[Infoligue] La lente dérive du laboratoire d’idées pour l’insertion des jeunes

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 18 Juil 09:40:01 CEST 2013


La lente dérive du laboratoire d’idées pour l’insertion des jeunes

Publié par : http://www.acteurspublics.com
Le : 16/07/2013

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Expérimenter et évaluer des mesures en faveur des jeunes. L’idée de 
Martin Hirsch, traduite par la création d’un fonds d’expérimentation en 
2009, a fait long feu. Une récente étude raconte comment l'initiative a 
peu à peu été dévoyée de son ambition initiale, rattachée au seul 
ministère de l’Éducation nationale et recentrée sur les questions 
éducatives.

Alors que les gouvernements successifs ne cessent d’insister sur 
l’impératif de décentralisation des politiques publiques, il paraît 
encore complexe de lutter contre “la force centralisatrice” de l’État. 
Le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ), créé en 2009 et 
rattaché au haut commissariat aux Solidarités actives (HCSA), sous 
l’égide de Martin Hirsch, en a fait les frais.

Initialement conçu comme un “laboratoire de politiques destinées aux 
jeunes”, le FEJ devait privilégier une approche transversale de la 
question, à travers les multiples enjeux d’insertion sociale et 
professionnelle, de formation mais aussi d’accès des jeunes à la santé, 
au logement, etc. En plus d’être interministérielle, la démarche se 
voulait territoriale. Il s’agissait, à travers le principe d’appels à 
projets, de soutenir les initiatives locales en faveur des jeunes en 
difficulté et de les évaluer après coup pour éventuellement les étendre 
au territoire national. Une enveloppe de 150 millions d’euros a ainsi 
été mise à disposition du fonds entre 2009 et 2012.

Approche interministérielle enterrée

Jusqu’en 2010, l’objectif poursuivi semble respecté. Sept appels à 
projets sont lancés et les acteurs locaux y répondent largement. Mais le 
départ de Martin Hirsch du gouvernement et la disparition du haut 
commissariat à la Jeunesse en mars 2010 préfigure la “chronique d’une 
recentralisation” du FEJ, très bien décrite par le Centre d’études de 
l’emploi (CEE) dans une étude diffusée en juillet 2013.

Après le remaniement ministériel, le FEJ est repris par le ministère de 
la Jeunesse et des Solidarités actives et son nouveau titulaire, 
Marc-Philippe Daubresse. Une première dérogation à l’approche 
interministérielle, qui est définitivement enterrée lorsque le fonds 
passe sous la tutelle de Luc Chatel et de Jeannette Bougrab au ministère 
de l’Éducation nationale en novembre 2010.

La loi du 29 décembre 2010 recentre l’objectif des programmes 
expérimentaux du FEJ sur “la réussite scolaire des élèves” et l’État 
central reprend la main sur son pilotage. “L’action publique retrouve 
les rails de la verticalité descendante. Dans le même temps, le 
ministère abandonne l’ambition transversale du HCSA en ne finançant que 
des projets à visées scolaires et périscolaires”, soulignent François 
Sarfati et Jules Simha, les auteurs de l’étude.

Financeur du service civique

Peu à peu, l’idée originale du FEJ s’estompe et ses crédits diminuent… 
En 2011, l’allocation prévue de 25 millions d’euros est ramenée à 6 
millions. Et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault ne semble pas vouloir 
le remettre au premier plan, malgré la volonté affichée d’évaluer les 
politiques publiques. Certes, la ministre de la Jeunesse et des Sports, 
Valérie Fourneyron, pilote depuis janvier 2013 un “comité 
interministériel pour la jeunesse”, renouant avec l’approche 
transversale, mais le budget de son ministère ne prévoit aucun nouveau 
crédit pour le fonds. Elle désire à présent se concentrer sur 
“l’essaimage des bonnes pratiques dans les ministères”.

La loi de finances 2013 stipule ainsi que le FEJ “ne recevra plus de 
crédits du programme « Jeunesse et vie associative » et contribuera 
même, en 2013, à un fonds de concours en faveur du service civique, à 
hauteur de 15 millions d’euros”. Après avoir été impulsé par Martin 
Hirsch, le fonds d’expérimentation financera donc un nouveau champ 
d’action privilégié par… le même, devenu le président de l’Agence pour 
le service civique.

Raphaël Moreaux

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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