[Infoligue] Les associations en 2020 ? Le bon scénario
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 28 Oct 09:22:55 CEST 2011
Les associations en 2020 ? Le bon scénario
Publié par : LEMONDE
Le : 26.10.11 | 17h07
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L'exercice est délicat. "L'avenir des associations ? On ne peut pas
plutôt parler de leur passé, c'est plus facile...", sourit Xavier
Delsol, avocat "réfugié" depuis des années dans les affaires
associatives. La Fonda, le cercle de réflexion du monde associatif,
s'est pourtant attelé à la tâche en dressant un petit panorama des
futurs possibles pour l'horizon 2020. Résultat : quatre scénarios
définis en fonction de l'évolution de cinq paramètres : le degré
d'ouverture à la marchandisation, la décentralisation des pouvoirs
publics, la reconnaissance de l'économie plurielle, l'engagement
individuel et enfin la société de la connaissance.
Des simulations - pas des prévisions - engageant surtout l'avenir des
grandes associations tributaires des pouvoirs publics, notamment celles
des secteurs jeunesse, éducation populaire, santé et social. Mais
surtout des questions de fond qui intéressent tous les salariés et les
bénévoles. "L'évolution vers tel ou tel scénario relève de notre
responsabilité collective. Les associations doivent dépasser leurs
clivages pour se regrouper et défendre leur intérêt commun", souligne
Béatrice Delpech, déléguée générale de la Conférence permanente des
coordinations associatives (CPCA). Pour ne pas se laisser porter par le
courant, mieux vaut savoir où aller.
Scénario I - Houellebecq avait raison. Un Etat à sec, une Europe
libérale et un individu toujours plus égocentré. Le premier scénario
imaginé par la Fonda est plutôt sombre... et déjà plus ou moins engagé.
Rattrapé par la logique de marché, un monde associatif dégradé exécute
déjà appels d'offres et mises en concurrence, certains de ses dirigeants
considérant désormais le rendement comme leur principal objectif.
Résultat : le secteur se scinde. Les associations gestionnaires
restantes deviennent des organismes parapublics. Elles peinent à
recruter des bénévoles, personne ne souhaitant s'engager dans des luttes
commerciales avec des entreprises pour tel ou tel marché public. D'un
autre côté, on assiste au déclin de l'engagement durable au profit de
mouvements émotionnels éphémères. Dans une société éclatée, le
comportement dominant est celui que Michel Houellebecq décrit dans ses
romans, signant l'avènement d'un individualisme narcissique, apathique,
égoïste, indifférent, consumériste. Enfin, à la marge, de nouvelles
philanthropies se développent pour pallier le déclin des territoires
délaissés. Celles des entreprises ou des très riches, celles des groupes
communautaires.
Scénario II - Made in Thatcher. Désargenté, l'Etat réduit sa voilure et
délègue au niveau local la prise en charge sociale. Mais les
collectivités, qui récupèrent de nouvelles missions sans les
financements correspondants, n'ont d'autre choix que de déléguer, elles
aussi, aux associations moins "budgétivores" et dorénavant soutenues par
le développement des fondations d'entreprises.
Conséquence : pour se situer au plus près des financements, les
associations abandonnent l'échelon national pour se regrouper au niveau
régional, dans de grands ensembles multifonctionnels. Une même
association peut désormais gérer le suivi des chômeurs et des personnes
dépendantes.
La "Big Society" - société civile chère à Margaret Thatcher, ex-premier
ministre britannique - remplace l'Etat-providence et accentue les
inégalités territoriales. Encore une fois, le fossé se creuse entre les
associations gestionnaires, ressemblant à des entreprises et très
dépendantes des pouvoirs publics, et les associations d'expression et de
défense, libres de parole.
Scénario III - La révolution. C'est le grand chambardement. Les
révolutions s'enchaînent : les entreprises s'impliquent à grande échelle
dans le monde associatif et poussent leurs salariés à pratiquer le
bénévolat. L'économie sociale et solidaire prend une vraie place en
France. Les grandes associations s'allient et s'émancipent des pouvoirs
publics. Les bénévoles et les salariés d'associations coopèrent sur un
mode égalitaire. Et l'évaluation des actions menées par un monde
associatif performant et mature devient une réalité.
Dans ce scénario, l'Etat décentralise certaines missions, mais cette
fois avec les financements nécessaires. Une manne qui favorise
l'émergence du modèle de la fondation territoriale : les stratégies des
associations sont coordonnées et définies par un groupe d'acteurs
locaux. Enfin, le paysage associatif demeure hétérogène, bien que les
grandes associations s'entendent sur les questions du financement et de
la professionnalisation du secteur. Vous avez dit âge d'or ?
Scénario IV - La société inventive. Autonome, responsable, relationnel,
l'individu a fait sa mue. Le dialogue social est rénové, le "care" (pour
"société du bien-être") fait florès, la confiance entre les différents
acteurs économiques est telle que la "flexisécurité" est devenue une
réalité dans le monde du travail : les individus passent facilement
d'une activité lucrative à une activité bénévole, et vice versa. Dans ce
cadre, les associations répondent à un besoin fort d'organisation de la
société civile hors des institutions tutélaires et des contraintes de la
société marchande. L'importance des bénévoles est reconnue, les
entrepreneurs sociaux se multiplient, les associations mutualisent leurs
moyens et disséminent leurs idées grâce à une grande proximité avec les
entreprises, les étudiants et les chercheurs. L'économie de la
connaissance, construite sur l'innovation, est portée par cette "société
inventive". C'est le scénario le plus lointain.
Julien Dupont-Calbo
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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