[Infoligue] Taxe sur les lectures à voix haute : vers une exception pour les bibliothèques ?
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 15 Mai 15:32:33 CEST 2017
Taxe sur les lectures à voix haute : vers une exception pour les
bibliothèques ?
Auteur : Antoine Oury
Publié par : https://www.actualitte.com
Le : 11.05.2017
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Depuis le 1er janvier 2016, la SCELF, Société Civile des Éditeurs de
Langue Française, a récupéré la gestion du droit sur la lecture
publique, jusque-là assumée par la SACD (Société des Auteurs et
Compositeurs Dramatiques). Et un courrier envoyé par le président de la
SCELF à des mairies avait fait craindre aux bibliothécaires et auteurs
la création d'une taxe appliquée aux lectures publiques d’œuvres
protégées par le droit d’auteur organisées dans le cadre de
manifestations culturelles (festivals, salons et scènes littéraires),
qui pourrait concerner les bibliothèques. La SCELF a démenti face au
tollé, mais un communiqué de l'Association des Bibliothécaires de France
vient relancer le débat.
Le dévoilement des lettres avait suscité une levée de boucliers des
bibliothécaires, qui craignaient que les lectures à voix haute
organisées dans les établissements, comme la fameuse Heure du conte, ne
soient taxées. Treize organisations d’auteurs avaient elles aussi fait
entendre leur voix contre une telle mesure, rappelant « que les auteurs
ne peuvent soutenir une telle démarche qui apparaît comme “maximaliste”,
et, au final, pénalise la rémunération des auteurs qui lisent leurs
propres textes tout en confortant la position des détracteurs du droit
d’auteur ».
Tout en soulignant qu'une position strictement juridique sur une taxe
sur les lectures à voix haute pouvait se défendre, les auteurs jugeaient
que « ce dispositif élargi à l’ensemble des festivals, salons et scènes
littéraires, n’apparaît ni économiquement ni politiquement opportun
alors que leurs budgets s’avèrent de plus en plus contraints ». Les
auteurs rappelaient enfin que les librairies, elles, bénéficiaient d'une
exonération décidée par la SCELF lui-même...
La SCELF avait démenti, avec des précisions apportées à ActuaLitté : «
[L]es lettres adressées aux mairies par le Président de la SCELF ne
visaient en aucune manière les bibliothèques, mais exclusivement
l’organisation par les municipalités de lectures dites «
lectures-spectacles », le plus souvent montées par des compagnies
théâtrales », déjà taxées par la SCELF, précisait l'organisation.
Le 18 avril dernier, malgré les précisions de la SCELF, un collectif
d'auteurs lançait une pétition, intitulée « Shéhérazade en colère » en
référence aux Mille et Une Nuits. Les signataires de la pétition
dénonçaient « une manière à peine diplomate de renvoyer les auteurs
jouer avec leurs crayons, et de laisser les autres, bibliothécaires,
bénévoles, se débrouiller pour payer ou se mettre hors-la-loi ».
L'ABF réclame une exception pour les bibliothèques
C'est à présent à l'Association des Bibliothécaires de France (ABF) de
se joindre au débat, preuve, peut-être, que la position de la SCELF
n'est pas si limpide. En effet, l'ABF explique « que dans le cadre des
missions de service public des bibliothécaires, les lectures publiques
et les heures du conte relèvent de plusieurs droits culturels reconnus
par la Déclaration universelle des droits de l’homme tel que le droit de
participer librement à la vie culturelle. Il nous semble que ces actions
culturelles ne causent pas un préjudice disproportionné aux titulaires
de droits », insiste l'Association.
L'ABF va d'ailleurs plus loin : « Une exception totale en faveur des
bibliothèques nous semble la meilleure solution. » Autrement dit, la
lecture à voix haute dans les établissements serait totalement exonérée,
tant qu'elle n'entre pas dans le cadre de « programmations de spectacles
» : dans ce dernier cas, rappelle l'ABF, « les bibliothèques rémunèrent
les auteurs et payent les droits afférents ».
L'Association termine son courrier en rappelant « la position de la SACD
d'exclure les heures du conte de la perception de droits de
représentation », invitant implicitement la SCELF à suivre l'exemple de
son prédécesseur...
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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