[Infoligue] Communiqué de presse de la Ligue de l’enseignement en réaction à la démission de Nicolas Hulot

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 3 Sep 12:06:58 CEST 2018


Communiqué de presse de la Ligue de l’enseignement en réaction à la 
démission de Nicolas Hulot

Publié par : 
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Le : 03/09/18

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Au-delà de la dignité dont elle est empreinte et que nous saluons, la 
démission de Nicolas Hulot questionne la société dans son ensemble et ne 
peut laisser sans réaction la Ligue de l’enseignement.

Si chacun des éléments d’explication donnés par l’ancien Ministre de la 
transition énergétique méritent d’être entendus, deux interpellent plus 
particulièrement le Mouvement d’éducation populaire qu’est la Ligue de 
l’enseignement.

Le premier est un problème de démocratie. Il s’agit, non pas de 
l’existence, mais du poids excessif des lobbies dans les décisions 
publiques. Dans ce domaine, le traitement des questions 
environnementales est particulièrement  révélateur de cette réalité. Les 
renoncements obtenus ces derniers mois du gouvernement par les groupes 
de l’industrie chimique, de l’industrie agro-alimentaire, de l’industrie 
énergétique ou encore des chasseurs en sont l’inquiétante démonstration. 
Mais cette priorisation d’intérêts particuliers face à l’intérêt général 
dépasse, et de loin, le seul secteur de l’environnement. Ainsi, celui de 
la santé fait face à l’incroyable poids de l’industrie pharmaceutique, 
et celui de l’éducation est soumis aux pressions de groupuscules 
extrémistes ou de géants mondiaux de l’industrie du numérique.  Pour la 
Ligue, il est urgent d’encadrer réellement l’action des lobbyistes : en 
garantissant une transparence totale des relations entre les décideurs 
publics et les lobbies, ou encore en interdisant les va et vient entre 
l’exercice de certaines fonctions publiques et de fonctions 
professionnelles au sein de groupes de pression. Il en va de la 
crédibilité de la décision politique, et par répercussion de la 
légitimité même du fonctionnement démocratique.

Mais l’enjeu démocratique c’est aussi que les citoyens et les opinions 
soient gagnés plus massivement aux changements nécessaires pour enrayer 
la tragédie qui s’annonce. Les responsables politiques quelles que 
soient leurs qualités ont besoin d’une société civile qui prépare et 
accompagne les changements. Ce n’est pas la marque de ce gouvernement 
qui méprise trop souvent les corps intermédiaires.

Le second a trait aux choix politiques fait par les gouvernements 
successifs et l’actuel en particulier. « … la situation universelle, au 
moment où la planète devient une étuve, mérite qu’on se retrouve et 
qu’on change d’échelle… » a déclaré Nicolas Hulot, refusant de 
cautionner plus longtemps la politique des petits pas et surtout 
pointant du doigt le fond du problème.  Quel est le constat ? Cette 
année, depuis le 1er août, la planète vit à crédit, ses habitants ayant 
consommé en seulement 7 mois toutes les ressources naturelles que la 
terre peut produire en une année entière. Et chaque année, la date de ce 
jour fatidique dit « jour du dépassement » arrive un peu plus tôt. A 
elle seule, cette donnée résume bien l’irresponsabilité du mode de vie 
de nos sociétés dites développées. D’autant plus qu’en parallèle de 
cette situation, chacun peut constater l’inexorable progression des 
inégalités de tous genres. Non pas que la situation environnementale 
soit la seule cause de l’accroissement des inégalités sociales, 
économiques, d’accès à l’éducation ou à la culture, mais parce que cette 
dernière est un des principaux marqueurs de cette dégradation. Un monde 
où la richesse produite ne cesse d’augmenter tout en se concentrant 
entre les mains d’un nombre toujours plus petit d’individus ne peut être 
que générateur d’inégalités. Aussi importante soient-elles, les 
questions environnementales ne sont donc pas le seul problème. Il s’agit 
bien d’une situation systémique qui ne peut trouver de solution que dans 
une démarche globale. C’est le sens d’un projet politique qui servirait 
l’intérêt général. Un projet qui engagerait irrémédiablement la lutte 
contre les inégalités, ce qui implique qu’il soit porteur d’une démarche 
de partage plus égalitaire des richesses.

Pour la Ligue de l’enseignement, c’est le sens d’autres modèles de 
développement humain qui n’hypothèquent pas l’avenir de l’humanité. Il 
est indispensable d’imaginer d’autres modèles économiques et sociaux, 
d’autres modes de consommation et de production « décarbonnées ». C’est 
dans cet objectif qu’elle a engagé depuis plus de 20 ans, de nombreuses 
actions visant à permettre à chacun de disposer des clés de 
compréhension des enjeux, pour pouvoir agir concrètement sur les causes 
et sur les conséquences des difficultés rencontrées. Malheureusement, 
elle ne peut que constater un retrait par les pouvoirs publics des 
moyens affectés à ces actions, mais aussi un recul clair de leur volonté 
d’agir et de mobiliser. Dans ce contexte, la démission de Nicolas Hulot 
doit être entendue comme un cri d’alarme à conjuguer avec les nombreuses 
alertes exprimées par les associations pour l’éducation à 
l’environnement  ou la protection de la nature. La Ligue de 
l’enseignement compte parmi celles-là. Elle appelle donc le gouvernement 
à sortir des postures de communication, et à engager une véritable 
mutation des pratiques dans ce domaine en faisant véritablement du 
développement durable et de la transition écologique l’un des axes forts 
de la lutte contre les inégalités.

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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