[Infoligue] Modernisation du sport : notre contribution au débat III le mouvement sportif par Patrick Bayeux
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 26 Fév 09:05:55 CET 2013
*NB >>> Lire notamment le point 5 - Pratiques sportives affinitaires et
multisports : une mutualisation voire des fusions s'imposent.*
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Modernisation du sport : notre contribution au débat III le mouvement
sportif
par Patrick Bayeux
Publié par : Lettre d'information des Acteurs du Sport 394
Le : 26/02/2013
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Alors que la loi sur la modernisation du sport est annoncée pour la fin
de l'année, alors qu'un nouveau directeur du CNDS vient d'être nommé,
que le transfert des CREPS vers les régions est parait être dans les
tuyaux du projet de loi sur la décentralisation nous souhaitons avec une
série d'éditos participer au débat (cf notre édito du 12 février ).
Le second édito était consacré au rôle de l'Etat.
Ce troisième édito est consacré au rôle du mouvement sportif. Nous avons
bien noté la publication cette semai ne du rapport intitulé « Mieux
adapter la gouvernance des fédérations aux enjeux de la société »
Selon nous il s'agit plus d'un rapport portant sur le gouvernement des
fédérations dans la mesure où il ne traite que des questions de
représentations, du processus de décision, de rémunération des
dirigeants, .... Un rapport sur la gouvernance aurait nécessité de
traiter des territoires, des concurrences, de la surveillance et de la
gestion de la délégation accordée par l'Etat, des interrelations entre
les fédérations et aux relations des fédérations avec les différents
acteurs du sport.
Aussi 5 priorités nous semblent importantes à dégager
1 - Organisation des compétions sportives : rechercher l'efficience
Les fédérations sportives sont en charge de l'organisation des
compétitions sportives. Ces compétions sont traditionnellement
organisées au niveau départemental, régional, inter régional, national.
Certaines fédérations ont toutefois mis en place des découpages
différents pour tenir compte des effectifs des licenciés et du nombre de
club. Alors que le mouvement sportif a adopté un agenda 21 du sport
français et que la stratégie nationale de développement durable du sport
fait de la réduction des déplacements une forte priorité, on peut
s'étonner que dans certaines catégories en particulier chez les jeunes,
le temps passé dans les transports est très largement supérieur à celui
passé sur le terrain ! Par ailleurs dans bon nombre de clubs les
subventions ne permettent de couvrir que les frais de déplacement. Au
delà de ces raccourcis il convient de repenser l'organisation des
compétitions en fonction des territoires et de fait revoir
l'organisation fédérale global e. Y a t il besoin d'une organisation
fédérale calquée sur les territoires administratifs avec l'obligation
d'avoir des comités départementaux, des comités régionaux sur l'ensemble
du territoire ? A t on besoin du même règlement quel que soit le niveau
de pratique ?
2 - Equipements sportifs : décentraliser la réglementation
Le sujet est polémique et alimente les débats avec les collectivités
locales qui se retrouvent otages des réglementations fédérales et dans
l'obligation de financer des travaux d'aménagement ou de construction
d'équipements sportifs pour permettre à un club d'évoluer à un niveau
supérieur. Même si le code du sport dispose dans son article R 131-33 du
code du sport que les fédérations délégataires « ne peuvent imposer, en
matière d'équipements sportifs, des règles dictées par des impératifs
d'ordre commercial, telles que la définition du nombre de places et des
espaces affectés à l'accueil du public ou la détermination de
dispositifs et d'installations ayant pour seul objet de permettre la
retransmission audiovisuelle des compétitions. » chaque élu peut citer
l'exemple d'un investissement réalisé suite à la montée d'un club. Les
ligues professionnelles quant à elles ont contourné l'obstacle en créant
les labels stades. A l'instar de la ligue nationale de rugby qui prend l
a précaution d'affirmer que le Label Stade LNR n'a pas de force
obligatoire et est sans incidence sur la possibilité pour le club de
s'engager dans les championnats professionnels et en même temps crée un
« Fonds Label Stades LNR » dont les ressources seront issues de la
commercialisation des droits TV/Marketing et dont le montant augmentera
de façon progressive. Inutile de rappeler que les équipements
appartiennent aux collectivités locales et que les travaux sont financés
par les deniers publics.
Dans ce contexte nous proposons d'aller jusqu'au bout de la
labellisation avec la création de ligue semi fermée (cf le point 4) pour
le sport professionnel.
Pour les autres niveaux, nous préconisons une décentralisation de la
réglementation liée aux équipements sportifs avec une application dans
le cadre d'un schéma de cohérence territoriale tenant compte du contexte
territorial. En outre au plan international les fédérations seraient
inspirées d'anticiper l'évolution d e leurs réglementations (tracés,
règles sportives, ..) et po! urrait voter le règlement en début
d'olympiade pour une application lors de l'olympiade suivante.
3 - Intercommunalité : promouvoir un club de niveau communautaire en
maillage avec les autres clubs
La compétence sport au niveau intercommunal (communauté de commune, et
communautés d'agglomération) est une compétence optionnelle. En d'autres
termes, les élus ne sont pas obligés d'en débattre, nous le déplorons.
En effet l'intercommunalité sportive est un enjeu essentiel pour les 10
prochaines années. Depuis ce mandat, les élus assument le fait de ne pas
construire un équipement sportif spécialisé sur leur commune ou de ne
pas avoir toutes les disciplines sur leur commune en mettant en avant la
nécessité de faire des choix politiques et également de travailler en
complémentarité avec les communes limitrophes qui font partie de
l'intercommunalité (il ne reste que 59 communes hors intercommunalité
selon la communication effectuée par Anne-Marie Escoffier, ministre
déléguée chargée de la décentralisation, au Conseil des ministres du 13
février 2013). Certains élus assument également parfaitement le fait de
ne pas pouvoir soutenir les clubs au plus haut niveau et plaiden t pour
un aménagement du territoire sportif à un niveau intercommunal. Cette
tendance nous le pensons va s'accélérer. Le modèle est simple : un
équipement structurant (d'intérêt communautaire) couplé avec un club à
vocation communautaire en maillage avec les autres clubs du territoire.
Le club d'intérêt communautaire est soutenu par l'intercommunalité sous
réserve qu'il développe une véritable politique de solidarité avec les
autres clubs et offre une mutualisation plus forte sur le haut niveau
In fine l'intercommunalité peut même aller jusqu'à mettre en relation
tous les clubs à vocation communautaire dans un centre de formation
multisports , antichambre aux pôles qui dans notre modèles relèvent du
GIP Haut niveau (cf nos propositions dans notre précédent édito ), un
peu sur le modèle des écoles nationales de musique et de danse.
Même si l'intercommunalité agite les longs débats du mouvement sportif
lors d'assises du sport, ou d'assemblée générale, on ne peut que
déplorer l'inertie ou au pire les freins pour passer à l'acte. Nous
sommes convaincus que dans un contexte où la contrainte liée aux
dépenses publiques est très forte, le mouvement sportif comprendra tout
l'intérêt de dépasser le territoire communal. D'ailleurs aura t il
d'autres choix ?
4 - Sport professionnel : mettre en place des ligues semi fermées
La ligue semi fermée dans notre esprit maintient le système français de
« la montée descente » mais en adoptant le principe de lissage sur
plusieurs saisons. Par exemple un club ne serait relégué que s'il finit
le dernier (en moyenne des classements) sur les 3 dernières saisons. Ce
système aurait l'avantage de limiter l'accident de parcours et
d'installer durablement les clubs disposant d'un véritable projet,
comprenant une enceinte sportive, d'une véritable politique de
formation, ... et de permettre au club d'installer son modèle économique
viable.
En effet comment un maire peut-il expliquer à ses contribuables que la
municipalité a investi 50, 80, 100 voire 250 millions d'euros dans une
enceinte sportive (un stade ou une arena) sans avoir la garantie
d'héberger un club de haut niveau sur une durée minimum de remboursement
de l'emprunt qui court bien souvent sur une vingtaine d'années.
Comment un club peut il convaincre un banquier de lui accorder un
emprunt sur 20 ans alors qu'il n'a aucune certitude de jouer au plus
haut niveau sur cette durée et encore mois de se qualifier chaque année
pour les phases finales nationales ou européennes.
Alors que l'on demande aux structures sportives de s'inspirer du modèle
des entreprises peut -on imaginer ces dernières en plus des aléas de
conjoncture économique soumises à un aléa « sportif » annuel ?
Entre la règle de sport et la règle économique il faut garantir la
pérennité pour éviter les gaspillages.
D'ailleurs ne faut-il pas revoir le statut des fédérations dotées d'un
secteur professionnel ?
Que les équipements soient réalisés à l'initiative des collectivités
locales ou à celle des clubs, la ligue semi fermée s'impose. Nous
reviendrons dans un de nos prochains éditos sur le nouveau modèle
d'équipements sportifs et la nécessité pour les clubs professionnels de
payer une redevance au juste prix lorsque les équipements sont réalisés
par les collectivités locales, et sur le modèle vertueux de l'initiative
privée qui met les clubs face à leurs responsabilités mais qui doit être
accompagné de garanties publiques.(cf également notre édito la ligue
fermée une voie d'avenir ? )
5 - Pratiques sportives affinitaires et multisports : une mutualisation
voire des fusions s'imposent.
Sous ce vocable d'affinitaire et multisports sont regroupées des
fédérations qui au-delà des affinités (politiques, cultuelles) partagent
plus aujourd'hui un certain nombre de valeurs liées aux individus
(épanouissement personnel, solidarité, santé...).
Si ces fédérations ont à une certaine époque répondu à des besoins réels
de pratique, on est aujourd'hui assez perplexe sur la pertinence d'en
avoir autant. Du coté des pouvoirs publics (Etat, collectivités), cette
situation se traduit par plus de clubs donc plus de demandes de
subventions ainsi qu'une plus grande complexité dans la gestion des
créneaux horaires. Sans bien entendu toucher à la liberté associative,
la recherche de mutualisations autour de ces fédérations permettrait de
donner corps à des clubs multisports importants au niveau local et donc
en mesure de se professionnaliser, de recruter du personnel et des
éducateurs.
Ces principes s'appliquent du reste à certaines petites Fédérations
unisport qui vont avoir beaucoup de mal à exister dans un contexte
durable de contraintes budgétaires.
N'est-il pas aujourd'hui temps de lancer la réflexion sur une fusion de
ces fédérations, mais aussi sur la relation entre les fédérations et les
disciplines ayant reçu délégation de pouvoir du ministère.
N'est il pas temps aujourd'hui de penser l'organisation autour d'une
logique de territoire : milieu rural et milieu urbain par exemple.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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