[Infoligue] « Le chemin vers l’universalité du service civique ne se fera pas sans les maires »

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 5 Jan 09:13:58 CET 2017


"E/tre community manager dans une commune rurale pourquoi pas? Mais si 
et seulement si c’est mené en coopération avec, par exemple, la ligue de 
l’enseignement et le programme les D-codeurs.//.."/

« Le chemin vers l’universalité du service civique ne se fera pas sans 
les maires »

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Le : 05/01/2017
Par Isabelle Raynaud

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2016 a été un déclic pour les collectivités qui se sont de plus en plus 
engagées dans le dispositif du service civique. Mais pour atteindre les 
objectifs, il faudra continuer sur cette lancée, comme le rappelle 
Yannick Blanc, président de l’Agence du service civique et 
haut-commissaire à l'engagement civique.

Pour 2016, l’objectif était que 110.000 jeunes effectuent un service 
civique. Ce chiffre a-t-il été atteint ?

Un peu moins de 100 000 jeunes ont été accueillis. Ces chiffres sont 
provisoires, car les données définitives ne seront pas connues avant le 
mois de mars. Nous sommes sur un très bon chiffre de croissance par 
rapport aux 53 000 volontaires de 2015. Mais nous sommes toujours sur un 
ratio de 3 ou 4 jeunes qui candidatent pour une mission proposée. La 
notoriété du service civique chez les jeunes progresse au moins aussi 
vite que le nombre de missions qu’on leur propose, donc le différentiel 
reste le même.

La  part des collectivités est-elle toujours de 8% des missions effectuées ?

Non, elle est véritablement en train d’augmenter. Depuis l’été dernier, 
on voit de nombreuses collectivités importantes s’engager. Chaque fois 
que je me déplace en province, je rencontre des élus qui sont déjà 
mobilisés ou intéressés. Nos premiers chiffres, provisoires je le 
rappelle, nous laissent à penser que la part des collectivités locales 
va passer de 8 à 11%, aors que le nombre de missions a été doublé. Il y 
a donc un vrai décollage de l’engagement des collectivités locales. 
Après avoir, sans doute par méfiance due à une longue expérience des 
emplois aidés, regardé le service civique d’un œil torve, les 
territoires ont compris tout l’intérêt qu’elles pouvaient retirer du 
dispositif.

Avant l’été 2016, l’Agence a publié un guide pour aider les 
collectivités à accueillir des jeunes. Y aura-t-il d’autres actions en 
2017, ciblées sur les collectivités ?

Les collectivités vont être tout au long de l’année 2017 au cœur de nos 
préoccupations. On ne peut pas aller vers le service civique universel 
si les collectivités, et notamment les communes ne sont pas mobilisées. 
Service civique universel, cela veut dire des jeunes volontaires à 
proximité de la population, sur tout le territoire, puisque l’essence du 
dispositif est d’être au service des autres. C’est vraiment dans des 
missions de proximité qu’on peut développer le service civique. Ce 
chemin vers l’universalité ne se fera pas sans les maires, sans les 
conseillers municipaux, sans les services municipaux, sans les CCAS… Je 
vais, au début de l’année 2017 réunir un groupe de travail sur les 
difficultés spécifiques du service civique en milieu rural.

Justement, à Fleurance (6 300 hab., Gers), l’adjoint au maire demande 
plus de souplesse dans les missions proposées aux jeunes dans le monde 
rural. Il aimerait par exemple pouvoir proposer des missions de 
community managers. Un geste impossible puisque cela correspondrait à un 
poste d’agent. En effet, les services civiques ne sont pas sensés être 
sur des tâches exécutables par des fonctionnaires. Que lui répondez-vous ?

Cela fait partie de l’ordre du jour du groupe de travail. Il y a une 
voie que je voudrais privilégier pour permettre le développement de 
missions sur ces domaines dans lesquels les petites communes n’auront 
jamais d’emploi. Mais néanmoins, pour rester très clair sur le service 
civique, il faut rappeler que ce ne peut pas être une substitution à un 
emploi pérenne. J’aimerais privilégier la coopération entre les 
collectivités locales et les associations de manière à ce qu’une mission 
de service civique soit toujours liée à un projet d’engagement.

Le service civique est bien sûr une première expérience d’activité et 
cela a donc une valeur de formation professionnelle pour les jeunes. 
Mais l’esprit du service civique renvoie surtout à l’engagement envers 
les autres. Il faut que cette valeur demeure. Etre community manager 
dans une commune rurale pourquoi pas? Mais si et seulement si c’est mené 
en coopération avec, par exemple, la ligue de l’enseignement et le 
programme les D-codeurs. Ce programme se fait dans dans un cadre 
associatif d’engagement. C’est sur ce sujet que nous allons travailler 
avec les collectivités rurales.

Par ailleurs, ces communes vont bénéficier d’une nouvelle disposition de 
la loi Egalité et citoyenneté qui permet l’intermédiation entre 
collectivités publiques. Plus précisement, une communauté de communes 
pourra prendre des missions de service civique au bénéfice de ses 
communes-membres.

Avec donc la possibilité pour un jeune d’effectuer sa mission sur 
plusieurs communes ?

Il faut voir comment on règle les problèmes de mobilité, difficulté 
majeure en milieu rural. Mais si c’est le cas, et il y a des 
collectivités rurales qui y arrivent très bien, bien sûr. De toute 
façon, on a intérêt à ce que les jeunes volontaires ne soient pas 
isolés, donc imaginer sur le territoire d’une communauté de communes, un 
ensemble de missions pour un groupe de jeunes volontaires qui 
travaillent au bénéfice de plusieurs communes, est possible. D’autant 
que la fonction de tutorat peut être partagée par plusieurs personnes.

On a des possibilités de souplesse dans le dispositif du service civique 
sur lesquelles on va travailler de manière à signer des conventions avec 
les associations d’élus comme l’AMF ou l’AMRF… Le but est que les 
préfets puissent délivrer des agréments service civique aux 
collectivités rapidement, sur la base de conventions signées au niveau 
national.

Lors des débats sur le projet de loi Egalité et Citoyenneté, il avait un 
temps été question de rendre le service civique obligatoire. Le maire de 
Courcouronnes (13 500 hab., Essonne) demande, lui, qu’on oblige les 
collectivités à prendre des volontaires. Faut-il rester avec des jeunes 
qui sont demandeurs ?

Il est essentiel que le service civique reste un service volontaire de 
la part des jeunes parce que c’est grâce au volontariat qu’ils sont en 
position d’initiative et de responsabilité. Avec le volontariat, il y a 
une adéquation avec l’objectif que nous poursuivons qui est de former 
davantage de citoyens engagés, responsables et autonomes. Si vous créez 
une obligation, vous faites des jeunes en service civique des jeunes qui 
sont de corvée. Aujourd’hui, jeune est volontaire donc il apporte 
quelque chose à la collectivité ; il n’est pas soumis à une obligation 
donc il donne de lui-même. Et c’est en donnant qu’il se révèle à 
lui-même comme citoyen. Une ancienne volontaire me disait : “Quand on 
fait sa mission de service civique, on réalise de quoi on est capable, 
et parfois aussi on fait l’épreuve de ses limites.” Et cela, c’est très 
important.

Pour moi, il ne faut pas changer les règles du service civique 
maintenant. Elles sont encore récentes et nous sommes vraiment en phase 
de montée en régime, la société française est en train d’apprivoiser le 
service civique et d’en faire une habitude. Il faut laisser cette phase 
se faire, se développer pendant encore deux ou trois ans. A ce 
moment-là, nous pourrons reposer la question. Mais cette relation de 
volontariat, elle est une base de confiance dans la relation qu’a la 
société avec la jeunesse. Et cela, c’est vraiment fondamental. Etablir 
ou rétablir cette confiance, je crois que tous les élus peuvent être 
sensibles à cet argument. Maintenant, il faut en effet qu’à tous les 
niveaux, il n’y ait pas que les jeunes qui s’engagent mais que tous les 
responsables ou organismes qui peuvent travailler avec des jeunes en 
service civique s’engagent à en accueillir. C’est de l’ordre de 
l’engagement.

Pour les collectivités, je parlerais donc volontiers d’une ardente 
obligation, un député voulait l’inscrire dans la loi sous cette forme, 
c’est-à-dire celle d’une obligation morale. Sur le plan juridique, je 
crains toutefois que la création d’une obligation de ce genre pour les 
collectivités alors que la Constitution prévoit que la République est 
décentralisée et que les collectivités s’administrent librement ne soit 
pas constitutionnel.

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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