[Infoligue] Les accueils de loisirs en milieu rural face à la nouvelle donne territoriale

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 17 Mai 08:48:34 CEST 2018


  Les accueils de loisirs en milieu rural face à la nouvelle donne 
territoriale

Publié par : https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr
Le : 16/05/2018
par Caroline Megglé

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Passage sous compétence intercommunale, glissement du conventionnement 
vers la contractualisation, évolution des aides aux activités 
périscolaires et extrascolaires... Les accueils de loisirs font face à 
de nombreux changements, sources de difficultés en particulier en 
territoire rural. Une étude fait le point.

Familles rurales et la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole 
(CCMSA) ont récemment publié une étude très détaillée sur les accueils 
de loisirs sans hébergement (ALSH) en milieu rural. Réalisée par le 
cabinet Eexiste, cette étude s'appuie sur une enquête auprès de 
responsables de structures - 392 réponses ont été exploitées -, de la 
visite de 13 centres dans trois départements - l'Ardèche, les Ardennes 
et le Morbihan - et d'entretiens.
Sur cette base, les auteurs mettent en avant l'"extrême diversité" de 
ces centres, qui accueillent entre sept et 600 enfants, de 30 à 250 
jours par an, avec des budgets qui oscillent entre 28.000 euros et 1,5 
million d'euros.

Des spécificités liées au territoire rural se dégagent : on a souvent 
affaire à des "centres de petite taille", qui s'appuient sur une "mixité 
des âges", la "proximité avec la nature" ou encore l'"intergénération". 
Les ALSH ruraux rayonnent en moyenne sur huit communes, font appel pour 
la plupart (87%) à des bénévoles et accueillent fréquemment (73%) des 
enfants en situation de handicap. Les accueils de loisirs ayant 
participé à l'étude son majoritairement portés par des associations ou 
des fédérations associatives (82%) - dont Familles rurales -, mais aussi 
par des collectivités (17%). 87% des répondants appliquent des tarifs 
différenciés en fonction des quotients familiaux.

Rationalisation des offres d'accueil à l'échelle intercommunale

Ces accueils sont "conformes à la réglementation malgré les 
contraintes". L'étude recense un certain nombre de défis liés aux 
évolutions du contexte administratif. "Historiquement à portée 
communale", les ALSH ont désormais "de plus en plus souvent des 
interlocuteurs intercommunaux" : 64% d'entre eux sont désormais sous la 
compétence d'établissements de coopération intercommunale, avec pour 
beaucoup des changements d'EPCI en 2017.

Nombre d'intercommunalités ont opté pour des stratégies de 
rationalisation des offres d'accueil, ce qui peut se traduire par une 
perte de proximité et d'attractivité pour les communes qui perdent leur 
centre. Pour d'autres communes, la "nouvelle carte territoriale" est 
plutôt une chance, puisque leurs accueils sont destinés à accueillir les 
enfants d'autres communes et donc à être consolidés. Autre cas de figure 
: la mise en place de fonctionnements en réseau entre plusieurs centres 
à l'échelle intercommunale.

La contractualisation pousse les ALSH à "promettre beaucoup à moyens 
très réduits"

Par ailleurs, les centres de loisirs doivent faire face à une autre 
tendance lourde : le passage d'une logique de conventionnement à une 
logique de contractualisation. "Encore marginales il y a une dizaine 
d’années", les délégations de service public concernent 16% des ALSH 
associatifs de l'étude. Revers de la médaille selon les auteurs : la 
contractualisation "pousse souvent les acteurs à promettre beaucoup à 
moyens très réduits, dans l’espoir de maintenir des contrats avec la 
collectivité, parfois au détriment de la qualité d’exercice ou d’accueil 
pour les enfants". Si certains opérateurs "refusent" de se plier à ce 
nouveau cadre, d'autres "y voient une opportunité de se développer en 
mutualisant des modalités de gestion, d’intervention et des ressources 
financières et humaines".

En dépit de ces difficultés, 75% des centres d'accueil "déclarent que 
leur activité est importante ou essentielle pour les élus et qu’ils se 
sentent soutenus". Outre le soutien financier au bénéfice de la 
quasi-totalité des centres, les collectivités mettent à disposition des 
locaux (pour 90% des ALSH répondants) et parfois du personnel (37%). 
Elles peuvent également faciliter l'accès des enfants au centre (24%) ou 
encore soutenir financièrement les familles (22%).

Inquiétudes sur l'après réforme des rythmes scolaires

La place des ALSH dans l'élaboration des stratégies jeunesse est 
toutefois variable d'un territoire à l'autre ; seuls 45% d'entre eux 
seraient ainsi impliqués dans les contrats enfance jeunesse (CEJ). La 
"disparition programmée" des CEJ est source d'"incertitude", tout comme 
la réduction des contrats aidés – 36% des centres interrogés en 
emploieraient.

En outre, 33% de l'ensemble des centres interrogés "se déclarent 
mobilisés dans le cadre des plans éducatifs de territoire", sachant que 
"seuls 47% des ALSH ayant participé à l’étude sont ouverts en période 
périscolaire" et que parmi eux 76% "ont été jusqu’en 2017 ou sont 
actuellement en charge de l’organisation et de l’animation des TAP 
[temps d'activités périscolaires] sur leur territoire".

Les auteurs de l'étude relaient les préoccupations des ALSH sur l'après 
réforme des rythmes scolaires : "qu’en restera-t-il ? Certains 
territoires réussiront à maintenir les TAP comme ils le souhaitent, 
malgré la baisse des aides ?" Sur l’animation des temps du mercredi, 
"les ALSH voudront-ils s’engager dans une nouvelle réforme sans garantie 
sur sa pérennité ? Et avec la "disparition des bons vacances" ou la 
"baisse des aides départementales", quel avenir pour les "accueils de 
loisirs pendant les vacances scolaires" ?

Des pistes pour décloisonner les centres et améliorer la qualité d'accueil

A défaut d'avoir des réponses à ces questions, le cabinet Eexiste 
détaille en conclusion des pistes pour "pérenniser" les ALSH ruraux sur 
leur territoire. Il invite par exemple à mettre "à disposition un (ou 
plusieurs) minibus pour [mieux desservir] les ALSH d’un territoire", à 
"rompre l’isolement" des professionnels "grâce à la généralisation de 
postes de coordinateurs territoriaux, ouverts aux ALSH hors fédérations 
(sur le modèle de l’Ardèche)"
, à "encourager les pratiques 
d’évaluation, en mobilisant largement toutes les parties prenantes 
(animateurs, enfants, parents, acteurs locaux...), sur l’exemple de 
l’ALSH de Viviers" ou encore à "financer la remise en état / 
l’agrandissement / l’équipement de locaux aujourd’hui vétustes ou ne 
répondant pas aux besoins". 


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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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