[Laicite-info] Charte de la laïcité > plusieurs articles publiés par le Café Pédagogique

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 9 Sep 10:23:45 CEST 2013


Peillon dévoile la Charte de la laïcité

Publié par : http://www.cafepedagogique.net
Le :  09/07/13

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La charte de la laïcité est-elle une réponse de gauche à une question 
française ? En convoquant trois ministres, un président de l'Assemblée 
nationale, celui du Conseil économique, social et environnemental, de 
hautes personnalités comme Robert Badinter, la publication de la charte 
de la laïcité, le 9 septembre, est traitée par le gouvernement comme un 
événement politique majeur. Quel contenu pour ce texte ? Quelles 
intentions dans sa rédaction ? Quelle histoire aussi dans l'institution 
scolaire ?

Que dit la Charte de la laïcité ?

Le texte final, dévoilé par le ministère le 8 septembre, est quasiment 
identique à celui que le Café pédagogique a publié le 12 juillet. Seul 
l'article 1, qui faisait préambule et qui n'évoquait pas les 
compétences, a été retiré. L'ordre des articles a été légèrement modifié 
pour arriver à 15 articles au lieu de 17. La charte affirme quela 
laïcité "permet l'exercice de la liberté d'expression des élèves". Elle 
fixe le principe de stricte neutralité des enseignements : "les 
personnels ont un devoir de strictes neutralité : ils ne doivent pas 
manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l'exercice 
de leurs fonctions". Elle pose le principe que "nul ne peut se prévaloir 
de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles 
applicables dans l'Ecole de la République... Aucun élève ne peut ne peut 
invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un 
enseignant le droit de traiter une question au programme".

Un texte libérateur ?

Vincent Peillon insiste sur le coté libérateur du texte. " La laïcité 
doit permettre à chacun de s'émanciper, de s'épanouir et de trouver sa 
propre liberté", déclare-t-il au Journal du Dimanche le 8 septembre. " 
Plutôt qu'une arme et une défiance, voyons (la laïcité) comme un pacte 
de confiance où chacun d'entre nous accepte qu'il y ait un espace commun 
dans lequel nous devons réserver un certain nombre de nos opinions 
personnelles, et où en contrepartie personne ne doit être inquiété pour 
une opinion, une croyance ou une appartenance. La laïcité libère, mais 
elle garantit et protège aussi... La laïcité libère, elle n'opprime pas. 
La laïcité respecte, elle ne stigmatise pas. La laïcité pacifie, elle ne 
brutalise pas ". Pour Jean-Louis Auduc, spécialiste de la question, " 
c'est bien d'avoir un texte qui montre la laïcité au quotidien et qui 
insiste sur le fait qu'elle est un outil de liberté. D'ailleurs ce mot 
est celui qui revient le plus souvent dans la charte. Cette charte casse 
l'image réductrice d'une laïcité d'interdiction et met en avant la 
liberté de conscience, de la personne, l'enjeu de la culture commune et 
partagée. La charte est bien équilibrée entre les 3 principes de la 
laïcité : la primauté de l'Etat avec ses programmes d'enseignement, la 
liberté de conscience et d'expression, l'égalité de traitement des 
croyances et des incroyances."

Un accompagnement pédagogique

Le ministre a annoncé  qu'une circulaire demandera aux directeurs et 
chefs d'établissement de mettre en oeuvre autour de la charte "une 
pédagogie de la laïcité". " Un texte de commentaire de la charte, 
article par article, sera disponible pour aider les professeurs, les 
CPE, les chefs d'établissement à se l'approprier. J'ai par ailleurs 
demandé à ce que ces notions soient enseignées dans les nouvelles écoles 
du professorat et de l'éducation, et un module numérique à destination 
des professeurs est en cours de finalisation." On s'achemine vers la 
publication d'un kit pédagogique et la mise en place d'un module de 
formation initiale. Jean-Louis Auduc trouve cet effort insuffisant. " On 
a eu dans le passé une charte de la citoyenneté dont les personnels ne 
s'étaient pas emparés. J'espère que le ministre lancera une grande 
action de formation dans les semaines qui viennent auprès des 
professeurs principaux. Le ministre a annoncé un kit pédagogique de 
complément. Il faut aussi des réunions où on donne des indications, où 
on  présente le kit. Il ne faut pas se limiter à l'envoyer si l'on veut 
une véritable appropriation".

Un sujet éminemment politique

C'est que la question de l'enseignement des valeurs morales à l'Ecole a 
fait un grand retour ces dernières années. Qui a dit : " Dans un 
contexte d'évolution constante des comportements individuels et des 
usages sociaux, il appartient plus que jamais à l'École, par la voix et 
l'exemple de ses maîtres, d'asseoir les bases d'un exercice bien compris 
de la liberté individuelle au sein de la société." Ce n'est pas Vincent 
Peillon. C'est Luc Chatel en 2011. Le retour de la morale à l'Ecole est 
devenu un sujet constant des derniers ministres de l'éducation 
nationale. Chatel comme Peillon se défendent d'ailleurs d'un retour à la 
morale de grand papa. " Il s'agit avant tout d'aider chaque élève à 
édifier et renforcer sa conscience morale dans des situations concrètes 
et en référence aux valeurs communes à tout « honnête homme»", disait 
Chatel en évoquant l'instruction morale. " La morale laïque, cela n'a 
rien de vieillot", nous disait Vincent Peillon en 2012. "Il ne s'agit 
pas de réciter des préceptes ou d'ânonner des maximes, mais d'enseigner 
la liberté, de réfléchir au sens de la vie". Ces idées on les retrouve 
dans la loi d'orientation adoptée en juillet 2013. " L'enseignement de 
la morale laïque, tout comme l'instruction et l'éducation civiques, 
participe de la construction d'un mieux-vivre ensemble au sein de notre 
société. Ces enseignements visent notamment à permettre aux élèves 
d'acquérir et de comprendre l'exigence du respect de la personne, de ses 
origines et de ses différences, mais aussi l'égalité entre les femmes et 
les hommes ainsi que les fondements et le sens de la laïcité, qui est 
l'une des valeurs républicaines fondamentales". C'est dans ce contexte 
que V. Peillon publie sa charte. Dans une France en mal de repères et de 
valeurs communes, l'enseignement des valeurs à l'Ecole a été d'abord une 
réponse de droite. Elle est maintenant reprise par la gauche. Mais à sa 
façon.

François Jarraud

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Une charte de la laïcité, oui... mais pour qui?

Publié par : http://www.cafepedagogique.net
Le :  09/07/13

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En première ligne des disciplines qui doivent faire face à des problèmes 
de laïcité : l'EPS. Alors que V. Peillon publie la nouvelle « charte de 
la laïcité », comment ce texte va-t-il permettre de répondre aux 
problématiques du terrain ? Pour Julien Gout, professeur d'éducation 
physique et sportive en région parisienne, les problématiques sont plus 
larges. Parler de laïcité n'a souvent pas lieu d'être dans des 
établissements où plus de 90% des élèves ont la même croyance. L'auteur 
repositionne d'ailleurs le débat sur la culture scolaire qui est proposé 
: « les problèmes liés à la natation sont souvent très loin des 
problèmes religieux et de laïcité, en effet, quel intérêt pour un élève 
d'apprendre à nager, alors qu'il n'a quasiment aucune chance de voir la 
mer un jour dans sa vie, ou de payer l'accès à une piscine publique... »

L'article 10 insiste sur la nécessité de garantir l'égalité entre filles 
et garçons. Justement dans certains établissements de quartiers 
populaires ou vous avez enseigné pendant plusieurs années, qu'en est-il 
? La charte peut-elle être un point d'appui ?

En effet, il existe un véritable besoin autour des problématiques de 
genre dans les établissements des quartiers populaires. Cela rythme le 
quotidien des enseignements. En EPS, il va de soi que certaines 
activités posent problème. Enseigner l'acrosport, la danse peut être 
perçu par le public masculin comme une véritable agression. Il est 
souvent nécessaire de rentrer par le défi, l'exploit et une connotation 
plus « masculine » pour faire pratiquer l'élève. La charte ne sera pas 
un appui, mais une occasion de rappeler de nouveau certains principes, 
comme l'acception d'un point de vue. Evaluer une chorégraphie en Danse 
demande une certaine acrobatie, pour sortir des jugements qui se 
limitent le plus souvent à l'exploit et faire rentrer les élèves dans la 
perception de l'esthétisme, du langage du corps. Dès lors, la charte est 
un outil, parmi tant d'autres mais pas un moyen.

On évoque le plus souvent les problématiques liées à la pratique de la 
natation, et au refus de certains élèves, ou parents, d'aller « à la 
piscine » ? Cette problématique est-elle réelle ? Et comment peut-on la 
prendre en compte ?

Il est vrai que souvent, la problématique de refus d'accès à la piscine 
est justifiée par des choix liés à la religion. La charte aurait dans ce 
cas là un intérêt évident. Mais les explications peuvent aussi être plus 
communes. Sans rentrer dans de longues explications, quel adolescent n'a 
pas un rapport à son corps problématique ? Un élève entre la sixième et 
la terminale prend 50 cm, les enfants, deviennent de futurs adultes. Des 
solutions existent, mais elles demandent un travail de l'ensemble des 
acteurs de l'établissement, du médecin scolaire, à la CPE, en passant 
par l'infirmière pour expliquer, vérifier, et évoquer les enjeux de 
l'apprentissage du savoir nager. Mais encore une fois, les solutions 
existent et la natation se déroule très bien dans de nombreux 
établissements, même les plus difficiles. Par contre, il convient de 
noter que les problèmes liés à la natation sont souvent très loin des 
problèmes religieux et de laïcité. En effet, quel sens peut trouver un 
élève dans le fait d'apprendre à nager, alors qu'il n'a quasiment aucune 
chance de voir la mer un jour dans sa vie, ou de payer l'accès à une 
piscine publique ? Il me semble que la véritable problématique est 
plutôt celle de la cohérence entre l'offre culturelle accessible pour 
les habitants des quartiers populaires et la culture scolaire.

Justement vous évoquez le décalage de la culture scolaire avec la 
culture présente au sein de ces quartiers. Pourtant, l'article 8 
souhaite favoriser « l'accès à une culture commune et partagée » Comment 
répondre à cette réalité ?

Je dois avouer qu'avant de travailler en zone sensible, la formation que 
j'avais reçu a souvent insisté sur la nécessité de prendre en compte la 
grande hétérogénéité des élèves. Or l'hétérogénéité n'est pas évidente 
dans les collèges dit "sensibles". Les élèves sont presque tous issus de 
catégories sociaux professionnelles défavorisées, et sont pour beaucoup 
en grande difficulté scolaire. Dès lors le tableau peint est 
véritablement différent.

Par contre, ce qui est frappant c'est le décalage entre la culture que 
l'on souhaite enseigner, la culture scolaire et les possibilité 
d'accéder à cette culture en dehors de l'école. Quel sens revêt le fait 
d'intégrer des valeurs telles que la solidarité, le respect de 
l'autre,... quand la réalité du quartier fait la part belle à "la loi du 
plus fort" ? Evoquer la laïcité et la nécessité de l'accès à une culture 
commune de haut niveau, c'est bien. Mais il est nécessaire que cette 
préoccupation de l'école soit également prise en compte dans la 
politique sociale du pays. Cette charte ne peut avoir qu'un impact 
limité en l'état actuel des choses. Les problématiques ici sont 
principalement des problématiques sociales, territoriales. Il s'agit 
plus d'un pansement que d'une solution pérenne.

Propos recueillis par Antoine Maurice

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Laïcité : Questions autour d'une charte

Publié par : http://www.cafepedagogique.net
Le :  09/07/13

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La publication le 9 septembre de la charte de la laïcité est présentée 
comme un moment fort de l'action gouvernementale. Il s'agit, dans la 
continuité de la loi d'orientation, de donner une impulsion de gauche à 
une interrogation sur les valeurs qui traverse la société française. 
Pour autant, la charte a ses limites pédagogiques, sociales et politiques.

Les difficultés scolaires sont rarement solubles dans les règlements 
intérieurs. Cette loi vaut aussi pour les questions de laïcité. Ce n'est 
pas seulement en affichant la devise républicaine que l'on met de la 
fraternité dans les établissements. Ce n'est pas seulement en placardant 
une charte que l'on atteindra le niveau de vivre ensemble que vise la 
charte. Certains articles d'ailleurs interrogent. Si l'endoctrinement 
politique ou religieux sont évidemment à proscrire, l'absolue neutralité 
que promet la charte est une chimère. Comment l'enseignant pourrait-il 
totalement laisser à la porte de sa classe ses convictions ? Est-ce même 
souhaitable ? On ne peut pas à la fois exiger des enseignants qu'ils 
soient des modèles pour leurs élèves et les dépouiller de leur liberté. 
N'a-t-on pas vu récemment, en 2005, des enseignants enfreindre les 
programmes d'histoire quand ceux ci déraisonnaient ?

Mais redescendons vers des situations plus banales. Les enseignants sont 
mis face à des situations pour lesquels leur formation est très courte. 
Que faut-il dire à l'élève qui refuse de faire du sport en période de 
jeûne ? Comment réagir à telle ou telle remarque sur un moment du cours 
? La question est d'ailleurs plus vive encore hors des cours dans les 
moments de vie scolaire. Comment gérer la diversité des attitudes à la 
cantine ? Qu'est ce qu'un signe ostensible d'appartenance religieuse et 
à qui appliquer la loi ? Sur tous ces points, des fiches pédagogiques 
seront bienvenues. Mais leur portée sera très limitée. Seule la 
formation continue pourrait aider les enseignants à apporter la bonne 
réponse au bon moment.

Il y a aussi une limite sociale. La question de la laïcité ne se pose 
pas partout dans les mêmes termes. L'Ecole elle-même n'échappe pas à la 
discrimination. On sait que les résultats du système éducatif sont 
fortement corrélés aux inégalités sociales, en France beaucoup plus que 
dans d'autres pays de l'OCDE. On sait aussi que les inégalités sociales 
ne sont pas sans rapport avec les différences ethniques. C'est en 
étudiant les collèges aquitains que Georges Felouzis a mis en évidence 
la ségrégation ethnique qui frappe l'école républicaine et le fait que 
l'Ecole soit elle-même productrice de ségrégation. En 2004, il nous 
disait " On ne peut pas parler de xénophobie ou de racisme. Mais on 
observe en effet de la ségrégation au collège et certaines origines en 
sont plus victimes que d'autres : c'est plus net pour les personnes 
originaires du Maghreb, d'Afrique noire ou de Turquie. Peut-on parler de 
discrimination ? Oui et non. Oui car cela crée une situation sociale qui 
produit une identification de l'individu sur une base ethnique qu'il 
soit allochtone ou autochtone. Dans les collèges, on observe que ça 
incite à produire des identités centrées sur l'ethnicisation. Ca peut 
produire une lecture de la société en terme de relations raciales". 
Comment mettre en action les valeurs de la laïcité dans des 
établissements ghettoïsés ?

Plus globalement, la Charte interroge aussi la conception française de 
la laïcité. Fruit de l'histoire, sa conception de la laïcité est plus 
antireligieuse que chez nos voisins. En même temps, l'Etat laïc 
subventionne des établissements religieux. Et personne n'ignore qu'ils 
sont à 90% catholiques. Ces particularités sont soutenues par une 
culture étatique très forte qui est très apparente dans le texte de la 
charte. L'Ecole invite tous les jeunes à l'intégrer et à s'y soumettre 
même si elle apparait singulière. Une singularité qui semble de plus en 
plus difficile à faire admettre dans un monde ouvert à toutes les 
cultures. "Aujourd'hui, la morale laïque doit tenir compte des 
différences culturelles et il n'est plus possible d'opposer le public 
universel et le privé singulier avec la même radicalité que naguère", 
nous disait F. Dubet en avril 2013. "Alors qu'il fallait réduire les 
différences de foi et de culture au privé, nous devons apprendre à vivre 
paisiblement avec ces différences. En ce sens, il ne nous suffit plus 
d'être républicain, il nous faut aussi devenir démocrate. La morale 
laïque ne peut plus surplomber les morales et les identités 
particulières, elle doit aussi nous apprendre à les reconnaître et à 
vivre ensemble." Un travail auquel la charte semble tourner le dos.

François Jarraud

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Une Charte de la laïcité pour chaque école et établissement

Publié par : http://www.cafepedagogique.net
Le : 06/09/13

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Vincent Peillon présentera officiellement le 9 septembre la nouvelle 
"Charte de la laïcité". Mais que peut faire se nouveau texte , même 
simple et facile à lire, pour répondre aux difficultés rencontrées sur 
le terrain ? Pour Jean-Louis Auduc, co auteur de "Pédagogie de la 
laïcité", la charte doit être accompagnée d'une formation des 
professeurs principaux.

Le rédacteur de la charte de la laïcité a pensé à la Déclaration des 
droits de l'Homme. Comme elle , la charte compte 17 articles et fixe des 
principes dans une langue claire. "Les enseignements sont laïques. Afin 
de garantir aux élèves l'ouverture la plus objective possible à la 
diversité des visions du monde ainsi qu'à l'étendue et à la précision 
des savoirs, aucun sujet n'est a priori exclu du questionnement 
scientifique et pédagogique. Aucun élève ne peut invoquer une conviction 
religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de 
traiter une partie du programme". Ces deux articles de la Charte de la 
laïcité rencontreront probablement une forte adhésion chez les enseignants.

Présentée par Vincent Peillon au CSE du 10 juillet, la charte sera 
affichée dans tous les établissements. Elle semble viser en priorité les 
familles pour faire baisser les atteintes à la laïcité. "Le texte veut 
sortir de la laïcité violente qui exclut les élèves trop souvent", nous 
a dit Claire Krepper, secrétaire nationale du Se-Unsa. Le texte précise 
également que "les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils 
ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses 
dans l'exercice de leurs fonctions".

Jean-Louis Auduc : Un bel outil à faire vivre

A quoi peut bien servir une charte de la laïcité ? Que peuvent en faire 
les enseignants ? Ne risque-t-elle pas de stigmatiser davantage les 
minorités ? Ancien directeur d'IUFM, Jean-Louis Auduc suit les questions 
de laïcité depuis des années. Il a participé à la rédaction de l'ouvrage 
"Pédagogie de la laïcité" préfacé par le ministre en 2012. Pour lui la 
charte de V. Peillon est un texte accessible qu'il va maintenant falloir 
faire vivre à travers une formation des enseignants.

La charte compte 17 article comme la Déclaration des droits de l'Homme. 
A quoi peut-elle être servir ?

C'est bien d'avoir un texte qui montre la laïcité au quotidien et qui 
insiste sur le fait qu'elle est un outil de liberté. D'ailleurs ce mot 
est celui qui revient le plus souvent dans la charte. Cette charte casse 
l'image réductrice d'une laïcité d'interdiction et met en avant la 
liberté de conscience, de la personne, l'enjeu de la culture commune et 
partagée. La charte est bien équilibrée entre les 3 principes de la 
laïcité : la primauté de l'Etat avec ses programmes d'enseignement, la 
liberté de conscience et d'expression, l'égalité de traitement des 
croyances et des incroyances. Ce texte vulgarise bien la laïcité. C'est 
un bel outil pour une laïcité de conviction et non de contrainte. Par 
exemple, la laïcité c'est aussi les jours protégés comme Roch Hachana et 
Yom Kippour en ce moment. Ils sont dans la loi de 1905 (article 42). On 
a trop souvent aujourd'hui une vision d'une laïcité d'exclusion. Avec 
cette charte on est dans une laïcité de conviction. Et surtout devant un 
texte qui vulgarise.

Certains articles semblent un peu irréalistes comme celui qui affirme 
qu'il "appartient à tous les personnels de transmettre aux élèves le 
sens et la valeur de la laïcité" ou celui qui dit que "les personnels 
ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester 
leurs convictions politiques ou religieuses dans l'exercice de leurs 
fonctions". Il ne suffit pas de l'écrire pour que ce soit respecté.

Ces articles, c'est simplement la loi. Je conseille aux enseignants 
d'expliquer aux élèves qu'ils ne sont que des musiciens qui interprètent 
des partitions qu'ils n'ont pas écrits. Souvent l'élève ou ses parents 
croient que quand le professeur choisit telle ou telle oeuvre c'est un 
choix personnel qui reflète ses idées. La neutralité s'appuie sur le 
fait que l'enseignant doit appliquer la partition décidée par l'Etat qui 
seul détermine les programmes.

Concrètement, le professeur est face à des situations où souvent il ne 
sait pas quoi faire. Par exemple des refus d'aller à la piscine ou des 
problèmes de longueur de robe.

C'est pourquoi il faut décliner la charte par discipline dans des 
documents d'accompagnement avec des fiches pédagogiques par rapport aux 
disciplines et aux espaces scolaires pour les CPE et les enseignants.

Il y a un vrai enjeu de formation continue des enseignants pour qu'ils 
expliquent cet outil aux élèves. On a eu dans le passé une charte de la 
citoyenneté dont les personnels ne s'étaient pas emparés. J'espère que 
le ministre lancera une grande action de formation dans les semaines qui 
viennent auprès des professeurs principaux.

Le ministre a annoncé un kit pédagogique de complément. Il faut aussi 
des réunions où on donne des indications, où on  présente le kit. Il ne 
faut pas se limiter à l'envoyer si l'on veut une véritable 
appropriation. Je souhaite qu'elle soit présentée par les professeurs 
principaux lors de l'élection des délégués élèves et, pourquoi pas, aux 
élus lors de la réunion du conseil d'administration du collège ou du lycée.

On est dans un pays laïc où l'Etat finance des écoles catholiques de 
façon importante. Comment empêcher que ce texte ne soit pris comme anti 
musulman devant le fait qu'il y a deux poids deux mesures ?

Le texte ne s'applique qu'aux écoles publiques. Les articles 13, 16 et 
17 ne s'appliquent pas aux écoles sous contrat dans le cadre du 
caractère propre. Leur seule obligation en ce qui concerne la laïcité 
c'est le respect des programmes nationaux.  Mais  la situation que vous 
évoquez n'est pas aussi simple. On en a peu parlé mais dans le palmarès 
des lycées établi par l'Education nationale c'est un lycée sous contrat 
musulman qui est premier au niveau national. Il fait partie de la 
quinzaine d'établissements musulmans sous contrat. Il y a 5 ou 6 ans il 
y avait une querelle sur ces établissements. Maintenant il y en a 1 ou 2 
de plus chaque année. Et ça ne pose pas de problème.

Le moment est venu d'une pédagogie de la laïcité. V. Peillon avait 
promis une vulgarisation et une charte. Il l'a fait.

Propos recueillis par François Jarraud

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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