[Infoligue] Le sport, parent pauvre de l'éducation en France

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 25 Fév 17:41:54 CET 2013


Le sport, parent pauvre de l'éducation en France

Publié par : LE MONDE
Le : 25.02.2013

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Saisissons l'opportunité ! "La période qui s'ouvre est favorable à une 
réflexion sur l'adaptation des politiques publiques en faveur du 
développement du sport pour tous." C'est avec ce constat que la Cour des 
comptes ouvrait en janvier 2013 son rapport très attendu sur le sport, 
"Sport pour tous et sport de haut niveau : pour une réorientation de 
l'action de l'Etat". Ce constat froid et réaliste est le résultat d'une 
longue étude sur l'efficacité et l'efficience des politiques publiques 
dans le domaine du sport. Il amène à se questionner sur les enjeux et 
les modalités de mise en œuvre d'une véritable politique d'éducation par 
le sport, formelle et informelle.

"L'éducation consiste à nous donner des idées, et la bonne éducation à 
les mettre en proportion." Il est fascinant de voir à quel point ces 
mots, empruntés à Montesquieu, peuvent encore être d'actualité. Plus 
encore, cette philosophie se décline à l'infini, et l'éducation par le 
sport en fait partie. L'activité physique est souvent portée aux nues 
lorsqu'on évoque son potentiel éducatif. Pourtant, de nombreux prérequis 
sont indispensables afin de faire du sport un véritable vecteur 
d'éducation et de citoyenneté.

L'éducation par le sport serait aujourd'hui une sorte de potion magique 
que l'on aime à distribuer ici et là. Les éducateurs sportifs, les 
professeurs d'EPS, les encadrants de manière générale sont les 
véritables acteurs de l'éducation par le sport. Celle-ci doit 
s'appréhender dans un cadre défini, avec des objectifs clairs, pour 
avoir un impact réel. L'objectif doit rester celui de "se réaliser" à 
travers le sport, d'acquérir de nouvelles compétences et de renforcer 
ses aptitudes sociales.

SAUPOUDRAGE ET MANQUE DE COHÉRENCE

Pourtant, les méthodes et initiatives existantes jusqu'alors – en 
particulier pour l'éducation informelle - relèvent davantage du 
saupoudrage. Le rapport de la Cour des comptes l'identifie clairement. 
Alors, à qui la faute ? Un ministère des sports limité dans son budget ? 
Des relations interministérielles freinées par un cloisonnement trop 
important ? Un mouvement sportif préoccupé par le sport de haut niveau ? 
Un Centre national pour le développement du sport qui ne remplit pas sa 
mission principale de soutien au sport de masse ? Un secteur privé et 
des intermédiaires qui entretiennent ce saupoudrage ? Des collectivités 
territoriales dont les politiques ne sont pas coordonnées ?

Il ne s'agit pas ici de jeter l'opprobre sur un acteur ou une 
institution plutôt qu'un autre. Nous voulons par-là initier la réflexion 
et engager cette prise de conscience qui bénéficie désormais d'un appui 
solide grâce au rapport de la Cour des comptes.

Alors que l'image du sport professionnel est sans cesse écornée, revenir 
au jeu et à l'essence du sport est primordial. Dans cette tâche, la 
responsabilité, morale et financière, du sport professionnel envers le 
sport amateur est un pilier qu'il convient de ne pas négliger. Une vraie 
répartition des rôles est urgente. La mise en place d'une bonne 
gouvernance du sport français presse.

UN VÉRITABLE CADRE STRATÉGIQUE

L'ambition est grande, puisqu'il s'agit aussi de former à la citoyenneté 
à travers le sport. Respect des règles, de l'autre, tolérance, habilité 
à évoluer en communauté, à communiquer, dépassement de soi, autonomie, 
sens des responsabilités... La liste des bienfaits éducatifs potentiels 
du sport est longue. Encore faut-il qu'il soit enseigné comme tel.

La réforme de l'école promise par François Hollande et récemment 
détaillée par Vincent Peillon présente une opportunité à saisir. Si la 
modification des rythmes scolaires cristallise les tensions (notamment 
sur la répartition des heures dans la semaine), le fond de la réforme 
tend vers un retour à la morale laïque. Avec pour objectifs de "rebâtir 
du commun" et un socle de règles et de comportements partagés. Quoi de 
mieux que la pratique d'un sport encadré et accompagné pour partager ? 
Discipline marginale, l'éducation physique et sportive doit retrouver sa 
place non seulement à l'école, mais également tout au long du parcours 
secondaire et universitaire.

Pour cela, le dialogue avec les parties prenantes est primordial. Aussi, 
tenter l'exercice de comparaison avec nos voisins européens paraît 
pertinent. Si les cadres légaux et l'organisation du système éducatif 
sont différents en Allemagne, au Danemark ou en Grèce, certains 
territoires recèlent parfois des bonnes pratiques susceptibles d'être 
adaptées dans l'Hexagone. Ce "benchmark" pourrait être un axe de travail 
pertinent pour faciliter la prise de décision.

Le chantier qui s'ouvre devant nous est grand. Le constat que nous 
dressons ici peut paraître sévère. Il reflète pourtant la réalité de 
l'éducation (formelle autant qu'informelle) par le sport, devenue en 
France un gadget, une fin en soi, alors même qu'elle n'est qu'un moyen. 
Comprendre cela est primordial à ce stade. La réflexion de la Cour des 
comptes et l'agenda du gouvernement ouvrent la voie pour une véritable 
remise en question des politiques publiques d'éducation par le sport.

Julian Jappert et Maxime Leblanc (directeur et chargé de projets 
européens du "think tank" Sport et Citoyenneté)

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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