[Infoligue] Les jeunes retraités, une mine d'or à exploiter... mais avec doigté
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 28 Oct 09:21:11 CEST 2011
Les jeunes retraités, une mine d'or à exploiter... mais avec doigté
Publié par : LEMONDE
Le : 26.10.11 | 17h07
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C'est la rentrée pour tout le monde. Courant septembre, Action contre la
faim (ACF) a organisé sa traditionnelle réunion d'accueil parisienne.
Une opération séduction, avec comme cible de choix des candidats au
bénévolat. "Cette année, nous avons eu la chance de recevoir quarante
personnes, dont une quinzaine de jeunes retraités", constate Sophie
Ganeau, elle-même bénévole à la cellule... bénévole d'ACF.
Certains souhaitent apprendre - toujours ; d'autres possèdent des
compétences juridiques, comptables, managériales ou logistiques très
précieuses pour l'association ; d'autres encore sont prêts à faire
n'importe quoi. Coller des timbres, vider les poubelles, ouvrir les
enveloppes. Une aide bienvenue. "Sans eux, on ne pourrait simplement pas
faire tourner la boutique", concède-t-on chez ACF.
Même discours chez Handicap International. Depuis des années,
l'association tente de sensibiliser le public au problème des mines
antipersonnel en construisant des pyramides de chaussures. A Paris, fin
septembre, il n'y avait que trois salariés de l'association au pied de
l'oeuvre d'art... pour 120 bénévoles.
Poussés vers la sortie par le monde du travail, accueillis à bras
ouverts par le monde associatif ? C'est tout comme. Les néoretraités
sont une mine d'or pour les associations. "Quand une association a de
l'argent, elle embauche des salariés. Sinon, elle se tourne vers des
bénévoles", souligne Dominique Thierry, vice-président de France
Bénévolat. Secret de Polichinelle, le contexte n'est pas rose...
Et qui dit bénévoles dit quasiment retraités. Entre 600 000 et 700 000
personnes prennent leur retraite chaque année. "Les jeunes retraités
sont actuellement en bonne santé, très actifs et prêts à s'investir. Ils
sont à la recherche d'une nouvelle sociabilité pour compenser la fin de
la vie professionnelle", explique Claudine Attias-Donfut, directrice de
recherche à la Caisse nationale d'assurance vieillesse.
De fait, 45 % des 50-64 ans et 51 % des plus de 65 ans ont une activité
bénévole, indique un sondage IFOP de 2010. Et la moitié des responsables
associatifs sont des retraités. "Compte tenu de la charge de travail
demandée, un poste de responsable associatif est peu compatible avec une
carrière", estime Dominique Thierry. La présence des jeunes retraités
est telle dans les associations que ce dernier n'hésite pas à parler de
gérontocratie.
Car en réalité, si les "têtes blanches" sont très demandées, elles ne
s'intègrent pas toujours sans heurts. Les prises de bec avec les
salariés ou les plus jeunes sont fréquentes et mettent parfois un bémol
à l'enthousiasme de certaines associations pour les retraités.
Il existerait, selon France Bénévolat, trois catégories de retraités
faisant don de leur temps aux associations, plus ou moins
"problématiques". La première est celle des retraités qui ont l'habitude
de la vie associative, et qui intensifient logiquement leurs engagements
une fois la retraite venue. Pour eux, tout se passe bien. La deuxième
est composée de ceux qui espèrent reproduire à l'identique, voire en
mieux, leur vie professionnelle. Les choses tournent vite mal : la vie
associative ne ressemble que de très loin à la vie en entreprise.
La troisième, enfin, concerne les néoretraités ayant peur de tourner en
rond et qui cherchent à se rendre utiles. C'est la majorité. Pour eux,
le mieux est de réfléchir avant de s'engager. Combien de temps consacrer
? Quelle cause défendre ? Quels gens aider ? Inutile d'aider les enfants
malades si on ne supporte pas les hôpitaux.
Ces questions, Bernard Cottrant, ancien ingénieur, les a creusées il y a
quelques années. Pas envie de "distribuer des repas chauds ou des petits
paquets", comme il le dit, mais plutôt de faire en sorte que le public
apprécie davantage l'entreprise. "Je suis tombé sur Ecti, une
association de bénévolat de compétence. J'ai essayé une ou deux
missions, cela m'a plu", explique celui qui est depuis devenu
vice-président chargé des opérations de l'association. Celle-ci compte
plus de 2 500 bénévoles - on dit adhérents chez eux -, qui aident
gratuitement les diplômés et les chômeurs à trouver un emploi, ou les
PME et les PMI à se développer. "C'est adapté à des personnes qui
désirent utiliser leur vécu dans un univers familier. Mais on explique
aux nouveaux venus qu'être bénévole, c'est se placer au service des
autres, pas de soi-même", prévient Bernard Cottrant. Ce dernier n'hésite
pas à rembarrer ceux qui lui demandent une secrétaire, des notes de
frais... comme au bon vieux temps.
C'est que le monde associatif est parfois obscur aux yeux de quelques
aspirants bénévoles. "Le grand problème, c'est le manque d'information.
Les futurs retraités n'ont pas tous une bonne vision de la vie
associative... Certains considèrent qu'il n'existe que des grosses
associations impersonnelles et des petites associations où les querelles
de personnes sont légion", souligne Philippe Chabasse. Ancien directeur
d'Handicap International, il a créé Jubilacion, une entreprise de
conseil aux futurs et jeunes retraités. Son premier tuyau ? Aller sentir
l'ambiance sur place. Chez ACF, Sophie Ganeau explique ainsi
systématiquement aux candidats la culture maison, à savoir l'urgence, et
des sollicitations de dernière minute. Une manie qui en rebute plus
d'un, et qui en attire d'autres.
Julien Dupont-Calbo
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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