[Infoligue] Service civique, entre engagement et projet professionnel

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 11 Mai 08:49:55 CEST 2012


Service civique, entre engagement et projet professionnel

Compte-rendu de la conférence-débat INJEP du 29 mars 2012

Publié par : http://www.injep.fr/Service-civique-entre-engagement?xtor=EPR-3
Le : 09 mai 2012

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Quels sont les impacts du service civique sur les trajectoires 
professionnelles des jeunes ? Comment mieux prendre en compte cette 
dimension dans les parcours des volontaires en évitant les risques de 
l’emploi déguisé ou du substitut au stage et en conservant l’esprit du 
dispositif : un don de soi au service des autres ? Compte rendu.

L’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, le 
Carrefour des associations parisiennes (CAP), ont organisé le 29 mars 
2012, avec le concours de l’Agence du service civique, une 
conférence-débat intitulée « Service civique, entre engagement et projet 
professionnel ».

Il s’agissait de prolonger les questions évoquées dans le numéro des « 
Cahiers de l’action », « L’expérience du service civil volontaire à 
Unis-Cité : quels enseignements pour le service civique ? », sous 
l’angle de la qualification et de la valorisation de l’expérience des 
volontaires en service civique dans leurs parcours professionnels. Cette 
conférence a été animée par Christian Cascio, directeur du Carrefour des 
associations parisiennes (CAP), Valérie Becquet (maître de conférence en 
sociologie, Université Cergy-Pontoise, EMA), Lionel Leycuras, secrétaire 
général de l’Agence du Service civique, David Bévière, directeur de la 
mission locale du Poitou et de Bastien Engelbach, chargé de mission à 
Animafac.

S’appuyant sur une analyse de quatre années du service civique, menées 
au sein de l’association Unis-Cité, et reposant sur les points de vue 
des volontaires et des structures accueillantes, Valérie Becquet a mis 
en évidence trois « traits saillants » dans la motivation des jeunes en 
service civique :

* Une dimension altruiste, associée à l’idée d’engagement citoyen et de 
responsabilité citoyenne ;
* une logique de parcours, associée à l’idée de changer ou 
d’expérimenter une orientation professionnelle, de faire une parenthèse 
dans une activité, ou de reprendre une activité, en particulier pour les 
plus les précaires ;
* une logique de formation, au sens d’une première expérience 
professionnelle ou « professionnalisante ».

Collectivités locales

L’approche des structures d’accueil varie, selon leur nature, estime par 
ailleurs Valérie Becquet : « Plus la structure attend des compétences de 
la part des jeunes, plus elle se situe du côté professionnel et de la 
professionnalisation. En revanche, si son projet relève d’abord de la 
mission d’intérêt général, c’est la dimension d’engagement qui va 
s’avérer essentielle dans le choix des volontaires et dans celui des 
profils recherchés ».

Valérie Becquet s’est ensuite attardée sur le « point de vue des 
collectivités locales ». Depuis la loi de mars 2010 sur le service 
civique, celles-ci s’engagent dans l’accueil des volontaires. En 
fonction de leur approche, les collectivités vont « recruter » des 
volontaires "qualifiés". Le service civique est un outils pour 
développer une politique de jeunesse (engagement, accès à l’autonomie, 
insertion sociale et professionnelle) et pour intervenir auprès des 
jeunes en difficulté dans le cadre de la politique de la ville. Il 
permet également de mener des actions en direction de publics 
spécifiques (personnes handicapées, seniors, etc.). Dans les deux cas, « 
on retrouve les logiques du double apport qui correspond au double usage 
: le service civique permet le renforcement de l’envie ou le désir de 
s’engager dans la société ; mais il permet aussi de reprendre une 
formation, des études, d’entrer dans le marché du travail. C’est dire, 
si le risque de basculement vers de l’emploi déguisé, avec le recours à 
une demande de compétence forte du parcours au détriment de 
l’engagement, est réel », a fait valoir Valérie Becquet.

Constat unanime

Citant une étude commandée par l’Agence du service civique, Lionel 
Leycuras a dit partager le « constat unanime » que le service civique 
peut être utile pour le parcours professionnel puisque « la majorité des 
jeunes volontaire considère qu’il s’agit d’un outil utile à leur 
parcours professionnel ». Néanmoins, il a rappelé que « ce n’est pas un 
dispositif d’insertion professionnelle qui apprend un métier. Conçu pour 
donner une meilleure image de la jeunesse auprès de la société française 
qui commençait à en avoir peur, le Service civique est la manifestation 
de ce don de soi dont les jeunes sont capables, dans une logique 
altruiste ». Relevant que « des dispositions de la loi s’appliquent sur 
la dimension de reconnaissance, notamment dans l’enseignement supérieur 
», Lionel Leycuras a estimé également que le service civique « doit 
aussi servir à participer à définir avec les jeunes à l’issue de sa 
mission un projet professionnel ».

Insertion professionnelle

Le secrétaire général de l’Agence du service civique a mis en avant deux 
cas de figure dans le profil des volontaires : « Des jeunes diplômés qui 
veulent faire une pause et développer des qualités, des valeurs que leur 
formation n’ont pas développées ; et d’autres jeunes en situation de 
décrochage qui y trouvent la possibilité de reprendre confiance et de 
gagner en autonomie. Cela induit un accompagnement spécifique à travers, 
notamment un partenariat avec les missions locales ». Pressentant le 
danger qu’« à trop appuyer sur la dimension d’insertion professionnelle 
on aille sur de l’emploi déguisé », l’Agence du service civique s’est 
engagée dans des actions d’accompagnement et de contrôle des missions 
proposées aux jeunes : politiques d’agrément , modération des missions 
publiées sur le site Internet du service civique, conception de guides, 
formation des tuteurs, et au-delà, une « réflexion globale sur la notion 
de projet d’accueil afin de mieux définir sur ce qu’on doit attendre 
d’un volontaire ».

Un faux problème ?

De son côté, David Bévière a considéré le « soupçon récurrent 
d’assimilation à l’emploi comme un faux problème », ajoutant : « Les 
jeunes s’emparent de ce dispositif parce que pour une fois c’est un 
dispositif dont ils peuvent faire ce qu’ils veulent, avec notamment la 
possibilité pour eux de bifurquer très vite. L’enjeu c’est que les 
missions interviennent fortement sur le champ de l’avenir des jeunes qui 
n’est pratiquement pas investi par les structures d’accueil, à 
l’exception des organismes importants. »

« Pour beaucoup, le fait d’exercer un métier qui a du sens est plus 
important que la rémunération, estime quant à lui, Bastien Engelbach. 
Notre génération est une génération pragmatique et utopique qui 
construit sa vie autour de valeurs. Le point de départ c’est quand même 
l’engagement, la volonté d’agir pour l’intérêt général, avec un temps 
d’apprentissage parce qu’on y fait des choses qu’on ne ferait pas 
ailleurs, avec également une compréhension des enjeux sociaux et des 
ressorts de l’action publique. Pour certains c’est l’occasion de 
redéfinir un projet. Pour d’autres, de changer radicalement de 
direction. Pour tous, c’est la possibilité d’expérimenter et d’exercer 
ce droit à l’erreur que l’on devrait pouvoir accorder à toute personne 
en construction ».

Comme toute expérience forte, le service civique participe à une prise 
de conscience des volontaires de leurs qualités, de leurs compétences 
transversales et transférables, mais aussi des aspirations qu’ils vont 
développer dans le cadre de leur engagement. C’est là incontestablement 
l’une des forces de ce dispositif, selon David Bévière. « Si les jeunes 
considèrent le service civique comme un lieu de révélation de 
compétences tant mieux », a-t-il estimé invitant ses détracteurs à « 
refaire le débat en situation de plein emploi ».

En savoir plus

Consulter le dossier Volontariats et services civiques
 >>> http://www.injep.fr/Dossier-Volontariats-et-services

Lire l’interview de Valérie Becquet : « Le volontariat est un régulateur 
de parcours, pas une réponse globale aux difficultés des jeunes »
 >>> http://www.injep.fr/Valerie-Becquet-Le-volontariat-est



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Denis Lebioda
Chargé de mission 
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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