[Infoligue] À propos de l’ouvrage « Territoires vivants de la République »

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 22 Nov 10:05:31 CET 2018


À propos de l’ouvrage « Territoires vivants de la République »

Publié par : https://laligue.org/
Le : 05/11/18

*****************

Cet ouvrage collectif présenté par Benoit Falaize « Territoires vivants 
de la République. Ce que peut l’école : réussir au-delà des préjugés » 
propose un panorama lucide et volontariste sur la laïcité dans les 
établissements publics.

« Le regard est ici fondamental » : dans sa présentation de l’ouvrage 
Benoit Falaize, agrégé et docteur en histoire, chercheur spécialiste de 
l’histoire de l’école, pose d’emblée la démarche générale de cet ouvrage 
collectif au titre explicite. L’objectif est de répondre à des 
affirmations ou à des revendications connotées religieusement, en 
particulier musulmanes, en développant un sentiment d’appartenance 
commun. La lucidité est étroitement liée au volontarisme et même à un 
certain optimisme. Il ne s’agit pas d’entrer dans un débat qui n’a 
d’ailleurs jamais eu lieu : entre « déclinistes » et « naïfs ». Le 
propos n’est donc pas d’élaborer une réfutation en règle d’un autre 
ouvrage collectif paru en 2002 «

Les territoires perdus de la République », coordonné par Georges 
Bensoussan sous le pseudonyme d’Emmanuel Brenner.

Territoires vivants


Construire une « vision politique de l’école »

Il s’agit de présenter une série d’expériences concrètes grâce à des 
témoignages d’acteurs. Ces acteurs ne tronquent rien des difficultés 
réelles qui surgissent dans la vie scolaire : ce sont celles qu’ils ont 
eu et ont toujours à régler. L’objectif est de s’appuyer sur ces 
expériences pour construire une « vision politique de l’école fondée sur 
un objectif d’affranchissement et de construction civique ». Le 
caractère ingrat du métier mais aussi ses réussites sont franchement 
exposés. Pour ce faire six grandes parties rassemblent chacune plusieurs 
contributions.

« L’école, un lieu pour accueillir dignement » traite de la vie 
quotidienne, des relations entre élèves, parents et professeurs. Un 
travail « d’acrobate » pour ces derniers qui veulent « éviter aux 
enfants d’être confrontés à un conflit de loyauté entre leurs parents et 
l’école ». Avec un succès, celui du collège des Provinces à Cherbourg. 
Collège classé en réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+) où des 
familles cherchent à faire inscrire leurs enfants grâce à des 
dérogations ! Reste que le « sentiment d’impuissance (ou de lassitude) 
du professeur de ZEP » est fréquent. Dans un « contrepoint » à cette 
partie Christophe Marsollier, docteur en sciences de l’éducation, 
inventorie « les gestes qui tissent la confiance des élèves en l’école ».

Deuxième partie « L’école, lieu de culture » propose des témoignages sur 
les efforts accomplis pour que les élèves se sentent tous légitimes à 
s’approprier les arts, le théâtre, la poésie… Nous sommes face à des 
attentes souvent non exprimées. L’échec scolaire enracinant « des 
sentiments proches de l’amour éconduit ». La partie « La question laïque 
et la place de la religion en classe » rassemble des textes grâce 
auxquels les dilemmes suscités par le partage de bonbons (contenant 
parfois de la gélatine de porc) –et d’autres questions telles que 
l’alimentation- permettent de réfléchir aux modalités d’un enseignement 
laïque des faits religieux. Moment fort : celui de l’invitation de 
Charb, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, en 2012 dans une classe de 
seconde professionnelle, et celui du désarroi des élèves qui l’avaient 
rencontré à l’annonce de son assassinat.

La quatrième partie traite d’un sujet crucial, celui des « concurrences 
mémorielles ». Les acteurs sont unanimes. Le rôle des historiens « n’est 
pas de désigner des coupables, mais d’établir des faits et d’essayer 
d’expliquer ce qui s’est passé ». Philippe Joutard synthétise le propos 
sur « l’histoire, un instrument privilégié pour mettre en échec la 
désastreuse concurrence mémorielle ». L’enseignement d’une de ces 
mémoires, celle de la Shoah, fait l’objet de la cinquième partie. Selon 
les témoignages recueillis, cet enseignement semble moins contesté qu’on 
ne le dit habituellement. Pour assurer une transmission effective, 
Philippe Joutard suggère de le « placer dans un projet plus vaste, tel 
celui de la Mémoire de la déportation, proposé par le Concours national 
de la Résistance et de la Déportation ». Suggestion conforme aux 
programmes et aux ressources fournies par Eduscol à propos des « 
génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité » incluant 
notamment le génocide des Tsiganes par les nazis. La dernière partie, 
mais non la moins importante, aborde les « questions de genre ». Deux 
retours sur l’homophobie sont suivis par le témoignage d’un directeur 
d’école élémentaire dans le 19° arrondissement de Paris. Nonobstant ses 
pistes (tenue d’un journal, réflexions collectives sur les 
représentations sociales, initiation aux danses traditionnelles, gestion 
de l’interclasse, redéfinition des espaces dans la cour de récréation…) 
cette partie décisive pour la vie en commun aurait mérité d’être développée.

Une vue d’ensemble, au plus près du terrain

L’ensemble des contributions réunies dans ce livre constitue un apport 
déjà beaucoup commenté dans le monde enseignant et dans les médias. Il 
est à rapprocher de la grande enquête du Comité National d’Action Laïque 
sur l’application du principe de laïcité dans les établissements 
publics. La confrontation des nombreuses données de l’enquête et des 
témoignages réunis par Benoit Falaize permet d’avoir à la fois une vue 
d’ensemble réaliste et de bénéficier d’approches au plus près du 
terrain. Cet ouvrage collectif a été publié avec le soutien de la Ligue 
de l’enseignement. Eric Favey, ancien président de la Ligue, propose une 
conclusion avec pour titre : « Une école pour apprendre à vivre 
humainement et à faire société ». On y retrouvera la volonté politique 
qui anime notre mouvement d’éducation populaire qui se veut apte à 
prendre en compte les réalités de ce « moment de métamorphose » pour 
devenir « source d’émancipation, de solidarité de coopération » mais 
aussi de « distance critique et d’imagination ». De grands mots certes, 
mais qui conviennent à celles et ceux qui ne renoncent pas…

Territoires vivants de la République. Ce que peut l’Ecole : réussir 
au-delà des préjugés.
Ouvrage collectif présenté par Benoit Falaize.
Éditions La Découverte, 328 pages, 18 €


-- 

-----------------------
Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
-----------------------
Nos sites :
http://www.laligue-alpesdusud.org
http://www.laligue-alpesdusud.org/associatifs_leblog
-----------------------



-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <https://ml.laligue-alpesdusud.org/pipermail/infoligue/attachments/20181122/25b9f87f/attachment-0001.html>
-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe autre que texte a été nettoyée...
Nom: Territoires-vivants-375x612.jpg
Type: image/jpeg
Taille: 24497 octets
Desc: non disponible
URL: <https://ml.laligue-alpesdusud.org/pipermail/infoligue/attachments/20181122/25b9f87f/attachment-0001.jpg>


Plus d'informations sur la liste de diffusion Infoligue