[Infoligue] La réforme des rythmes scolaires met le sport à rude épreuve

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 12 Fév 10:44:16 CET 2013


La réforme des rythmes scolaires met le sport à rude épreuve

Publié par : http://www.localtis.info
Le : lundi 11 février 2013

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Le passage d'une semaine de quatre jours à une semaine de quatre jours 
et demi dans les écoles primaires ne va pas bouleverser le seul secteur 
de l'éducation. Ainsi, toute l'organisation du sport territorial va en 
ressentir les conséquences en profondeur. Deux enquêtes récentes 
recensent inquiétudes et interrogations sur le sujet.

Le secteur du sport ne sera pas le moins impacté par la réforme des 
rythmes scolaires. Loin s'en faut. Créneaux horaires des équipements, 
encadrement des activités et même transport des enfants sont 
quelques-unes des équations que les élus et responsables des sports des 
collectivités auront à résoudre dans les prochains mois. Mais leur 
préoccupation la plus forte reste pour l'heure celle de l'information. 
Au même moment, l'Association nationale des élus en charge du sport 
(Andes) et l'Association nationale des directeurs et des intervenants 
d'installations et des services des sports (Andiiss) tirent en effet la 
sonnette d'alarme dans deux enquêtes dont les premières conclusions 
viennent d'être dévoilées.

"La plus grande problématique, pointée par la majorité des élus, relève 
du manque d'informations à leur disposition concernant cette réforme et 
sa mise en place, ainsi qu'à leur méconnaissance du dispositif, des 
textes gouvernementaux et au manque de repères officiels : Quels 
horaires ? Quels besoins d'encadrement ?", explique l'Andes, qui 
poursuit : "[Les élus] sont donc face à une réelle difficulté de 
compréhension et d'anticipation, les empêchant d'identifier clairement 
les conséquences financières et organisationnelles de cette réforme au 
niveau local." Pour l'Andiiss, Bruno Lapeyronie, directeur des Sports de 
la ville de Montpellier, va dans le même sens : "Nous sommes à quelques 
mois de la mise en place de la réforme et nous ne savons rien, nous ne 
savons pas comment la mettre en place, avec qui." Avant de nuancer : 
"Cette inquiétude diffère selon le type de collectivité. 
Schématiquement, plus la collectivité est importante, plus on a 
d'informations et on se trouve rassuré par rapport à ce que l'on va 
faire à la rentrée, contrairement à un petit service des sports où l'on 
manque d'informations et où l'on se trouve un peu en situation de crise."

Impacts sur les communes

Si ce manque d'information est autant dénoncé, c'est que l'enjeu est de 
taille. "Cette réforme impacte le monde éducatif, ce qui n'est pas de 
notre ressort, mais aussi et, de façon importante, les collectivités", 
expose Jacques Thouroude, président de l'Andes.

En termes d'organisation, "la modification de ces rythmes scolaires aura 
des conséquences sur les plannings et les interventions des agents 
sportifs des collectivités et modifiera très certainement les temps 
d'intervention et de mission des éducateurs et des accompagnateurs", 
explique l'Andes, pour qui, "les communes devront, avec une demi-journée 
d'école supplémentaire et des rythmes scolaires différents, anticiper 
les modifications en termes de transports (rotations supplémentaires, 
déplacements vers les équipements sportifs, …), notamment en milieu rural".
Autre difficulté mise en avant : l'ouverture de nouveaux créneaux pour 
les activités sportives dans un contexte de "saturation de la très large 
majorité des équipements, déjà utilisés par les collégiens, les lycéens 
et les clubs. Dans ce cadre, certaines collectivités envisagent une 
organisation des activités sportives au sein même de l'école". Un 
problème qui se posera avec d'autant plus d'acuité pour les piscines : 
"Les élus rencontrent un certain nombre de difficultés particulières, 
notamment dues à la contractualisation des créneaux d'utilisation, qui 
ne peut être modifiée unilatéralement", poursuit l'Andes. Pour 
l'Andiiss, en revanche, "les conflits avec d'autres usagers (collèges, 
etc.) sur les créneaux ne provoquent pas énormément d'inquiétudes même 
si un impact est attendu".
En termes financiers, les premiers retours de l'enquête de l'Andes 
démontrent que les collectivités évaluent le coût de mise en place de 
cette réforme entre 20.000 euros par an pour une commune de 1.000 
habitants, et 475.000 euros par an pour une ville de 50.000 habitants. 
Et l'association de préciser : "Ces différences, très significatives, 
peuvent s'expliquer par la taille de la commune concernée, mais aussi 
par les orientations et les options choisies pour la mise en place 
concrète de ce dispositif." A l'heure actuelle, la plupart des villes 
attendent donc d'avoir mené une concertation avec l'ensemble des acteurs 
pour chiffrer les charges nouvelles liées au dispositif qu'elles 
mettront en place. "Financièrement, à un moment où les dotations ont 
tendance à être gelées, nous souhaitons que celles-ci soient 
pérennisées", plaide Jacques Thouroude, dont l'association a déjà mené 
plusieurs réunions de travail avec les services des ministères de 
l'Education et des Sports.

Les écoles municipales des sports menacées

Au delà de l'impact direct sur l'organisation et les finances des 
collectivités, l'Andes comme l'Andiiss pointent enfin des répercussions 
dont les effets pourraient bouleverser le paysage du sport territorial 
en profondeur. D'abord les écoles municipales des sports. "Jusqu'à 
présent, nous avions les enfants le mercredi matin dans ces écoles 
municipales des sports, et l'après-midi les enfants étaient dans les 
clubs, explique Jacques Thouroude. Comment cela va-t-il s'articuler 
aujourd'hui ? On ne veut pas rentrer en concurrence avec les pratiques 
sportives en club. Or, en bougeant le système, on peut avoir un effet 
domino." Pour Bruno Lapeyronie, "il y a une inquiétude le mercredi matin 
en ce qui concerne les écoles municipales des sports, généralement 
implantées dans ce créneau. Beaucoup nous disent qu'elles vont très 
certainement disparaître purement et simplement". La découverte 
d'activités sportives devra alors être faite autrement, le créneau 
périscolaire, en fin d'après-midi, restant le seul disponible.

Enfin, la menace sur une catégorie d'associations sportives ressort des 
deux enquêtes. "Les clubs qui ont leurs activités le mercredi matin sont 
inquiets pour leur organisation, au regard surtout de la disponibilité 
des éducateurs bénévoles qui ont par ailleurs des obligations 
professionnelles", affirme Jacques Thouroude. L'Andiiss confirme : "Les 
associations qui ont des salariés se disent qu'il suffit de décaler les 
horaires, ce qui n'est pas ressenti comme très grave. Au contraire des 
associations fonctionnant uniquement avec des bénévoles. Là on a 
vraiment peur que les parents ne puissent pas se libérer à 15 heures et 
arrêtent donc leur action bénévole. On est très inquiets pour les 
petites associations."

Dans ce dossier des rythmes scolaires, le temps presse et le travail est 
encore considérable. "Aujourd'hui, ce dossier est une pierre brute, avec 
un certain nombre d'angles assez abrasifs à polir", conclut Jacques 
Thouroude. Pour le faire avancer, son association sollicite le ministère 
de façon régulière et entretient des contacts privilégiés avec l'AMF 
pour faire remonter les points d'achoppement. La balle semble donc dans 
le camp de l'Etat.


Jean Damien Lesay

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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