[Infoligue] Le Plan mercredi et les restes du périscolaire

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 21 Juin 07:34:02 CEST 2018


Le Plan mercredi et les restes du périscolaire

Publié par : http://www.cafepedagogique.net/
Le : 21/06/18

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"Le temps de l'enfant doit être vu comme un temps complet. On ne peut 
pas rester indifférent à ce qui se passe dans le périscolaire". A 
écouter JM Blanquer le 20 juin présenter le Plan Mercredi, on se serait 
cru 5 ans plus tôt lors de la mise en route des activités périscolaires. 
Pourtant le plan est bien mince par rapport à l'initiative précédente. 
Si le plan continue officiellement la logique des PEDT sous contrôle de 
l'Etat, les temps périscolaire et scolaire sont nettement séparés et le 
volume n'a plus rien à voir. Le Plan Mercredi camoufle mal la très bonne 
affaire qu'est pour l'Etat le retour à la semaine de 4 jours.

Des communes sous pression

Comment accommoder ce qui reste de périscolaire ? Alors qu'environ 80% 
des communes devraient repasser à la semaine de 4 jours à la rentrée 
2018 (43% dès la rentrée 2017), JM Blanquer, accompagné de la ministre 
de la culture et de la ministre des sports, a présenté le 20 juin un 
plan de soutien aux activités périscolaires du mercredi.

Pour JM Blanquer, il s'agit d'une "nouvelle alliance entre les 
collectivités locales , l'Etat, les familles et les élèves". Le ministre 
vante la qualité des activités que les communes vont pouvoir développer 
grâce à l'appui des Dasen chargés de veiller sur les programmes 
éducatifs territoriaux (PEDT).

Interrogé sur le financement des activités du mercredi, le ministre 
répond avec une logique originale. "On double la participation aux 
activités. Aujourd'hui c'est 55 centimes  par heure (et par personne). 
Demain ce sera 1 euro. Donc les communes vont être aidées deux fois 
plus. Donc cela permettra d'avoir deux fois plus d'enfants concernés".

En octobre dernier lors d'une réunion entre l'association des maires de 
France et le ministère, les communes avaient manifesté leur situation 
difficile aggravée par la disparition des contrats aidés qui 
travaillaient dans les écoles à la restauration comme dans le 
secrétariat du directeur. Le passage de 4.5 à 4 jours s'est aussi 
traduit par une chute des recettes des communes , privées des aides du 
fond de soutien au périscolaire. Dans Libération, le maire de Cergy 
explique que pour lui cela s'est traduit par un trou de 1.1 million dans 
le budget, sans compter le cout du matériel acheté et désormais inutile. 
En conséquence il a du licencier massivement (80 personnes) pour 
rééquilibrer. En ce sens le doublement de l'aide de la CNAF sera bien 
accueillie par les communes.

Un désengagement financier massif de l'Etat

Mais le Plan Mercredi révèle surtout les économies faites par l'Etat 
avec le retour à la semaine de 4 jours. Le fond de soutien de l'Etat aux 
communes était doté de 400 millions d'euros pour permettre un versement 
différencié selon les communes : 50 € par élève et par an et 90 € dans 
les communes pauvres (de la DSU). A cette aide directe de l'Etat 
s'ajoutait le soutien de la Caisse nationale des allocations familiales 
(CNAF) : 574 millions. Dans ces 574 millions, 250 étaient consacrées au 
paiement des 3 heures périscolaires.

On aperçoit immédiatement la bonne affaire qu'a été le retour aux 4 
jours pour l'Etat. Avec 20% de communes en 4 jours et demi le ministère 
récupère plus de 300 millions et la CNAF environ 450. L'aide qui sera 
versée aux communes dans le cadre du plan mercredi ne devrait pas 
dépasser, quand le Plan sera à son maximum,  400 millions pris en charge 
par la CNAF et non directement par l'Etat.

La fin d'un dispositif social

Pour autant le Plan Mercredi apporte du nouveau et aussi du 
traditionnel. Traditionnel est le positionnement de l'Etat qui contrôle 
les activités communales et délivre un "label Plan Mercredi". En fait le 
désengagement financier de l'Etat est bien symbolisé par le terme de 
"label". Autre coté traditionnel, la course que l'Etat impose aux 
communes. En juin 2017 c'était la course pour produire un projet et le 
faire valider pour passer aux 4 jours. Là ça va être la course pour 
bénéficier de l'aide promise d'ici la rentrée, même si les communes ont 
souvent eu des difficultés administratives avec la CNAF.

La nouveauté c'est que le nouveau Plan Mercredi fait comme si toutes les 
communes étaient à égalité pour développer des activités périscolaires. 
Les communes qui restent aux 4.5 jours pourront bénéficier du Plan. Mais 
Clichy sous Bois percevra autant par enfant que Neuilly sur Seine.

En ce sens le Plan Mercredi est un exploit. D'une part il camoufle le 
désengagement financier massif de l'Etat dans le périscolaire. D'autre 
part il met un terme à la dimension sociale du périscolaire. Vivement 
jeudi !



François Jarraud

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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