[Laicite-info] L'Observatoire de la laïcité de nouveau sur les rails
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 8 Avr 09:08:34 CEST 2013
L'Observatoire de la laïcité de nouveau sur les rails
Par Blandine Le Cain
Publié par :
Le : 06/04/2013
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Promis depuis des années, jamais concrétisé, l'Observatoire de la
laïcité, présidé par Jean-Louis Bianco, verra le jour en 2013. Une
création attendue et porteuse d'enjeux.
François Hollande l'avait annoncé en décembre dernier: un Observatoire
national de la laïcité verra le jour en 2013. Jeudi, un nouveau pas a
été franchi dans cette voie: un arrêté du premier ministre «renouvelle
pour cinq ans l'Observatoire de la laïcité institué par décret du 25
mars 2007» d'après le Journal officiel. La formulation est troublante,
puisqu'il est question de renouveler une structure inexistante. La
raison: l'Observatoire de la laïcité est une idée reprise par François
Hollande à ses prédécesseurs, jamais menée à terme.
Retour aux origines du projet, en... 2003, année de la remise du rapport
de la commission Stasi sur la laïcité à Jacques Chirac. Suivant les
préconisations de ce rapport, le président de l'époque annonce en
décembre une série de mesures, parmi lesquelles la loi sur les signes
religieux à l'école, adoptée en 2004, et la création d'un Observatoire
de la laïcité.
Il faut attendre mars 2007 et les derniers mois du mandat présidentiel
de Jacques Chirac pour le premier acte concret. Un décret, signé en
mars, prévoit que l'Observatoire «assiste le gouvernement dans son
action visant au respect du principe de laïcité dans les services
publics» par le biais d'«analyses, études et recherches» et en proposant
certaines mesures. Il est donc question d'un organe de conseil, sans
pouvoir d'initiative et de décision, contrairement au souhait initial de
Jacques Chirac.
La transition du Haut conseil à l'intégration
Deux mois plus tard, Nicolas Sarkozy, auparavant ministre de
l'Intérieur, remplace Jacques Chirac à l'Élysée. L'Observatoire tombe
aux oubliettes: personne ne sera jamais nommé dans ce qui reste pendant
six ans une coquille vide. Une conséquence du «lobbying catholique très
fort» exercé par certains conseillers du président, estime un ancien
membre du Haut conseil à l'intégration (HCI). C'est à cet organisme que
la question est confiée, à travers la mission laïcité.
«Nous l'avons vécu comme une période de préfiguration de ce que va être
l'Observatoire», analyse Benoît Normand, secrétaire général du HCI. Le
Conseil a notamment rendu des avis sur la question de la laïcité dans
les entreprises et dans l'enseignement supérieur. «Malheureusement, on
traite la question par petits bouts. Il faudrait trancher plus
largement, ce que pourrait permettre l'Observatoire.»
L'annonce de François Hollande en décembre marque une nouvelle tentative
de mise en place, sur la base du décret de 2007: placé sous l'autorité
du premier ministre, il doit être composé de hauts fonctionnaires,
parlementaires et personnalités qualifiées, et son président nommé par
décret pour quatre ans. Une mission supplémentaire de proposition sur la
transmission de la morale laïque à l'école devrait lui être attribué.
Deux approches de la laïcité
L'observatoire sera présidé par Jean-Louis Bianco, ancien ministre et
ancien Secrétaire général de l'Eysée. Quinze membres ont été nommés,
dont quatre parlementaires: le député PS Jean Glavany, la députée UMP
Marie-Jo Zimmermann, la sénatrice PRG Françoise Laborde et le sénateur
UMP François-Noël Buffet. Ensuite une dizaine de membres (philosophe,
chercheurs, juriste....) sont désignés «en raison de leur compétence et
de leur expérience».
«Il y a un enjeu dans la personnalité qui sera désignée», notait, avant
l'annonce du nom de Jean-Louis Bianco, un proche de la mission laïcité.
«Deux écoles s'affrontent: d'une part l'école française classique qui
vise à délimiter clairement des espaces de laïcité. D'autre part l'école
plus anglo-saxonne dite d'accommodement raisonnable», notion inspirée
d'Amérique du Nord selon laquelle on adapte certaines règles, sur le
lieu de travail par exemple, pour permettre la pratique d'une religion.
Un débat relancé suite au récent arrêt de la Cour de Cassation dans
l'affaire Baby Loup.
«Ce que je souhaite, c'est qu'on dépasse ces deux visions», affirme pour
sa part le sociologue Jean Baubérot, l'une des figures de cette approche
d'accommodement raisonnable. Il attend donc de cet Observatoire une
«conception équilibrée», et d'autre part, qu'il enclenche une «réflexion
de fond sur la laïcité, à froid». «Il y a un usage hypertrophié du terme
laïcité, mais une confusion sur ce que cela recouvre», estime le
sociologue. Un point sur lequel chacun semble s'accorder.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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