[Laicite-info] Comprendre les querelles sur la laïcité en 3 minutes
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 2 Fév 09:54:36 CET 2016
Comprendre les querelles sur la laïcité en 3 minutes
par Louise Gamichon
Publié par : http://www.lemondedesreligions.fr
Le : 01/02/2016
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Depuis le 6 janvier, une polémique secoue l'Observatoire de la laïcité.
Détracteurs et soutiens livrent leurs arguments via des médias,
pétitions ou tribunes. Décryptage.
Depuis quelques semaines, l'Observatoire de la laïcité est sous le feu
des projecteurs médiatiques, notamment depuis que le Premier ministre a
publiquement désavoué son président, Jean-Louis Bianco, le 18 janvier
dernier. Depuis, 150 universitaires spécialistes de la laïcité ont signé
une tribune de soutien au travail de l'Observatoire. Une pétition
co-initiée par La Ligue de l'enseignement et la Fédération de la
libre-pensée a également été lancée.
Qu'est-ce que l'Observatoire de la laïcité ?
Cet organisme indépendant rattaché au Premier ministre, à la tête duquel
se trouve l'ancien secrétaire général de l'Élysée et ancien ministre
Jean-Louis Bianco, a été mis en place en 2013, bien que créé le 25 mars
2007 par le président de la République de l'époque, Jacques Chirac.
Lors du discours de l'installation de l'Observatoire, le président
François Hollande a rappelé les principales missions de l'organisme :
informer, transmettre, proposer, observer.
Quinze membres y ont été nommés, dont quatre parlementaires et dix
personnalités choisis en raison de leur expérience et de leur expertise
sur le sujet. Tous n'ont pas la même conception de la laïcité, mais un
consensus avait été trouvé après un travail conséquent d'analyses
historiques et des textes juridiques. Il subsiste toutefois des
divergences. Certains des membres jugent que la ligne adoptée par
l'Observatoire est trop conciliante.
Depuis son installation, l'Observatoire a publié des guides pratiques à
l'attention des collectivités territoriales, des entreprises privées et
des structures socio-éducatives. Il donne également des avis et s'est
exprimé au sujet de l'enseignement supérieur et du régime spécifique de
l'Alsace-Moselle.
Que s'est-il passé ?
Tout commence avec un entretien d'Élisabeth Badinter sur France Inter le
6 janvier, au cours duquel la philosophe affirme notamment qu’« il ne
faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe », terme qui
aurait jeté « la suspicion sur la laïcité ».
Cette intervention est critiquée par le rapporteur général de
l'Observatoire, Nicolas Cadène, sans toutefois citer de nom ni de propos
en particulier : « Quand un travail de pédagogie de 3 ans sur la laïcité
est détruit par une interview à France Inter d'une personne. À quand un
vrai débat clair ? »
Ce tweet provoque la colère de trois membres de l'Observatoire qui
publient un communiqué intitulé « Un petit monsieur qui s’attaque à une
grande dame » le 11 janvier. Dans ce document, Jean Glavany, député,
Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République et ancien grand
maître du Grand Orient de France, ainsi que Françoise Laborde,
sénatrice, réagissent vivement. Ils annoncent « suspendre leur
participation aux travaux de l’Observatoire de la laïcité tant que le
rapporteur général ne se sera pas excusé ou qu’il n’aura pas été désavoué ».
Le lendemain, une pétition est lancée par Mohamed Sifaoui, journaliste
et président de l'association Onze janvier, et Laurence
Marchand-Taillade (Observatoire de la laïcité du Val d'Oise –
indépendant de l'Observatoire de la laïcité), demandant la démission du
président de l'Observatoire de la laïcité. Ils dénoncent des «
accommodements irraisonnables » et accusent Jean-Louis Bianco d'avoir
signé la tribune « Nous Sommes Unis » au lendemain des attentats du 13
novembre « avec une partie du gratin de l’islam politique en France ».
Jean-Louis Bianco a réagi le 13 janvier dans un droit de réponse à
l’hebdomadaire Marianne. Il y dénonce un « scandaleux et inacceptable
communiqué » qu'il qualifie de mensonger « quant à la teneur des travaux
de l'Observatoire de la laïcité ».
Le 18 janvier, au cours d'une conférence-débat des Amis du Conseil des
institutions juives de France (Crif), le Premier ministre Manuel Valls
monte au créneau. Il dénonce notamment la signature de Jean-Louis Bianco
au bas de la tribune « Nous Sommes Unis » en faveur de l'unité aux côtés
d'associations jugées peu fréquentables.
Les pro- et les anti-
Face à ces violentes charges, Jean-Louis Bianco s'est exprimé
publiquement à plusieurs reprises, expliquant qu’« il n'y a pas 36
laïcités : il y a la laïcité du droit ». Au tout début de son activité,
en octobre 2013, l'Observatoire avait donné le ton en publiant un «
Rappel à la loi à propos de la laïcité et du fait religieux »,
inscrivant ainsi son action dans un cadre juridique avec l'objectif du
vivre-ensemble.
Dans une lettre ouverte au président de la République, 150
universitaires témoignent de leur « soutien à Jean-Louis Bianco,
président de l’Observatoire de la laïcité, et à Nicolas Cadène, qui ont
su, durant tous ces événements, maintenir contre vents et marées cet
organisme dans sa juste fonction : fournir des informations objectives
remontant du terrain, prévenir et souligner les dérives contraires à la
laïcité, laisser s’exprimer les différentes tendances des mouvements de
promotion de la laïcité, permettre un dialogue constructif avec les
représentants des grandes religions, et enfin rappeler inlassablement
les textes en vigueur de la loi de 1905 jusqu’à nos jours ». Ils
ajoutent : « Nous incarnons des courants variés, parfois très
divergents, mais, au-delà de nos différences, nous reconnaissons
unanimement le travail salutaire de Jean-Louis Bianco et de Nicolas
Cadène à la tête de l’Observatoire. Et il est, à notre sens, absolument
indispensable que ce travail continue ». La pétition lancée
conjointement par la Fédération Nationale de la Libre Pensée, la Ligue
des Droits de l’Homme et la Ligue de l’enseignement souligne également
un « apport précieux qui nourrit à la fois le fond théorique et la mise
en œuvre concrète du principe de laïcité de la République ».
À l'heure où nous écrivons ces lignes, la pétition de Mohamed Sifaoui et
Laurence Marchand-Taillade, lancée le 12 janvier, a recueilli 5 795
signatures. Celle de La Ligue de l'enseignement, de la Fédération
Nationale de la Libre Pensée et de la Ligue des Droits de l’Homme,
lancée autour vendredi 22 janvier, 10 085.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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