de jeunes en service civique : de 35 000 en 2014, ils sont
passés à 135 000 fin 2017.
Rappelons que le dispositif est ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans, qui
peuvent être accueillis pour 6 à 12 mois dans les ministères, les
administrations, les associations ou les collectivités territoriales.
Les jeunes en service civique sont rémunérés à hauteur de 437,34 euros
par mois versés par l’État, plus 106,31 euros versés par la structure
d’accueil.
En 2015, François Hollande a transformé le service civique en « service
civique universel », exigeant « que tout jeune de moins de 25 ans qui le
demande » puisse y accéder.
La Cour des comptes juge que cette montée en charge a été « correctement
pilotée ». À partir de 2015 – alors que jusque-là le secteur associatif
représentait 85 % des recrutements, les administrations de l’État se
sont « fortement impliquées », notamment les ministères. En premier
lieu, celui de l’Éducation nationale, « premier contributeur du
dispositif » avec 10 000 jeunes en service civique en 2017, et 20 000
prévus en 2018. D’autres ministères ont été beaucoup moins engagés – la
Cour des comptes cite ceux de la Défense, de l’Écologie ou du Logement,
qui n’ont « qu’entrouvert la porte ». Les secteurs sanitaire et
médico-social (hôpitaux, Ehpad…) n’ont recruté qu’à un niveau « très
inférieur aux possibilités et aux attentes », souligne la Cour.
Quant aux collectivités locales, elles sont « en retrait » : bien que
l’Agence du service civique « ait noué des liens avec les associations
d’élus locaux et avec le CNFPT, une dizaine seulement de collectivités
proposaient plus de 100 missions en 2016. » Selon les différentes
études, le nombre de jeunes embauchés dans ce cadre par les
collectivités tourne chaque année autour de 6 % du total.
Sur la question du financement, la Cour des comptes estime que les
moyens choisis ne sont pas satisfaisants : depuis plusieurs années, les
députés votent en loi de finances un budget initial, censé être complété
au cours de l’année suivante par le biais des lois de finances
rectificatives. Cette gestion est « mal maîtrisée », et représente « un
palliatif à un financement initial pas à la hauteur des objectifs
politiques ».
En revanche, la Cour juge qu’il n’est judicieux d’assurer une subvention
uniforme pour tous les jeunes en service civique : elle estime que la
subvention devrait pouvoir être minorée ou majorée selon les contraintes.
Les principales critiques de la Cour se concentrent sur les « objectifs
» de cette politique, qui restent « flous » et, parfois, mal atteints.
Par exemple, « l’objectif de renforcement de la mixité sociale reste à
assurer ». Le dispositif, dans son ensemble, est jugé « insuffisamment
évalué » et « faiblement contrôlé ».
La Cour suggère donc, dans ses recommandations, de pallier ces défauts
notamment en « introduisant des objectifs précis de mixité sociale dans
les conventions cadres ». Elle propose aussi de « développer le recours
aux fonds privés ou publics d’autres collectivités ». À ce sujet, le
ministre de l’Éducation nationale, qui a adressé une réponse à ces
recommandations, note que « la mobilisation de financeurs publics autres
que l’État (passerait) par leur adhésion au groupement d’intérêt public
« Agence du service civique », ce qui n’a fait l’objet d’aucune demande ».
On peut noter que la proposition faite par François Hollande, en janvier
2016, de rendre le service civique « obligatoire » pour « toute une
classe d’âge » à l’horizon 2020, n’a jamais dépassé le stade des
déclarations. Elle a laissé place à la proposition d’Emmanuel Macron de
rétablir une forme de service national « universel et obligatoire »,
d’un mois. Le président de la République a récemment nommé un groupe de
travail, chargé de rendre des conclusions « en avril ». Un rapport
parlementaire sur le sujet est également attendu avant la fin février.
F.L.
Télécharger le chapitre du rapport consacré au service civique
>>> http://www.maire-info.com/upload/files/CC_service_civique.pdf
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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