[Infoligue] La Ligue signataire de l’Appel de Montreuil pour une politique culturelle d’intérêt général
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 26 Jan 11:08:56 CET 2018
La Ligue signataire de l’Appel de Montreuil pour une politique
culturelle d’intérêt général
Publié par :
https://laligue.org/ligue-signataire-de-lappel-de-montreuil-politique-culturelle-dinteret-general/
Le : 25/01/18
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Aux côtés d’autres organisations, associations, syndicats et
personnalités du monde de la culture, la Ligue de l’enseignement,
inquiète de l’absence de visibilité sur la politique culturelle du
gouvernement, relaie l’appel « pour un pacte national des arts, des
patrimoines et de la culture » lancé à Montreuil le 15 janvier 2018.
bannière
» Nous, citoyennes et citoyens, habitants, artistes, professionnels
des métiers du spectacle, des arts et de la culture, journalistes,
historiens, enseignants, éducateurs, élus locaux, agents de la fonction
publique territoriale et d’Etat, représentants de syndicats,
d’organisations, d’associations, sommes aujourd’hui rassemblés pour
réaffirmer que les arts, les patrimoines et la culture sont une cause
nationale et citoyenne, et ne peuvent en conséquence être livrés à la
seule marchandisation.
Nous sommes indéfectiblement attachés à une ambition collective qui doit
avoir pour objet de placer la création artistique au cœur de notre
projet de société, d’accompagner tous ceux qui favorisent la
transmission, l’éducation, le partage et la rencontre avec l’art,
d’affirmer la nécessité d’une diversité culturelle, esthétique et
territoriale, légitimée par l’association des habitants à sa construction.
C’est pourquoi le service public des arts, des patrimoines et de la
culture doit continuer à exister et se développer en France pour
garantir la liberté de création, encourager la diversité des expressions
artistiques et favoriser l’accès aux œuvres et aux patrimoines pour le
plus grand nombre de nos concitoyens.
A ce titre, nous sommes déterminés à faire entendre au président de la
République et à son gouvernement notre désaccord avec la philosophie qui
anime la contribution du ministère de la Culture aux travaux du « Comité
Action Publique 2022 », dont nous avons pu prendre connaissance.
Cette « contribution » constitue une rupture sans précédent avec l’idée
même de politique publique des arts et de la culture développée depuis
des dizaines d’années dans un consensus républicain acceptant l’idée que
la culture n’est pas un bien comme les autres. Ce fut tout l’enjeu, à
l’échelon des discussions internationales, de la bataille pour
l’exception culturelle de faire en sorte que tous les pays puissent
développer leurs politiques publiques, y compris en régulant le marché,
à travers par exemple des politiques de soutien au cinéma.
Dans cette contribution Action Publique 2022 ne figure aucune vision,
aucune ambition pour le rôle du Ministère, pour la place des arts, des
patrimoines et de la culture dans notre société, autre que sa
destruction. Seulement l’empreinte d’un projet de société cynique,
uniquement guidé par une vision comptable et une recherche illusoire de
rentabilité. Chaque mesure proposée dans ce document est d’ailleurs
assortie d’attentes en termes de « gains financiers » et de réductions
d’effectifs.
En matière de création artistique, moteur de toute politique culturelle,
il s’agirait, dans une pure logique comptable, d’augmenter la diffusion
au détriment de la création. En outre, il pourrait être dérogé au cadre
légal qui fixe les missions d’intérêt général exercées par les
structures labellisées (scènes nationales, centres dramatiques
nationaux…), à la demande des collectivités territoriales ou « pour
mieux répondre aux attentes du public »… En d’autres termes, la
programmation des théâtres ou des centres d’art labellisés pourrait
devoir s’adapter aux desiderata d’élus locaux ou céder aux demandes de
tourneurs privés.
Quant à la préservation des archives, mission partagée par l’État et les
collectivités territoriales, le projet invite à « limiter l’archivage
aux seules archives essentielles » ! Qui donc décidera aujourd’hui, pour
les futurs historiens, que certaines archives sont plus essentielles que
d’autres ? De fait, la proposition de numériser des masses considérables
de documents sous prétexte de faire des économies s’accompagnerait de
leur destruction. Inepte et intolérable, celle-ci est une atteinte à
l’exercice de la démocratie et la citoyenneté.
Logique de rentabilité encore pour les musées – services à compétence
nationale – qui sont actuellement directement rattachés à
l’administration centrale du Ministère. Le projet de fusion tous azimuts
de ces musées, pour les inscrire dans une trajectoire mercantile, et qui
serait censé répondre au désengagement de l’État, est totalement dépassé
et archaïque. Nous portons l’idée que les musées doivent, plus que
jamais, être placés au cœur de la vie de la Cité, comme lieu de partage
des cultures, de transmission des connaissances et des savoirs et
d’accès aux œuvres majeures de l’humanité. Ces musées permettent de
faire société ; ils sont un don pour faire culture !
L’audiovisuel public évidemment n’est pas en reste. Le ministère
propose, entre autres, l’arrêt pur et simple de France Ô, le
regroupement de Radio France et France télévisions en un « holding », la
fermeture des bureaux régionaux de France 3 et une « reconfiguration des
orchestres de Radio France», pouvant aboutir à la suppression de l’un
d’eux. Loin de ces viles propositions, nous portons l’ambition d’un
service public de l’audiovisuel qui participe pleinement à
l’amélioration de la qualité du débat public et renforce ainsi la
démocratie.
Concernant l’administration centrale qui se doit d’être « stratège »,
elle se verrait pourtant dépouillée de ses missions, notamment en
transférant aux « services déconcentrés et établissements publics la
gestion des dispositifs d’intervention, d’animation ou de subvention »,
pour en faire une administration technocratique et hors-sol, avec des
suppressions de postes à la clé, bien loin des besoins et des réalités !
Faut-il rappeler que l’administration centrale du Ministère assure la
cohérence des politiques nationales, ce qui fait précisément la raison
d’être du ministère. Demain, c’est exactement le contraire qui est prévu
avec le projet de son éclatement façon puzzle, entraînant à sa suite
toutes les inégalités de traitement et la fin des politiques publiques
nationales. Il en serait fini d’un ministère garant d’un service public
de la Culture pour toutes les populations sur l’ensemble du territoire.
Nous, citoyennes et citoyens, artistes, professionnels des métiers des
arts, des patrimoines et de la culture, journalistes, historiens, élus,
agents de la fonction publique territoriale et d’Etat, représentants de
syndicats, d’organisations, d’associations, usagers, soutenons un projet
de société progressiste et éclairé, où les arts, les patrimoines, la
presse et la culture sont des éléments essentiels à l’émancipation
individuelle et collective, à la liberté, à l’égalité, à la fraternité,
et dont la vitalité contribue à l’épanouissement des populations et à la
démocratie culturelle, comme au rayonnement politique et économique de
la France.
Nous réaffirmons que le soutien à une création audacieuse, exigeante,
novatrice, plurielle, favorisant l’émergence de nouveaux artistes,
l’ouverture aux autres cultures, l’équité territoriale, le développement
de la médiation culturelle pour un accès de toutes et tous à la culture
sont les fondements d’une politique culturelle humaniste et progressiste.
Dans notre société déchirée par les inégalités de toutes sortes et les
replis mortifères, nous sommes convaincus qu’une politique culturelle
publique moderne doit être concertée dans un cadre démocratique et
qu’elle doit se faire avec celles et ceux qui la font vivre.
C’est pourquoi, sans transiger sur les principes et les valeurs qui
fondent les politiques culturelles publiques, dans l’objectif de les
améliorer en les adaptant aux enjeux du monde contemporain et d’une
modernité éclairée, nous décidons de nous réunir dans le cadre de
Nouveaux Etats généraux afin d’élaborer ensemble un pacte national des
arts, des patrimoines et de la culture. »
Le texte intégral et la liste des premiers signataires est consultable
sur le blog des invités de Mediapart :
>
https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/150118/lappel-de-montreuil-ou-linquietude-des-professionnels-de-la-culture?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-66
Vous pouvez relayer et signaler l’Appel de Montreuil en suivant ce lien :
>
https://www.mesopinions.com/petition/politique/appel-montreuil-arts-culture/38321
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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