[Laicite-info] « Le vade-mecum laïcité est un outil d’aide à la décision », rappelle l’AMF
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 26 Nov 09:38:31 CET 2015
« Le vade-mecum laïcité est un outil d’aide à la décision », rappelle l’AMF
Publié par : http://www.maire-info.com
Le : 25/11/15
****************
Le Vade-mecum sur la laïcité de l’AMF, qui devait nourrir le débat
d’ouverture du Congrès et qui a été finalement présenté le 18 novembre
lors du Rassemblement des maires de France, a provoqué nombre de
réactions sur les réseaux sociaux, puis des prises de position hostiles
de certains élus, relayées dans la presse, et jusqu’au « 20 heures » de
France 2 hier soir. En cause, une page – sur les 34 que comporte ce
vade-mecum – consacrée à « la neutralité des bâtiments publics », sujet
de préoccupation très partagé et où il est écrit que la présence de
crèches de Noël dans l’enceinte des mairies ne semble « pas compatible
avec la laïcité », c’est-à-dire à la lettre comme à l’esprit de la loi
de 1905.
Ce sont des groupes proches des milieux catholiques intégristes, puis
des élus du Front national, qui se sont, en premier, emparés de ce
paragraphe pour le transformer en « interdiction », voire en « oukase »
de l’association qui aurait « interdit aux maires » de mettre des
crèches dans leur mairie. À l’AMF, on s’étonne ce matin de ce pouvoir
législatif qui lui est prêté et on rappelle que « chaque conseil
municipal est souverain et libre de ses choix ! » Mais, suite à ces
réactions, abondamment relayées sur les réseaux sociaux, un certain
nombre de maires se sont interrogés sur les intentions de l’AMF.
En réponse, sur Europe 1 hier, la maire de Morlaix et vice-présidente de
l’AMF, Agnès Lebrun, a clairement résumé la position de l’association :
« Ce vade-mecum n’est pas un diktat mais une synthèse de longs débats et
de nombreuses auditions ». Et ce que dit le chapitre incriminé, a-t-elle
poursuivi, c’est : « Adoptons la neutralité, soyons prudents, pour ne
pas être attaquables juridiquement. (Nous faisons) le constat d’une
jurisprudence discordante et d’une clarification législative inexistante. »
Même réaction ce matin d’André Laignel, maire d’Issoudun et premier
vice-président délégué de l’AMF : « Je rappelle que l’AMF est une
association et que, de ce fait, elle n’a ni pouvoir réglementaire ni
possibilité de donner des ordres aux maires, fort heureusement ! » André
Laignel rappelle aussi que le vade-mecum est « le fruit d’une démarche
collective et pragmatique ». Le groupe de travail qui l’a produit « a
travaillé pendant un an, il est représentatif de toutes les tendances et
de tous les territoires. Son objectif était de répondre aux
interrogations qui venaient du terrain. »
Rollon Mouchel-Blaisot, directeur général de l’association, insiste lui
aussi sur ce point : l’AMF n’a pas cherché à prendre une position «
hors-sol » mais « à répondre aux questions que nous posent de nombreux
élus sur la question très importante et plus générale de la neutralité
des bâtiments publics ». « Et sur bien d’autres questions aussi »,
insiste André Laignel, qui souligne que le vade-mecum « n’aborde pas que
le problème des crèches mais aussi une quinzaine d’autre questions. »
L’AMF a donc, d’une part, « donné son interprétation juridique de la loi
de 1905 », mais elle a surtout « constaté que la jurisprudence était,
sur la question de la présence de crèches dans l’enceinte des mairies,
totalement contradictoire, entre les tribunaux qui estiment qu’il s’agit
d’une manifestation cultuelle et ceux qui pensent qu’elle est seulement
culturelle ». Le vade-mecum rappelle qu’un arrêt tout récent de la Cour
administrative de Melun (8 octobre 2015) considère que la présence d’une
telle crèche est « contraire » à la loi de 1905 puisqu’elle constitue «
un emblème religieux » ; et qu’une semaine plus tard, le 15 octobre, la
Cour d’appel de Nantes a dit exactement le contraire ! Le Conseil d’État
a été saisi en dernier recours et devra donc se prononcer.
« Dans ce contexte, considère Rollon Mouchel-Blaisot, l’AMF est très
exactement dans son rôle de conseil et d’alerte lorsqu’elle avertit les
élus de cette contradiction et les incite à la prudence, en attendant
une clarification de la part de l’État ». Cette clarification a
d’ailleurs été demandée dès l’été dernier, puisque François Baroin et
André Laignel ont saisi le 1er juillet le ministre de l’Intérieur sur
cette question – la réponse étant toujours « en attente ». L’AMF a par
ailleurs détecté des imprécisions légales ou jurisprudentielles ou des
pratiques divergentes dans bien d’autres domaines touchant à la laïcité,
comme la neutralité des agents, les écoles privées hors contrat, les
sorties scolaires, la mise à disposition de salles communales, le
financement des associations, etc., qui ont suscité « d’autres saisines
ministérielles ».
L’AMF n’a donc rien fait d’autre que « fournir aux maires un outil
d’aide à la réflexion et à la décision, conclut André Laignel. Elle veut
simplement donner aux maires des informations : quel est l’état du
droit, quelles sont les jurisprudences ? Il appartient ensuite à chaque
maire de décider, en toute responsabilité, de la réponse à donner. Notre
travail, c’est de lui donner les éléments du dossier. »
Pour André Laignel, l’objectif poursuivi par l’AMF est de réaffirmer «
ce qui est le plus important : ce que nous voulons, c’est mettre en
œuvre des politiques qui permettent le vivre-ensemble. Et le
vivre-ensemble, ça s’appelle la laïcité. »
--
-----------------------
Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
-----------------------
Nos sites :
http://www.laligue-alpesdusud.org
http://www.laligue-alpesdusud.org/associatifs_leblog
-----------------------
Plus d'informations sur la liste de diffusion Laicite-info