[Infoligue] Nouvelles formes d'engagement : une "cassure" entre deux jeunesses ?

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 18 Déc 09:09:26 CET 2017


Nouvelles formes d'engagement : une "cassure" entre deux jeunesses ?

Publié par : https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/
Le : 15/12/2017
par Caroline Megglé

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L'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) 
tenait le 14 décembre ses rencontres 2017 intitulées "Les nouvelles 
jeunesses de la démocratie : une revitalisation de la participation 
citoyenne ?"

Le 14 décembre, les participants aux rencontres de l'Institut national 
de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) – principalement des 
professionnels et élus de collectivités et d'associations – se sont vu 
présenter certains résultats de la deuxième édition du baromètre DJEPVA 
sur la jeunesse, réalisé par le Credoc en collaboration avec l'Injep (1) 
et publiée le 23 novembre 2017. Menée auprès de 4.500 jeunes de 18 à 30 
ans de métropole et d'outre-mer, l'enquête vise à proposer aux acteurs 
de la jeunesse des "indicateurs récurrents sur les conditions de vie, 
les modes de vie, aspirations et attentes des jeunes". Les thèmes de la 
participation citoyenne, de l'engagement associatif et du service 
civique y occupent une place importante.

Les difficultés de mobilité (voir notre article du 23 novembre 2017), 
ainsi que la connaissance des dispositifs sociaux font également l'objet 
d'approfondissements. 14 fiches régionales ont en outre été élaborées 
dans le cadre de ces travaux.

Une "soif générale de reconnaissance"

"Plus d'un jeune sur deux a le sentiment en 2017 que son avis ne compte 
pas" au sein des espaces dans lesquels il évolue, a rapporté Thibaut de 
Saint Pol, directeur de l'Injep. "Ce sentiment de manque d’écoute doit 
être lu à l’aune de la 'soif générale de reconnaissance' qui s’est 
diffusée dans la société au cours des dernières décennies", peut-on lire 
dans la publication. Autre résultat mis en avant : un tiers des jeunes 
s'engageraient bénévolement dans une association ou une autre 
organisation (religieuse, politique, syndicale…), un quart de façon 
régulière.

"On est donc loin du discours sur le désengagement des jeunes", a 
commenté Thibaut de Saint Pol. Le niveau de participation serait 
globalement stable dans le temps. Toutefois, selon le rapport, "la 
participation des jeunes à la vie associative reste conditionnée - à 
l’image de celle de leurs ainés - par leur insertion dans la société, 
qui favorise en retour la capacité à s’engager et à faire entendre sa voix".

Le rôle des "intermédiaires" pour accompagner l'engagement des jeunes 
les moins favorisés

Pour Loïc Blondiaux, professeur de science politique à l'université 
Paris I Panthéon-Sorbonne, si le "malaise démocratique" est exacerbé 
chez les jeunes, il se traduirait, pour une partie d'entre eux, par de 
nouvelles modalités d'engagement - mobilisation sur une cause, 
organisations "horizontales" plébiscitées par opposition aux 
institutions représentatives, valorisation de la "contribution" et non 
plus tellement du "statut", etc. Représentées à la tribune ce 14 
décembre, les organisations Warn!, Générations Cobayes, Ticket for 
Change ou encore Voxe.org illustrent bien ces nouvelles façons de 
s'engager. L'universitaire pointe un "risque de cassure" entre ces 
jeunes, éduqués et "très agiles", et ceux qui ne se sentiraient ni 
représentés par les systèmes politiques traditionnels ni concernés par 
les nouveaux outils de mobilisation, tels que les civic tech. "La 
disparition des intermédiaires constitue un risque majeur pour nos 
démocraties", a-t-il alerté.

L'approche d'intégration dans un collectif déjà constitué (versus 
invitation à s'affirmer dans un réseau d'individus et à co-inventer un 
mouvement) et de transmission de valeurs et de compétences est davantage 
celle des associations d'éducation populaire, telles que la JOC 
(Jeunesse ouvrière chrétienne), le MRJC (Mouvement rural de jeunesse 
chrétienne) et Animafac - trois associations également représentées  
lors de ces journées. "J'ai pu trouver ma place, c'est ce qui m'a donné 
envie d'avancer dans mon engagement", a ainsi témoigné Emelyn Weber, 
militante JOC portant aujourd'hui la voix de son mouvement au Conseil 
économique, social et environnemental.

Dans le département de Haute-Garonne, les jeunes interrogés sur leurs 
valeurs

Les jeunes veulent "du présentiel, de la rencontre", a renchéri Pascal 
Jarry, directeur de la mission démocratie participative / égalité 
femmes-hommes au Conseil départemental de la Haute-Garonne. Le 
département a réalisé son propre "Baromètre jeunesse" auprès d'un public 
plus large - des jeunes de 11 à 29 ans et des adultes de 30 à 75 ans 
invités à donner leur regard sur la jeunesse. L'objectif : "inscrire les 
questions de jeunesse à l'agenda politique départemental", en les 
appréhendant de façon globale - au-delà de "l'ADN solidarité" du 
département - et en tenant compte de la diversité des profils et des 
territoires. Les résultats, qui portent notamment sur les valeurs des 
jeunes, leur sens de l'engagement et leur vision de l'avenir, 
alimenteront la "stratégie jeunesses" du département.


(1) Deuxième édition d'un baromètre réalisé à la demande de la Direction 
de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative 
(ministère de l'Education nationale). Crédoc (Centre de recherche pour 
l'étude et l'observation des conditions de vie), Baromètre DJEPVA sur la 
jeunesse 2017, Lucie Brice, Radmila Datsenko, Nelly Guisse, Sandra 
Hoibian et Sophie Lautié en collaboration avec l’INJEP, Injep 
Notes&rapports/Rapport d’étude, novembre 2017.

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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