[Infoligue] Le financement privé des associations, désormais majoritaire, doit être renforcé
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 28 Mar 08:53:59 CET 2013
Le financement privé des associations, désormais majoritaire, doit être
renforcé
Publié par : http://www.localtis.info
Le : mardi 26 mars 2013
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Le financement privé du secteur associatif s'élèverait désormais à
52,4%, contre 47,6% provenant du secteur public. Cette situation inédite
ressort des projections du Haut Conseil à la vie associative (HCVA) qui
a remis à Valérie Fourneyron, le 21 mars, son projet de rapport
intermédiaire sur le financement privé des associations. Face à cette
baisse des aides publiques, et alors que la concurrence du secteur
marchand s'accroît, le HCVA propose des pistes pour renforcer la part
privée du secteur associatif.
Le rapport intermédiaire remarque tout d'abord que "la démographie
associative est particulièrement dynamique" et qu'elle représente "un
poids économique important". On compte aujourd'hui 1,3 million
d'associations, avec une progression de 4% par an. Selon le document,
l'engagement humain constitue le moteur de cette dynamique : 23 millions
d'adhérents, soit 46% des Français de plus de 18 ans ; 16 millions de
bénévoles, soit 32% des Français de plus de 18 ans ; 1,8 million de
salariés, représentant 6% de la masse salariale du secteur privé et 5%
de la masse salariale publique et privée. Cet ensemble constitué
d'engagement bénévole, d'un côté, et d'activités économiques, de
l'autre, représente un poids économique de 105 milliards d'euros, soit
plus de 5% du PIB.
Un secteur en pleine mutation
Côté ressources, le HCVA rappelle que, d'après une enquête CNRS-Centre
d'économie de la Sorbonne menée auprès des associations en 2005/2006,
les associations tiraient une part prédominante de leurs ressources
(51%) de financements publics. Ceux-ci étaient alors délivrés par les
communes (14%), les conseils généraux et services déconcentrés de l'Etat
(10%), les régions (3,5%) et l'Etat central (12%), ainsi que par
l'Europe et les organismes sociaux (10,9%). S'élevant à 49% des
ressources, les financements privés provenaient, quant à eux, pour 32%
de recettes d'activité (vente de services associatifs à un prix de
marché, participation forfaitaire à des services rendus, vente de
services à des prix différenciés, produits de fêtes et manifestations,
revenus des placements, ventes de type prix de journée et plus
généralement produits des commandes publiques), 12% de cotisations et 5%
de dons, legs et mécénat (dons d'entreprises privées).
Dans son rapport intermédiaire, le HCVA a cherché à connaître la réalité
actuelle en prenant en compte les évolutions en cours. Les chiffres de
2005/2006 ont ainsi fait l'objet d'une projection fondée sur les
hypothèses suivantes : +25% sur l'ensemble des financements privés en
raison de l'évolution des dons déclarés en 2010 ; +10% sur les
financements publics correspondant à une évolution positive de +3% par
an en début de période et une diminution de 1% en 2009 et 2010 ; baisse
des financements de l'Etat et augmentation de ceux des conseils généraux
qui ont compensé à un niveau global la baisse des financements de l'Etat
jusqu'en 2010. A partir de cette projection, les associations tireraient
aujourd'hui 52,4% de leurs ressources de financements privés, avec la
répartition suivante : 34,4% de recettes d'activité, 12,9% des
cotisations et 5,2% de dons, legs et mécénat.
Immixtion d'entreprises lucratives
Si elles traduisent la capacité du monde associatif à trouver de
nouvelles ressources, ces projections sont toutefois préoccupantes. Si
elles pointent tout d'abord une érosion des aides publiques, elles
mettent en avant le talon d'Achille que représentent les dons, legs et
mécénat : "Les perspectives offertes par les financements privés sont
préoccupantes à court et moyen terme. Les dons, les legs et le mécénat
ne représentent que 5% du budget global du secteur, avec des écarts
importants entre les organismes pour lesquels il représente une part non
négligeable et ceux dont l'activité se prête plus difficilement à
l'appel à la générosité." Et le HCVA de préciser que les dons, les legs
et le mécénat concernent surtout quelques associations importantes du
secteur humanitaire et social. Résultat : "Les associations n'ont
souvent guère d'autre choix que d'augmenter la participation des usagers
qui représente dans certains secteurs une part importante de leur
budget." La marge de manœuvre est donc étroite en raison des
conséquences de la crise sur le budget des ménages et du risque de
soumission aux impôts commerciaux du fait d'un développement trop
important d'activités concurrentielles. A ce sujet, le HCVA s'inquiète
d'un phénomène nouveau : "L'immixtion progressive sur des champs
associatifs, d'entreprises lucratives dont les débouchés classiques se
sont comprimés du fait des crises successives, a détourné les publics
les plus solvables du mécanisme de mutualisation naturelle que constitue
le fonctionnement associatif." De fait, "en imposant que les activités
non lucratives demeurent significativement prépondérantes [pour les
associations], la doctrine fiscale renvoie l'activité associative sur
les marges et la prive ainsi sans doute du seul débouché susceptible de
lui offrir une perspective", affirme le HCVA.
Trois axes pour développer le financement privé
Pour permettre le développement du financement privé, le rapport
intermédiaire du HCVA prône trois axes de réforme. Il s'agit tout
d'abord de faciliter le développement des activités. Pour cela, le haut
conseil préconise : le relèvement du seuil d'assujettissement aux impôts
commerciaux pour les associations ayant des activités lucratives à titre
accessoire ; le développement d'une mutualisation de recettes lucratives
avec les recettes non lucratives ; la suppression du lien d'automaticité
entre la TVA, l'impôt sur les sociétés (IS) et la contribution
économique territoriale (CET) ; l'extension de la capacité à posséder
des immeubles de rapport à l'ensemble des associations et
l'actualisation des règles de placement des fonds disponibles ; et
l'extension de l'exonération du versement transport.
Ensuite, le HCVA entend favoriser la sécurisation et le développement de
la générosité du public et du mécénat des entreprises. Pour y parvenir,
il conviendrait: d'harmoniser les textes concernant les droits de
mutation à titre gratuit ; de faciliter les dons sur successions ;
d'étendre la déduction de l'impôt de solidarité sur la fortune aux dons
faits aux associations reconnues d'utilité publique ; d'encourager le
mécénat des PME ; de supprimer la notion de "cercle restreint de
personnes" exclusive du caractère d'intérêt général (associations
d'anciens combattants, orphelinat de la police nationale, association de
sauvegarde des retraites, etc.) ; et de simplifier le cadre de l'appel à
la générosité publique.
Enfin, le HCVA veut faciliter la consolidation des structures en
sécurisant les fusions, les scissions et les apports partiels d'actifs ;
en facilitant le renforcement des fonds propres via les titres
associatifs ; en consolidant le développement de la vie associative avec
les intérêts des contrats d'assurances-vie en déshérence.
Valérie Fourneyron devrait porter certaines de ces préconisations dans
le cadre du projet de loi-cadre sur l'économie sociale et solidaire qui
sera présenté en Conseil des ministres par Benoît Hamon, ministre
délégué à l'Economie sociale et solidaire et à la Consommation, au mois
de juin.
Jean Damien Lesay
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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