[Infoligue] L’engagement étudiant permet désormais de gagner des points

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 17 Oct 08:10:49 CEST 2017


L’engagement étudiant permet désormais de gagner des points

Les établissements du supérieur ont maintenant l’obligation de 
reconnaître, de différentes façons, les compétences acquises hors 
cursus. Voici comment.

Publié par : LE MONDE
Le : 17.10.2017
Par Caroline Pain

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« Grâce à la radio, j’ai appris à écrire une chronique, faire des 
phrases intelligibles », raconte Selina Newstead-Bishop, étudiante à 
Rennes en licence information et communication. Des compétences apprises 
ailleurs qu’en cours, qu’elle peut désormais demander à comptabiliser.

La nouvelle loi « Egalité et citoyenneté » demande en effet aux 
établissements d’enseignement supérieur de créer un dispositif « 
garantissant la validation, pour l’obtention d’un diplôme, des 
compétences, connaissances et aptitudes acquises par leurs étudiants 
dans l’exercice d’activités associatives, sociales ou professionnelles 
», notamment en accordant une partie des crédits nécessaires pour 
valider son diplôme, précise un décret du 10 mai, complété d’une 
circulaire, publiée le 5 octobre. Le point sur ce dispositif, que 
certains établissements avaient d’ores et déjà mis en place.

     Quels « engagements » peuvent bénéficier d’une reconnaissance ?

Un étudiant peut faire valoir son engagement dans plusieurs cas. S’il 
est bénévole au sein d’une association, s’il travaille, s’il fait partie 
de la réserve militaire opérationnelle, s’il est sapeur-pompier 
volontaire, s’il est volontaire dans les armées ou à l’occasion d’un 
service civique. Autre condition : que les compétences et connaissances 
ainsi acquises « relèvent de celles attendues dans son cursus d’études 
». A chaque université de fixer ses règles, dans les deux mois qui 
suivent la rentrée universitaire, précise le décret.

A l’université de Bordeaux, un dispositif existe depuis plusieurs 
années, mais il n’englobe pas tous les cas de figure, notamment ceux des 
étudiants membres de la réserve militaire opérationnelle ou des 
sapeurs-pompiers volontaires.

Par ailleurs, il reste à fixer les modalités d’évaluation des 
compétences acquises dans un emploi étudiant, indique Nicole Rascle, la 
vice-présidente chargée de la vie étudiante sur ce campus : « Ce n’est 
pas simple de savoir quelles compétences développe une étudiante qui 
travaille comme caissière… C’est plus simple quand un étudiant travaille 
sur le campus, à la bibliothèque par exemple. »

« Ça me paraît compliqué de valoriser un travail étudiant en tant que 
caissière »

A Lyon-3, la décision sera prise « au cas par cas, explique Stéphane 
Pillet, vice-président chargé de la vie étudiante et de la formation. Ça 
me paraît compliqué de valoriser un travail étudiant en tant que 
caissière par exemple, si ça ne correspond pas vraiment au cursus ».

L’université de Lille-1 sciences et technologies a de son côté décidé, 
pour le moment, de ne proposer une telle reconnaissance « qu’aux 
étudiants de seconde année. Les L1 ont souvent beaucoup de choses à 
gérer la première année. Ce qui nous permet également de les informer à 
ce sujet, explique Cécile Cadet, vice-présidente déléguée à la vie 
étudiante. Nous exigeons par ailleurs que les étudiants aient déjà six 
mois d’expérience au sein de leur association. »

     Quel est le bénéfice pour l’étudiant ?

Selon la circulaire du 5 octobre, les étudiants peuvent bénéficier soit 
« de l’attribution d’éléments constitutifs d’une unité d’enseignement, 
soit de l’attribution de crédits ECTS [Système européen de transfert et 
d’accumulation de crédits], soit de l’attribution de point(s) “bonus” 
dans la moyenne générale, sur proposition du jury, ou enfin de la 
dispense de stage ou d’enseignement ». Ils peuvent aussi obtenir un 
aménagement d’emploi du temps afin de mener de front leur cursus et leur 
activité associative ou professionnelle.

A l’université de Bordeaux, l’unité d’enseignement Citoyenne, qui 
existait déjà, offre aux étudiants un bonus de trois crédits ECTS, qui 
peuvent augmenter leur moyenne mais ne sont pas pris en compte dans les 
soixante crédits nécessaires pour valider l’année.

A Lyon-3, une unité d’enseignement libre a été prévue pour les étudiants 
porteurs d’un projet associatif ou engagés dans ce milieu. « Cette UE 
est conçue pour se substituer à une autre du programme, rapporte 
Stéphane Pillet. Elle peut ainsi rapporter six crédits aux étudiants », 
crédits qui compteront pour l’obtention du diplôme.

Le gain n’est pas seulement immédiat, fait valoir Luce Raina, bénévole 
durant trois ans au sein du Génépi, groupe étudiant national 
d’enseignement aux personnes incarcérées. « Mon engagement m’a beaucoup 
appris, autant sur le monde carcéral que sur la gestion de 
responsabilités au sein d’une association », explique l’étudiante en 
master de droit pénal et criminologie à Reims. Et cette expérience a 
guidé le choix de son sujet de mémoire de master, sur la peine 
d’emprisonnement.

     Quand et comment formuler sa demande ?

La mise en œuvre de ce dispositif dans les DUT, les BTS, etc., et pour 
les formations de classes préparatoires aux grandes écoles fera l’objet 
d’une réglementation ultérieure. Au sein des universités, cela se fait à 
l’initiative des étudiants qui doivent en formuler la demande auprès de 
leur responsable de formation.

« Chaque étudiant aura un tuteur qui encadrera l’unité d’enseignement »

A l’université de Lille-1, « les étudiants devront remplir un contrat 
d’engagement citoyen [CEE]. Leur demande devra ensuite être validée par 
une commission qui siégera à chaque début de semestre, explique Cécile 
Cadet. Chaque étudiant aura un tuteur qui encadrera l’unité 
d’enseignement, vérifiera auprès de l’association en question que 
l’élève est bien actif et fera surtout le lien entre l’association et 
l’université. L’étudiant, quant à lui, devra faire un rapport et une 
soutenance en lien avec son engagement ».

L’université prévoit une campagne d’information afin que les étudiants 
intéressés se fassent connaître. Elle avait déjà mis en place des labels 
initiative et engagement auxquels une quarantaine d’étudiants – sur 20 
000 – postulaient chaque année. Même enjeu à Bordeaux, où, « pour le 
moment, cinq étudiants se sont manifestés, mais cela s’explique aussi 
par le fait qu’on a très peu communiqué sur ce dispositif pour le moment 
», indique Nicole Rascle.

La plupart des universités s’attendent plutôt à ce que le dispositif 
prenne pleinement effet à partir du second semestre, une fois les 
étudiants informés.

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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