[Infoligue] Les comités d'entreprise, principaux bailleurs de fonds des colos
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 16 Juil 17:33:30 CEST 2013
Les comités d'entreprise, principaux bailleurs de fonds des colos
Publié par : Le Monde.fr
Le : 16.07.2013
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En 2013, trois millions d'enfants ne partiront pas en vacances
En France, les plus importants soutiens des colonies de vacances restent
les comités d'entreprise. "Ils financent directement un quart des
séjours, soit davantage que les CAF", affirme un rapport parlementaire
sur le financement des colonies de vacances publié le 10 juillet. En
2004, les comités aidaient partiellement 14,6 % des vacances des 5-19
ans, contre 4,8 % du côté des caisses d'allocations familiales, deuxième
financeur social.
Certaines des grandes entreprises françaises ont fait de leurs colonies
de vacances des symboles de mixité sociale. A l'image de Michelin, qui
reste l'un des plus grands employeurs d'ouvriers en France. Dans l'usine
de Cataroux, près de Clermont-Ferrand, quelque 4 000 agents de
production travaillent encore sur les chaînes de montage, pour 4 500
cadres. "Les colos Michelin" ont donc permis à plusieurs centaines
d'enfants, toutes origines sociales confondues, de s'affranchir quelque
temps du cadre familial.
Mathieu, fils d'une juriste de l'entreprise, est parti trois fois en
colonie grâce au géant clermontois. Désormais étudiant en école de
commerce, il se souvient que pendant la colo, l'origine sociale ne
faisait pas vraiment partie des conversations enfantines :
"Je suis conscient d'appartenir à un milieu privilégié, où les
conversations à l'école tournaient autour des marques de vêtement. Mais
dans les colos Michelin, on n'avait pas du tout ce genre de
conversations. On ne cherchait pas à savoir si les parents des uns
étaient les chefs des autres. Le principe, c'est que peu importe d'où on
vient, pendant dix jours, on est copains."
UNE OFFRE DE COLO DÉLÉGUÉE
Mêmes souvenirs pour Sergio, fils d'ouvrier chez le spécialiste français
du pneumatique. Lui est parti à cinq reprises en vacances grâce au
comité d'entreprise. "C'est un formidable vecteur de mixité sociale,
surtout à un âge auquel la notion de catégorie socioprofessionnelle
n'existe pas", explique ce jeune homme de 25 ans. Seule différence
notable, les colos d'été au ski, plus coûteuses, parmi lesquelles les
enfants de cadres sont surreprésentés. "L'hiver, je me retrouvais
principalement avec des jeunes dont les parents avaient des fonctions de
cadre à Michelin", souligne-t-il.
Un système que l'entreprise clermontoise a finalement abandonné en 2009.
Pour des raisons budgétaires, mais aussi administratives, l'entreprise a
fini par déléguer sa gestion des colos à des associations et à des
organismes privés. "Via nos prestataires, nous continuons à faire partir
1 600 enfants par an", assure Christian Ceaux, directeur adjoint du
comité d'entreprise de Michelin. Avant de réaffirmer les principes de
mixité sociale :
"Nous consacrons 1,2 million d'euros à la jeunesse, pour faire
partir ceux qui le souhaitent, sans distinction. Les tarifs sont indexés
sur le quotient familial, et restent les mêmes, où que l'enfant aille.
Pour un jeune défavorisé, le forfait journalier est de 7 euros ; pour
les jeunes issus de familles aisées, il est de 46 euros par journée."
Comme d'autres grandes entreprises, le spécialiste du pneumatique a
vendu la majorité de son patrimoine. Pour des raisons "purement
économiques", neuf de ses dix centres ont été cédés. Même liquidation du
côté de La Poste, qui a également vendu son patrimoine de centres de
vacances. En 2008, l'association gérant les vacances au comité
d'entreprise de La Poste a vendu l'intégralité de ses centres sur la
côte Atlantique. Exemple emblématique, le casino de Quiberon, face à
Belle-Ile-en-Mer, en Bretagne, accueillait autrefois de nombreuses colonies.
DES CENTRES DE VACANCES PRISÉS DES PROMOTEURS
Les départements de Loire-Atlantique et de Vendée, très prisés des
vacanciers, ont peu à peu vu leurs centres disparaître. Aujourd'hui,
seul un tiers des centres de colonies reste en activité. La Poste n'est
pas la seule entreprise à avoir vendu son patrimoine de centres, sans
trop de difficulté. Souvent placés stratégiquement, ces bâtiments de
bord de mer ou coincés entre deux versants montagneux sont très
convoités des promoteurs immobiliers.
A contre-courant, quelques entreprises maintiennent leurs colos. En la
matière, la SNCF fait figure de modèle. En 2012, son comité central
d'entreprise (CCE) a dépensé sept millions d'euros pour les colonies de
vacances, sur un budget total de 50 millions d'euros. Soit le premier
poste de dépense budgétaire du comité. "C'est notre priorité : aucun
enfant de salarié actif ou retraité ne se voit refuser une demande de
départ en vacances", explique Dominique Agorio, secrétaire général du
CCE, qui organise les vacances de 14 000 enfants chaque année.
Pour assurer une mixité sociale, et permettre aux enfants les plus
modestes de partir, l'entreprise propose sept grilles tarifaires,
échelonnées selon le quotient familial des parents. Parmi les colos
proposées, le séjour sportif de 14 jours à destination des 16-17 ans
coûte 133 euros par enfant aux familles les plus modestes, contre 477
euros pour les autres. Au menu, parapente, voile, moto, ou encore basket.
La SNCF ne compte pas abandonner sa politique de vacances. "Il est hors
de question de vendre notre patrimoine, constitué d'un peu plus de
cinquante centres en France, principalement en bord de mer ou dans les
Alpes. L'un d'entre eux, situé à Belle-Ile-en-Mer, est un endroit
paradisiaque, et certains seraient ravis de l'acquérir", explique
Dominique Agorio. "Ce patrimoine n'est pas à vendre !"
Si les comités d'établissement financent une bonne partie des colos, qui
accueillent chaque année 1,4 million d'enfants, tous les salariés ne
bénéficient pas de telles structures, réservées aux entreprises de plus
de cinquante salariés. Un environnement professionnel dans lequel
évoluent plus de 5 millions de personnes, selon l'Insee. Parmi eux, 3,5
millions de salariés bénéficient d'un comité d'entreprise qui finance
encore le départ en colonie de vacances.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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