[Laicite-info] La morale laïque de Peillon édulcorée à la sauce Hamon
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mer 9 Juil 09:49:53 CEST 2014
La morale laïque de Peillon édulcorée à la sauce Hamon
Publié par : http://www.lefigaro.fr/
Le : 08/07/2014
Par : Caroline Beyer
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Les tenants de la laïcité dénoncent une version adoucie de cet
enseignement. D'autres s'interrogent sur sa déclinaison en classe.
Mais que reste-t-il des grandes ambitions laïques de Vincent Peillon,
ministre de l'Éducation remplacé par Benoît Hamon fin mars? De prudentes
propositions du Conseil supérieur des programmes (CSP), parues le 3
juillet, qui rappellent étrangement les actuels enseignements
d'éducation civique. Et risquent de fâcher les enseignants. Certains y
voient déjà une usine à gaz, quand d'autres dénoncent un vrai recul sur
le terrain de la laïcité.
Le terme «laïque» n'apparaît qu'une fois dans l'exposé des sept grands
principes qui sous-tendent ce nouveau programme, proposé du CP à la
classe de troisième. Il «se fonde sur les principes et valeurs inscrits
dans les grandes déclarations des droits de l'homme et dans la
constitution de la Ve République», explique le texte. Une référence à la
laïcité trop implicite, selon certains.
Avec ce tiède projet, le Conseil supérieur des programmes a emboîté les
successifs petits pas en arrière de la gauche sur le sujet
«Ce projet est axé sur le “vivre-ensemble”. C'est très bien, mais à
aucun moment nous ne percevons la volonté de poser la laïcité comme un
principe d'enseignement», lance Albert-Jean Mougin, au Snalc. «C'est
relativement grave dans une société où l'on observe une montée des
communautarismes», poursuit-il. «Je m'étonne de voir que la laïcité
n'est pas définie comme la colonne vertébrale de ce vivre-ensemble»,
estime Jean-Louis Auduc, ancien directeur d'IUFM et spécialiste des
questions de laïcité, qui déplore un projet «incompréhensible et abstrait».
Avec ce tiède projet, le CSP a emboîté les successifs petits pas en
arrière de la gauche sur le sujet. De la flamboyante «morale laïque»
avec ses accents de IIIe République, brandie dès l'été 2012 par Vincent
Peillon, à l'«enseignement laïque de la morale», selon les termes d'un
rapport rendu en avril 2013, nous voici revenus, depuis quelques mois, à
un «enseignement moral et civique» et repris par les propositions du
CSP. Des termes sages, visant à faire taire les critiques dénonçant,
pour les uns, une mise en danger de la diversité, pour les autres, une
conception antireligieuse de la morale et un dogmatisme d'État. Avec
précaution, le projet inscrit dans le premier principe du programme que
«l'éducation morale n'est pas du seul fait ni de la seule responsabilité
de l'école ; elle commence dans la famille. L'enseignement moral et
civique se fait quant à lui dans le cadre laïque qui est celui de la
République». Les ABCD de l'égalité, à qui l'on a reproché de franchir
certaines limites, sont passés par là.
Voilà donc pour la laïcité. Pour le reste, se pose clairement la
question de la mise en œuvre de ce programme, qui va des droits et
devoirs du citoyen à la démocratie, en passant par le rôle de la
justice, le secours à autrui, le racisme, le sexisme, l'homophobie, le
handicap, le harcèlement, le jugement moral… Au total, pas moins de 21
«compétences» à acquérir sont définies. «Un magnifique projet, mais
totalement inopérant et infaisable», juge Claire Krepper, à l'Unsa, qui
voit ressurgir les éternels écueils de la conception des programmes. «De
belles constructions intellectuelles, posées sans se soucier des élèves,
des enseignants et du temps imparti», résume-t-elle.
Comment sera décliné cet enseignement? Le CSP préconise «un horaire
spécialement dédié», a priori une heure par semaine à l'école
élémentaire et au collège. «Rien de bien nouveau par rapport à
l'éducation civique, qui a une cinquantaine d'années. On ne peut pas
réinventer la poudre!» observe Jean-Louis Auduc. «On aurait cependant pu
profiter de l'occasion pour mettre en place une formation spécifique des
enseignants», poursuit-il, avant de pointer un sujet laissé à la bonne
volonté et à l'engagement de chacun. Qui sera chargé de ce nouveau
programme? Plus nécessairement les seuls professeurs
d'histoire-géographie qui assurent actuellement l'heure hebdomadaire
d'éducation civique, explique le CSP, qui évoque le français, la SVT ou
encore l'EPS. Cette éventuelle diminution de charge horaire, qui
entraînerait des suppressions de postes, inquiète déjà les principaux
intéressés.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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