[Laicite-info] Ecoles privées : le périmètre de la contribution des communes devant le Conseil d'Etat
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 10 Juin 11:47:32 CEST 2010
Ecoles privées : le périmètre de la contribution des communes devant le
Conseil d'Etat
Auteur : Christophe Belleuvre / Diagora Press
Publié par : http://www.localtis.info
Le : 09 juin 2010
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Mardi 8 juin 2010, le rapporteur public, Emmanuelle Cortot-Boucher, a
proposé au Conseil d'Etat de ne pas admettre le recours de la commune de
Clermont-Ferrand dans un litige relatif à sa contribution aux dépenses
de fonctionnement de six écoles catholiques. Depuis la loi du 31
décembre 1959 sur les rapports entre l'Etat et les établissements
d'enseignement privés, dite loi Debré, les dépenses de fonctionnement
des classes sous contrat sont prises en charge dans les mêmes conditions
que celles des classes correspondantes de l'enseignement public.
Le Code de l'éducation précise (art. R.442-44) qu'en ce qui concerne les
classes élémentaires, c'est la commune siège de l'établissement qui est
tenue d'assumer, pour les élèves domiciliés dans la commune et dans les
mêmes conditions que pour les classes élémentaires publiques, les
dépenses de fonctionnement (matériel) des classes sous contrat.
Périmètre des dépenses de fonctionnement
Dans l'affaire examinée par le Conseil d'Etat, la municipalité de
Clermont-Ferrand conteste le caractère de dépenses de fonctionnement, et
donc sa contribution à toute une série de dépenses, notamment relatives
au transport scolaire, aux classes découvertes et à la médecine
scolaire. Lors de l'audience, Emmanuelle Cortot-Boucher, n'a pourtant
laissé planer aucune ambiguïté concernant les dépenses liées aux
transports des élèves lors d'activités scolaires, à la rémunération
d'intervenants lors des séances d'activités physiques et sportives,
ainsi qu'aux classes découvertes, "qui font partie intégrante des
dépenses de fonctionnement" des établissements. Plus hésitante sur les
dépenses de médecine scolaire, le rapporteur public, a malgré tout
proposé aux Sages du Palais Royal d'en confirmer l'intégration dans les
dépenses de fonctionnement.
Investissements, contrats, procédures : questions en suspens…
Dans son recours, la commune, pour évacuer toute réévaluation annuelle
du coût moyen d'un élève dans une école publique (base de calcul de la
contribution) argue aussi de ce que les six écoles, en signant un
contrat dépourvu de cette réévaluation ont "renoncé au bénéfice de la
loi". Tout en relevant qu'il s'agissait d'une "question inédite" et donc
délicate, le rapporteur public a estimé que l'argument n'était pas fondé
d'autant que les six écoles en cause "n'avaient pas commis de faute
ayant participé à leur préjudice". Pour Emmanuelle Cortot-Boucher, le
financement de la commune demeure bien "inférieur au coût moyen d'un
élève dans une école élémentaire publique de la commune", et est donc
erroné.
Emmanuelle Cortot-Boucher a, par ailleurs, repoussé d'un revers de main
les autres moyens de la ville qui reprochait aux établissements
l'absence de saisine de la commission de concertation prévue par le Code
de l'éducation (art. L.442-11), qui prétendait à l'erreur de droit de
l'arrêt de la cour administrative d'appel de Lyon (30 décembre 2008,
req. 05LY01682) ayant requalifié en fonctionnement des dépenses de la
section des investissements, et enfin qui alléguait sans précision du
caractère erroné de la prise en compte du nombre d'élèves.
Réponses d'ici trois à quatre semaines. Ces questions risquent pourtant
de ne pas être tranchées par le juge administratif suprême. Si les Sages
suivent les conclusions d'Emmanuelle Cortot-Boucher, ils refuseront
d'admettre le recours de la commune de Clermont-Ferrand et ne répondront
pas aux questions posées. En effet, l'examen des six recours de la ville
se fait dans le cadre de la procédure dite d'admission en cassation,
"procédure de filtrage" destinée à éviter au Conseil d'Etat d'instruire
et de juger au fond les recours qui n'ont aucune chance d'aboutir, parce
qu'ils invoquent des moyens irrecevables ou dépourvus de caractère sérieux.
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Montants litigieux
La commune de Clermont-Ferrand conteste sa condamnation à verser à
l'organisme de gestion de l'école catholique (Ogec) de Fénelon la somme
de 385.456,24 euros, sous déduction de la provision de 293.528,04 euros
déjà versée, à l'Ogec de Saint-Alyre la somme de 507.940,42 euros, sous
déduction de la provision de 386.747,97 euros déjà versée, à l'Ogec de
Massillon Notre-Dame la somme de 290.181,81 euros, sous déduction de la
provision de 220.965,06 euros déjà versée, à l'Ogec des Francs Rosiers
la somme de 337.902,17 euros, sous déduction de la provision de
257.262,87 euros déjà versée, à l'Ogec Monanges la somme de 292.569,02
euros, sous déduction de la provision de 222.757,62 euros déjà versée, à
l'Ogec de Sainte-Thérèse la somme de 366.538,86 euros, sous déduction de
la provision de 279.108,51 euros déjà versée, au titre de la
contribution aux dépenses de fonctionnement des dites écoles.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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