[Laicite-info] Pâque juive : Guéant piétine la laïcité

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 5 Juil 08:32:18 CEST 2011


Pâque juive : Guéant piétine la laïcité

Auteur : Tefy Andriamanana
Publié par : http://www.marianne2.fr
Le : Samedi 2 Juillet 2011

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Le ministre de l’Intérieur a annoncé devant le Crif à Marseille qu’aucun 
concours officiel ne pourra se tenir durant la Pâque Juive. Comme si les 
règles communes de la République devaient s’adapter aux croyances de chacun.

On croyait que c’était clair : « La République ne reconnaît, ne salarie 
ni ne subventionne aucun culte », c'est inscrit dans la loi de 1905 . 
Pourtant jeudi soir, devant le Crif de la région PACA à Marseille, 
Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, a visiblement oublié ce principe 
plus que centenaire.

Dans son discours, il a dit trouvé « opportun que les fêtes juives de 
Pessah puissent être prises en compte dans le fonctionnement des 
administrations et des services publics ». Ainsi, il a annoncé avoir 
demandé au ministère de la Fonction Publique de « veiller à ce que les 
fêtes de Pessah figurent, dès l'an prochain, dans le calendrier des 
principales fêtes religieuses » afin « que les examens et concours de la 
République ne se déroulent pas » pendant ces fêtes. Cette année, la 
Pâque Juive s’est déroulée du 18 au 26 avril.

Et cette mesure est loin d’être symbolique. Une circulaire existe déjà 
sur les dates des principales fêtes orthodoxes, arméniennes, juives, 
musulmanes, bouddhistes qui ne sont des jours fériés officiels (qui sont 
basés sur les fêtes catholiques). Et ce calendrier doit pris en compte 
par l’administration pour les autorisations d'absence des fonctionnaires 
et fixer la date des examens et concours.

L'UEFJ pas demandeuse

Mais jusque là, les dates de la Pâques n’était pas inscrites sur cette 
liste. Ce qui a posé un problème en avril dernier, lors des concours 
pour les grandes écoles d’ingénieurs (Mines, Centrale, Supélec…). 
Médiapart avait alors révélé que des sessions de nuit avaient été alors 
programmées pour permettre à des étudiants juifs de passer les concours 
malgré les fêtes de Pessah.

Une Initiative avortée qui aurait été prise après un ordre de l’Elysée 
selon Médiapart mais démentie par les organisateurs et Valérie Pécresse, 
ministre de l’Enseignement supérieur qui évoquait déjà « une erreur de 
calendrier » avec l’oubli des fêtes de la Pâque dans la liste de 
l’administration.

Après ce scandale, Claude Guéant a donc réparé cette « erreur ». 
Désormais, les règles de la République devront se plier aux coutumes 
religieuses. On dira qu’il s’agit de faciliter la vie d’étudiants libres 
de pratiquer leur culte. Mais lorsque l'affaire a éclaté, Arielle 
Schwab, présidente de l’UEJF, avait écarté une telle revendication. « 
Nous ne demandons pas que la Pâques juive soit incluse dans cette liste 
de fêtes, car la République ne doit rien aux communautés religieuses. Il 
ne faut pas rendre majoritaires les minorités », avait-elle dit à 
Libération.fr.

Sarkozy le communautariste

Des esprits parisiens pourraient inférer de l’annonce faite au Crif par 
Guéant que l'Elysée choisit de cajoler les juifs religieux davantage que 
les Musulmans. En février dernier, lors du dîner du Crif à Paris, il 
avait d'ailleurs loué les « racines juives » de la France. Mais la 
vérité des positions sarkozystes est sans doute plus complexes. Du temps 
où il était ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy a fait beaucoup 
pour mettre le CFCM, organe dit représentatif de la communauté 
musulmane, sur les fonds baptismaux. Le Président, alors ministre, 
s'était aussi vanté d’avoir nommé un « préfet musulman ». Partisan de la 
discrimination positive, il avait crée le poste de « commissaire à la 
diversité », confié à Yazid Sabeg. Et si le débat sur l’Islam au sein de 
l’UMP a fait grincer beaucoup de dents, la grande Mosquée de Paris a 
longtemps tergiversé avant de le boycotter.

Dans d’autres circonstances, les état-majors du CFCM et de la Grande 
Mosquée ont été bien plus indulgents envers le pouvoir politique. Ils ne 
se sont jamais, par exemple, joints aux plaintes des associations 
anti-racistes contre les déclarations d’Hortefeux sur les « Auvergnats 
». Et lorsque Guéant a provoque en évoquant « Les Français (qui) ont 
parfois le sentiment de ne plus être chez eux » ou « un certain nombre 
de comportements (qui) posent problème » de la part des Musulmans, les 
religieux ont encore gardé le silence contrairement à Sos Racisme. La 
bonne oreille de l’Elysée vaut bien une messe anti-raciste...

Bref, l’annonce de Guéant ne procède pas de la préférence d’une 
communauté contre une autre, mais du choix des communautés contre la 
République. Elle découle d’une vision communautariste de la société où 
les traditions de quelques uns peuvent faire plier les règles qui 
s’imposent à tous. Rien d’étonnant dans la bouche du théoricien de la « 
laïcité positive », concept qu'il était fier d'arborer en 2007, mais 
qu'il a oublié aussi vite que sa fumeuse idée de créer des subprimes à 
la française. Il reste encore aux hindous, aux sikhs ou aux animistes de 
déposer leurs revendications à l’Elysée. A force, il n’y aura plus que 
le 29 février où on pourra organiser des examens.

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Denis Lebioda
Chargé de mission 
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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